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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 09:26

On se croyait au seuil de la Troisième guerre mondiale, d’initiative américano-iranienne. On aura récolté une succession de vaines menaces, des attaques ciblées pour ne pas faire de victimes, et une bavure dramatique, l’abattage d’un avion de ligne avec 176 personnes à son bord, conséquence et dommage collatéral d’une presque-guerre farfelue. Pourtant, quand cette spirale s’est enclenchée le 03 janvier 2020 avec l’attaque ciblée du convoi du Général Qassem Soleimani à Bagdad, nous étions prompts à penser que les Etats-Unis de Donald Trump, par cet assassinat, venaient d’ouvrir une boite de Pandore. Dans les faits, l’acte ne manquait pas de gravité. La cible abattue, n’était ni plus moins que le puissant chef de la Force Al Qods, unité d’élite des Gardiens de la Révolution islamique iranienne, bras armé du régime et dispensateur des idéaux du pays des Ayatollahs partout dans la région. Son rôle dans les affaires intérieures de l’Irak lui a conféré un statut d’homme fort et de grand marionnettiste de la politique intérieure de ce pays. Ailleurs dans la sous-région, Syrie, Liban, il était admiré, respecté mais aussi craint.

En le ciblant lui, Donald Trump avait pris une décision inconsidérée, même du point de vue de l’indéfectible allié israélien qui a toujours rêvé de se débarrasser de l’homme sans jamais oser tenter l’aventure. Les gigantesques cortèges de manifestants en colère qui, durant les obsèques du Général Soleimani, appelaient à une vengeance à la mesure de l’affront, laissaient redouter le pire. Les menaces sans ambages de la fille du défunt à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique promettaient une réplique cinglante. Et mieux, les larmes, si rares et si émouvantes du Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, semblaient valoir à elles seules appel à une vengeance dévastatrice.

Mais au final, la riposte fut extraordinairement mesurée. Elle ne pouvait pas ne pas être déclenchée, mais elle a été calculée pour, si le Président américain sait fait preuve de retenue, ne pas déclencher la guerre tant redoutée. Une guerre dont personne ne pouvait mesurer l’ampleur, ni les conséquences à court, moyen et long terme. Une quinzaine de missiles, deux bases américaines en Irak visées, et les autorités irakiennes informées à l’avance. Des dégâts matériels et 80 morts hypothétiques jamais confirmés. Effectivement, Donald Trump, à l’annonce de ces frappes, fit preuve d’une inaccoutumée modération. Pas de victimes humaines, donc pas de représailles supplémentaires… du moins sur le plan militaire. Décrispation et ouf de soulagement pour tout le monde, ou presque.

Mais de là à s’imaginer que Qassem Soleimani serait donc mort pour rien, que son assassinat serait ainsi passé par pertes et profit au service d’une paix fragile dans une région tourmentée, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Même s’il ne pouvait souffrir l’inaction, signe de renoncement et de faiblesse, le régime des Ayatollah ne pouvait pas se permettre de faire plus. Une guerre conventionnelle contre les Etats-Unis d’Amérique signerait sa défaite inéluctable et sa disparition. Cette réplique mesurée était donc aussi une action de survie. Mais je reste convaincu que les millions de manifestants vus dans les rues de Téhéran, les combattants du Hezbollah libanais, les Houthis yéménites, les Basiji, les Pasdaran, les Al Qods et les milliers de supplétifs déclarés ou non des forces de la République islamique, ne se contenteront pas de ces quelques dégâts infligés aux troupes américaines basées en Irak. Une autre guerre est déclarée. Asymétrique, celle-là. Elle se déroulera en sourdine, loin des théâtres attendus. Touchant des victimes improbables. Faisant des dégâts plus  sournois. Les larmes de l’Ayatollah n’auront pas été versées à la face du monde juste pour pleurer. Le 3 janvier 2020, Donald Trump a rendu le monde un peu moins sûr pour les Américains et leurs amis.

 

C’est mon opinion, et je la partage !

 

 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 19:48

Vous avez dit « état de grâce » ? Cela fait déjà un moment que le gouvernement du Nouveau départ ne connait plus la signification de ce terme. Et pas seulement parce que la coalition de la rupture constituée dans la perspective de la présidentielle il y a huit mois et plus, a du plomb dans l’aile. En fait, après quelques semaines d’acclimatation aux pratiques du nouveau régime, d’observation des orientations stratégiques et de rappel de leurs revendications primordiales, les syndicats sont désormais passés à l’offensive. Des Affaires étrangères à la Santé, de la Justice à l’Agriculture sans oublier les Centrales elles-mêmes, les travailleurs béninois ont dégainé et sont déchainés, c’est le moins qu’on puisse dire.

FESYNTRA FINANCES (Ministère des Finances), SYNTRASESH (Ministère de la Santé), SYNDIPAT MAE (Ministère des Affaires étrangères), SYNTRADER (Ministère de l’Agriculture), UNAMAB (Ministère de la Justice), pour ne citer que ceux-là. Quelques semaines après la sortie médiatique conjointe de la plupart des centrales syndicales en guise de protestation contre la gouvernance du régime Talon, il semblerait bien que le pays soit entré dans une nouvelle phase de confrontations gouvernements-travailleurs, la première véritable de l’ère de la Rupture. Licenciements abusifs par-ci, mauvaises conditions de travail et de vie par-là, mépris dans les rapports humains d’un côté, sourde oreille aux doléances ailleurs, les reproches des syndicalistes aux membres du gouvernement sont nombreux. Et certains justifient déjà des débrayages dans des secteurs sensibles comme les soins de santé et l’administration de la justice.

Une question au moins se pose dans ces circonstances : comment en est-on déjà arrivé là ? Et la réponse est bien entendu double, au regard des catégories d’acteurs en cause : d’une part les travailleurs, à l’offensive ; et d’autre part le Gouvernement, sur la défensive. Les premiers ont probablement, comme des chats échaudés, gardé un amer souvenir des pratiques de l’ancien régime qui consistaient à faire beaucoup de promesses, je dirais même à tout promettre sans jamais ou presque prendre les mesures pour traduire ces engagements en actes. Il faut compter aussi avec l’exaspération des  syndicalistes, sagement rangés depuis près de huit mois de gouvernance Talon, dans l’espoir que celui aux côtés de qui ils ont mené le combat de la résistance puis de l’alternance face à Boni Yayi, saurait lui, mieux que quiconque, traiter de leurs problèmes. Mais en face, et c’est pour ce qui concerne l’autre partie, un gouvernement lent et indolent, selon les propres termes d’un leader syndical. Lenteur et indolence qui justifieraient à son entendement les bruits de bottes qu’entendent faire entendre les travailleurs, quoi que cela puisse couter tant aux usagers des services publics qu’à eux-mêmes.

En huit mois de gouvernance, le capital « paix sociale » du Bénin semble bien être parti en fumée. On est encore certes bien loin des bras de fer musclés, des échanges acerbes, voire des passes d’armes qui ont caractérisé les dernières années, notamment le deuxième mandat de Thomas Boni Yayi, mais si on n’y prend garde, c’est vite arrivé. A force de persuasion, voire même de subterfuges, le régime précédent avait su arracher des périodes de moratoire aux syndicalistes, le temps de se consacrer à d’autres dossiers préoccupants de la république. Mais depuis que les récriminations battent la mesure face au gouvernement Talon, il ne semble pas y avoir de réponses concrètes autres que les sourires forcés des membres des cabinets généralement commis à la tâche de recevoir les doléances des protestataires après leurs bruyants sit-in devenus des modes opératoires de lancement de leurs plates-formes revendicatives. Ce n’est en tout cas pas ainsi que se règlera la crise qui semble désormais s’installer et contre laquelle seule la solution d’un dialogue sincère ramènera la paix perdue. La solution se trouve peut-être dans le budget astronomique de 2010 milliards de francs CFA prévu pour l’année 2017. Et si c’est le cas, il serait temps de le dire clairement pour calmer les ardeurs des syndicalistes.

 

C’est mon opinion, et je la partage.

 

James-William GBAGUIDI

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21 novembre 2016 1 21 /11 /novembre /2016 08:16

 

Nicolas Sarkozy ne trumpera pas le peuple français. Il s’était sans doute remis à y penser le matin en se rasant ou le soir en allant se coucher. Il n’avait probablement d’ailleurs jamais cessé d’y songer depuis sa déculottée électorale de mai 2012. Mais redevenir Président de la République française était finalement un espoir trop inaccessible pour celui qui aura exercé les plus hautes fonctions et étalé en son temps ses excès et ses limites. Le peuple de droite et les autres Français qui ont choisi de se mêler de près aux primaires de la Droite et du Centre en ont décidé ainsi : pour Nicolas Sarkozy, sauf ambitions mal réfrénées, la politique, c’est fini !

Que ce soit en France ou ailleurs comme on a pu le voir aux Etats-Unis d’Amérique par ces temps derniers, il ne faut plus se fier aux sondages d’opinion. Autant Donald Trump a déjoué les pronostics pour entrer à la Maison Blanche comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, autant François Fillon vient en France de briser les espoirs de Nicolas Sarkozy et dans une moindre mesure d’Alain Juppé, relégués respectivement aux 3e et 2e rangs des résultats des élections primaires de la Droite et du Centre en France. François Fillon qui n’était attendu au mieux que 2e, et encore, cette perspective n’est apparue que dans les derniers jours de la campagne électorale.

Le résultat en tout cas, c’est que le plus teigneux, le plus controversé des politiciens français de ces dernières décennies va devoir, et il semble l’avoir compris, se mettre à la retraite. C’est lui qui, finalement se sera laissé trumper par la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. Décomplexé, excessif, voire même hystérique selon les termes d’électeurs français partisans de certains de ses adversaires, Nicolas Sarkozy aura décidé de compter sur la démesure  pour capter le vote de ses compatriotes. Mais il faut croire que soit, les Français ne voulaient pas donner caution à des écarts  de langage, de politique, de perspectives extrémistes, soit ils faisaient bien mieux confiance à l’autre leader d’extrême-droite, la vraie, Marine Lepen, pour porter ces idéaux-là. En attaquant de front et sans relâche Alain Juppé qu’il considérait comme trop modéré, Nicolas Sarkozy aura fini par faire la campagne de François Fillon. Preuve s’il en fallait encore que lui, avait perdu sa capacité à convaincre sur son propre compte.

Au-delà de la retraite anticipée de l’ex-président français, il parait que c’est la présidentielle de 2017 qui est en train de se jouer en anticipé sous nos yeux. Les sondages d’opinion, encore eux, anticipent une défaite devenue inéluctable de la Gauche, surtout si elle est représentée à cette élection par l’actuel président de la République, mais aussi un rejet du programme de l’extrême-droite à laquelle les Français, au contraire des Américains, ne seraient pas encore prêts à confier le pouvoir. La défaite de Nicolas Sarkozy face aux siens, devrait peut-être donner un signal à la vague bleue marine du Front national. Rien n’est joué.

Mais pour en revenir à lui, un boulimique de la politique comme l’ancien Président de la République française pourra-t-il vraiment se passer de se mêler de la vie de son pays comme le recommande ce nouveau revers que lui ont infligé les Français ? Je suis prêt à parier que non. Les formes changeront sans doute, mais on n’a pas fini d’entendre parler du fils de hongrois qui devint président chez les gaulois.

 

C’est mon opinion, et je la partage.

 

James-William GBAGUIDI

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 08:22

 

Voici peut-être venu le nouveau feuilleton politico-judiciaire du Bénin. Ce qui a banalement commencé à circuler ce vendredi 29 octobre en cours d’après-midi sur les réseaux sociaux comme une mauvaise blague est en train de devenir la nouvelle affaire « tentative d’empoisonnement », qui risque bien d’empoisonner justement, si on n’y prend garde le quinquennat unique que disait encore il y a peu, vouloir accomplir, le Président Patrice Talon. Sébastien Germain Ajavon en garde-à-vue ! Déjà 72 heures et plus. Et ce n’est pas fini. Les rumeurs les plus folles et les hypothèses les plus farfelues émergent de tous les foras de discussions : pour les uns, le magnat béninois des produits congelés est « enfin pris ». Pour d’autres, l’évidence du complot crève l’œil et les comploteurs sont tout-à-fait désignés : C’est soit un Patrice Talon rancunier pour avoir manqué de peu de se faire souffler la victoire à la présidentielle 2016 justement par Sébastien Ajavon ; soit un Boni Yayi revanchard qui doit l’effondrement de ses rêves d’éternité au tandem mis en place par Talon et Ajavon ; soit un Adrien Houngbédji qui verrait d’un mauvais œil l’implantation progressive dans son fief politique d’un nouvel adversaire aussi redoutable ; soit un Jean-Baptiste Satchivi, magnat de la volaille lui aussi, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin, adversaire de vieille date de Sébastien Ajavon ; sans omettre la multitude de petits ennemis aux crocs acérés qui ostensiblement ou non, souhaitent depuis toujours, voir s’effondrer l’empire économique et commercial mis en place par le Président du Patronat béninois.

Pour autant qu’elle demeure indépendante et intègre, la justice béninoise devrait pouvoir situer les responsabilités. En attendant, les implications de cette scabreuse affaire pour toute la république sont immensurables.

Cela commence par l’image que cette affaire donne du Bénin à l’extérieur. A la réputation déjà actée de plaque tournante du trafic de drogue intercontinental, il faut désormais ajouter celle d’un pays où le phénomène concernerait les plus hauts cercles des affaires et de la politique. Surtout que le commun des mortels n’attend généralement pas d’avoir des preuves pour se faire son idée propre sur ce genre de sujet. Il sera également mis en évidence le niveau d’ignorance ou d’amateurisme de certaines forces de sécurité dont un haut responsable se permet de venir clamer à la télé que la substance saisie dans un conteneur est bien de la « cocaïne pure », sans que l’on sache si vérification en a été faite par les laboratoires habilités. Le pire étant quand ce responsable sécuritaire évalue cette substance, 18 kilogrammes à 9 (neuf) milliards de francs CFA, je ne sais par quelle alchimie. Alors même qu’au prix de vente sur le marché européen, marché de destination, la quantité totale saisie ne s’évaluerait pas à plus de 415 millions de francs CFA. A se demander comment un intermédiaire, quel qu’il soit, puisse en tirer des dividendes d’une valeur de 9 (neuf) milliards de francs CFA !

La rivalité Ajavon-Talon que certains observateurs voient déjà dans cette affaire, ne risque pas non plus d’arranger l’image d’un pays péniblement sorti il y a peu d’un autre bras de fer du même type, celui qui opposa durant la quasi-totalité de son second mandat le Président Thomas Boni Yayi et celui qui lui succèdera à son grand dam, Patrice Guillaume Athanase Talon. Et s’il devait en être ainsi, ce n’est pas que sur l’image du pays que cette guerre aura un impact négatif. L’économie déjà durement touchée par la crise au Nigeria, le commerce intérieur, l’emploi, les recettes fiscales et douanières… Tout y passera.

Enfin, c’est une crise politique de grande ampleur qui se profile à l’horizon. Une de ces crises dont se relèvent difficilement les Etats. Une crise dans laquelle beaucoup d’acteurs politiques auront bien de mal à se positionner. Choisir ou non ? Pourquoi choisir ? Qui choisir ? Une crise qui peut entraver les réformes politiques, économiques et sociales promises par le gouvernement de la rupture pour le bonheur des Béninois. Ce n’est certainement pas ainsi que Patrice Talon peut espérer se faire « porter en triomphe » à l’issue de son mandat comme il l’espère. C’est pourquoi je reste perplexe quant aux insinuations qui font du Chef de l’Etat le Machiavel qui jugerait bon de se débarrasser de l’ex-ennemi redevenu ami, de l’adversaire potentiel et du faiseur de roi qu’est pour lui Sébastien Germain Ajavon.

 

C’est mon opinion, et je la partage.

 

James-William GBAGUIDI

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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 08:19

 

Patrice Talon (au premier plan)« La méthode Talon est brutale ». C’est ce que pense en tout cas Jean-Michel Abimbola, ancien ministre de la culture et du tourisme du président Boni Yayi et actuellement député membre de la minorité parlementaire. Animosité de l’ancien apparatchik qui a vu disparaitre avec l’ancien régime les avantages et privilèges auxquels il aurait bien voulu continuer à goûter ? Amertume exprimée par le ressortissant du département du Plateau, dont la ville natale Kétou a perdu son statut de ville universitaire du fait de l’avènement du Nouveau départ ? Ou simplement coup de semonce d’un observateur perspicace qui voit mieux que d’autres se préciser et se multiplier les "dérives" du nouveau régime ?

Jean-Michel Abimbola n’aura en fait pas été très péremptoire dans son observation faite à l’occasion d’une émission sur une chaine de radio privée. C’était moins une critique qu’un constat suivi d’une explication de méthode. L’ancien Ministre souligne en effet immédiatement dans la suite de son propos que le président Patrice Guillaume Athanase Talon est à l’article du temps qui passe et qui passe vite. Il explique comme un membre de la mouvance présidentielle que la perception qu’il a procède du choix fait et annoncé par le Président Talon de n’exercer qu’un seul mandat à la tête du Bénin. Et que par conséquent, pour mener ses nombreuses réformes à bien, il lui faut aller vite.

Jean-Michel Abimbola, qu’on se souvient avoir vu tanguer vers l’opposition, avant de s’ancrer dans la continuité au soir du régime Yayi, aurait-il peur de se voir classer dans l’opposition radicale au régime Talon ? Peu importe. Le constat qu’il fait a le mérite de soulever une question : celle de la brutalité ou non de la méthode Talon. Sept mois en effet qu’il est aux affaires, et les choix du nouveau Président de la République et de son gouvernement ne concèdent rien aux critiques.

Que Patrice Talon dispose de peu de temps, cela se mesure plutôt à l’immensité de l’œuvre à accomplir qu’à la durée de son mandat. En 56 années d’indépendance dont douze d’instabilité chronique et maladive, 18 de dictature sordide, 26 de démocratie parmi lesquelles 10 de régime Yayi à la sauce aigre d’un cocktail chaotique de changement-refondation-émergence, le Dahomey d’hier et Bénin d’aujourd’hui, a d’innombrables défis à relever. Dans tous les domaines. Politiques, économiques, sociaux, scientifiques, culturels… Des défis qui appellent et exigent de l’énergie, de la poigne, de la volonté, de l’opiniâtreté et de l’abnégation.

C’est sans doute ce que Patrice Talon pense être en train de faire et qui est interprété comme de la « brutalité ». L’absence de pédagogie autour de certaines décisions, la « clandestinité »  de certaines autres, l’intransigeance de toutes, donnent à l’action publique sous le régime du Nouveau départ cette impression de rudesse que la figure austère de ceux qui en sont les acteurs les plus en vue, ne contribue qu’à renforcer. Patrice Talon, Pascal Irénée Koupaki, Joseph Djogbénou… De plus, leurs décisions en Conseils des Ministres se résument en suspensions. Suspension de ci, de ça… En limogeages. De celui-ci, de celui-là… En décisions peu consensuelles, même si leur pertinence n’est pas toujours contestée.

Le succès de toutes les réformes envisagées par Patrice Talon et les siens n’est pas possible, cela va de soi. Mais sur celles qui doivent aboutir, il faut au chef de l’Etat les faire adouber ou tout au moins les expliquer mieux à ce peuple qui a toujours voté pour la rupture sans jamais vouloir du changement « brutal ».

 

C’est mon opinion, et je la partage.

 

James-William GBAGUIDI

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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 09:11
Organisations estudiantines : qui va se saborder ?

Le jeu du gouvernement est désormais clair. L’intention cachée derrière la décision d’interdiction d’activités décrétée vis-à-vis des organisations et associations faitières des étudiants sur les campus du Bénin a été révélée dans sa plénitude à l’occasion de la conférence de presse donnée par quelques membres du gouvernement soutenus dans leur initiative par d’anciens présidents d’organisations estudiantines aujourd’hui aux affaires. Il s’agit de mettre un terme à la triplicité d’acteurs et quelquefois d’interlocuteurs étudiants dans le cadre des activités et des négociations mettant en relation ceux-ci avec les autorités rectorales et gouvernementales. Au-delà des petits arrangements entre droit et politique auxquels la conférence de presse en question a ressemblé de temps à autre, il est apparu un élément sur lequel la classe politique nationale dans son ensemble, la communauté universitaire et les acteurs de la société civile pourraient s’accorder avec le gouvernement : la nécessité de réformer le mouvement étudiant. Mais questions : à qui revient-il de le faire ? Comment ? Et surtout, lesquels de ces mouvements étudiants vont-ils accepter de se saborder ?

Vérité de Lapalisse, évidence parmi les évidences : le mouvement étudiant est au Bénin aujourd’hui, éclaté. Cela fait une bonne vingtaine d’année que pour prendre toute décision sur le campus d’Abomey-Calavi ou concernant la vie estudiantine, les autorités rectorales et gouvernementales doivent jongler entre les desiderata et exigences disparates de trois organisations faitières : la Fédération nationale des Etudiants du Bénin (FNEB), l’Union nationale des Etudiants du Bénin (UNEB) et l’Union nationale des Scolaires et Etudiants du Bénin (UNSEB). Un véritable parcours du combattant quand il faut convaincre chacun d’eux d’accepter une décision, de l’accompagner ou de s’y soumettre. Il est tout aussi difficile de voir les trois associations s’entendre sur une plate-forme commune et un mode concerté de revendication. Aux choix des uns de négocier, s’oppose bien souvent la décision des autres de paralyser les activités académiques et d’autres encore, de s’attaquer aux infrastructures et symboles de l’autorité sur le campus.

La décision du gouvernement, maintenant qu’elle apparait plus claire, par-delà l’illégalité que dénoncent encore des juristes et partisans acharnés des libertés publiques, a peut-être une chance d’apparaitre opportune. Encore faudrait-il en déterminer les modalités de mise en œuvre. Les Ministres commis à la tâche d’explication de texte, ont indiqué ne pas avoir l’intention de se mêler de la réorganisation du mouvement étudiant. A qui revient-il alors de le faire ? Peut-on raisonnablement penser que les trois associations estudiantines qui revendiquent chacune une prégnance et une influence certaine au campus d’Abomey-Calavi, vont réellement convenir de fusionner dans l’intérêt supérieur de la communauté universitaire ? Sur quelle base concrète ? L’UNSEB qui réunit élèves et étudiants va-t-elle simplement sacrifier sa branche scolaire ? La FNEB qui revendique le plus grand nombre d’affiliations d’entités universitaires acceptera-t-elle de siéger à égalité avec les autres au sein de la nouvelle instance ? Et l’UNEB, ses responsables conviendront-il de se contenter d’une portion congrue dans l’avenir ? Que deviendront les institutions spécialisées affiliées à chaque association ? Vont-elles fusionner également ?

Rien n’est encore très clair, mais déjà un autre risque se profile à l’horizon. On a beau déplorer la multiplicité des organisations faitières estudiantines, il faut encore se remémorer les circonstances de leur avènement et les causes de leurs actions bigarrées. C’est suite à des accusations de corruption de certains responsables étudiants, qui plutôt que de défendre les intérêts de leurs camarades, ressortaient des négociations avec le Rectorat et le gouvernement, riches, la bouche en fleurs, l’air serein, que d’autres mouvements sont nés. La réunification du mouvement estudiantin saura-t-il faire disparaitre ce vieux démon ?

Le sabordage en préparation n’est donc pas simplement celui de quelques associations au profit d’une nouvelle. Il peut remettre en cause jusqu’à l’essence même de la lutte estudiantine. Si d’ici à sa mise en œuvre, la cour constitutionnelle ne vient elle aussi saborder les espoirs de ceux qui pensent arrivée la solution à leurs problèmes de mobilité et de liberté d’étudier en toute quiétude dans les universités publiques du Bénin.

C’est aussi mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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11 octobre 2016 2 11 /10 /octobre /2016 12:47
Marie-Odile Atanasso, Ministre de l'Enseignement supérieur

Marie-Odile Atanasso, Ministre de l'Enseignement supérieur

 

Dérive dictatoriale ! Violation de la constitution du 11 décembre 1990 ! Trahison ! Ingratitude ! Remise en cause des libertés publiques ! Décision nulle et non avenue ! Les superlatifs n’ont pas manqué ces derniers jours pour qualifier la mesure gouvernementale de suspension d’activités des organisations estudiantines sur les quatre universités nationales du Bénin, dans le cadre, a-t-il laissé entendre, de mesures de sécurité. Une bonne partie de la société civile et certains cadres politiques,  sont vent-debout contre la mesure et l’expriment avec véhémence. C’est la première fois en effet qu’une mesure d’une telle gravité est prise. Au-delà des joutes verbales en cours et de la légalité ou non de la décision, il se joue peut-être sur les plates-bandes du régime Talon l’avenir d’une nation qui a sans doute besoin d’une main de fer dans un gant de velours pour accepter que son bonheur se fasse malgré lui et aussi un peu malgré le droit.

Le peuple béninois est contestataire. Héritage de l’époque coloniale et donc de la France, pays colonisateur, où aujourd’hui encore, la défiance à l’égard de l’Etat, le pessimisme ambiant restent des plus notables en Europe, voire dans le monde. Au Bénin, ce n’en est pas loin. C’est sans doute ce qui a fait dire au Général Mathieu Kérékou que le pays était certes petit, mais son poids, lourd à porter.

Le peuple béninois est aussi incivique, c’est le moins qu’on puisse dire. A certains égards. Le respect du bien public notamment. C’est avec une déconcertante facilité que l’on urine ou que l’on jette les ordures ménagères dans la rue, c’est sans ciller que l’on déverse les eaux usées sur les voies publiques, c’est en toute insouciance que l’on engorge les caniveaux, que l’on saccage les édifices et infrastructures publics quand on est en colère, etc. Sur le campus d’Abomey-Calavi, nul ne peut contester les récents dérapages que furent la séquestration et les tortures mortelles infligées à un agent de police en 2012, l’incendie du véhicule du directeur de l’ENAM en 2015, la tentative d’incendie de l’amphi Idriss Deby Itno, les actes de vandalisme, l’aspersion de substances malodorantes dans les salles de composition en vue d’empêcher le déroulement des examens, etc. On peut également citer la forte propension du Béninois à contourner l’Etat, tant qu’il n’en a pas un besoin urgent. La contrebande, qui fait perdre des milliards de francs par jour à la douane et qui entrave gravement la survie de secteurs vitaux de l’économie en est une des manifestations les plus évidentes. Même la corruption, le népotisme, le régionalisme banalisés, sont des manifestations de cette apatridie que peu de Béninois peuvent contester chez leurs compatriotes.

De l’école primaire au campus universitaire, la classe politique à la société, de l’establishment au gouvernement, cette attitude du Béninois a besoin d’être expurgée. Et pour y parvenir, qui mieux qu’un Chef de l’Etat qui ne rêve pas de s’octroyer ou de se faire octroyer un second mandat ? Qui mieux qu’un dirigeant de vision, un homme opiniâtre ? Si Patrice Talon a annoncé sa ferme intention de n’exercer qu’un mandat, la question est de savoir s’il incarne bien ce Président désintéressé, objectif et ferme capable de conduire le citoyen béninois à l’amour de la patrie. Bien sûr, le cœur humain est insondable, et on ne peut à quiconque donner le bon Dieu sans confession. Mais il me semble bien que le Bénin tient une occasion inespérée de tenter de se réformer. C’est ce que l’autre a appelé « la nouvelle conscience ». Cela ne se fera pas sans douleur, ni sans résistance. Il faut aider Patrice Talon à y parvenir, en le canalisant notamment. Pas en essayant de l’en empêcher. Tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie, disait Anatole France.

 

C’est aussi mon opinion, et je la partage.

 

James-William GBAGUIDI

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 08:10
Talon et les étudiants : le commencement d’un désamour assumé

Alerte rouge dans les universités publiques au Bénin ! Le gouvernement dans sa « volonté de ramener l’ordre » sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi, vient de décider en Conseil des Ministres, c’est dire à quel point c’est solennel, d’interdire de toute activité les fédérations, unions, associations ou organisations faitières d’étudiants. Et Pascal Iréné Koupaki, le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République d’ajouter, l’air serein, qu’à l’avenir, les conditions d’exercice des activités et / ou de reconnaissance des associations d’étudiants seront définies par décret pris en Conseil des Ministres. La nouvelle est tombée au soir de ce 05 octobre 2016 comme une massue. En 26 années de démocratie et plus, et autant d’activisme estudiantin de formes variées, jamais on n’avait atteint une telle extrémité. Un choix gouvernemental assumé, mais qui est porteur de risques innombrables dont je me demande si tous ont été mesurés dans leurs justes proportions.

Patrice Guillaume Athanase Talon ne craint pas d’être impopulaire. Il n’est pas à l’image de Boni Yayi, c’est bien le cas de le dire encore une fois. Le nouveau Président de la République du Bénin n’a certainement pas oublié avoir été porté en triomphe par la grande majorité des étudiants à l’occasion de la dernière présidentielle, mais ce n’est pas pour autant qu’il décide de se laisser aller à des compromissions face à une situation qui exige des actions. L’un des risques pour le chef de l’Etat, c’est en effet de s’aliéner le soutien de ces dizaines de milliers d’étudiants. Mais pour un homme qui n’ambitionne pas se représenter candidat à sa propre succession, quelle importance !

C’est à ce titre que le gouvernement risque et d’ailleurs commence déjà à être accusé de n’avoir pas d’égard pour les libertés publiques. Juristes et politistes glosent déjà sur la légalité ou non des mesures prises, et beaucoup y voient en effet une violation pure et simple de la liberté d’association reconnue par la constitution béninoise à tous les citoyens, étudiants ou non. Les noms d’oiseaux aussi "agréables" que traitre, dictateur, despote et bien d’autres commencent déjà à fuser de certains milieux bien connus.

Autre menace d’envergure, c’est la réaction envisageable des principaux concernés : les étudiants. Alors que se fissuraient leurs rangs il y a quelques semaines avec le mea culpa et la demande de grâce formulées par l’une de ces organisations au sujet de la crise en cours à l’Université d’Abomey-Calavi, la décision gouvernementale ne risque que de les pousser à retrouver leur cohésion et à faire front. Il est donc à craindre dans les jours à venir, un regain de protestation et peut-être bien de violence sur le campus d’Abomey-Calavi, voire dans certaines autres universités épargnées jusqu’ici par les échauffourées.

Risquée et assumée, la décision de Patrice Talon a quand même quelques fondements solides. La violence systématique érigée en mode de revendication sur le campus depuis bien des années avec à la clé les actes de vandalisme (incendie, destruction de biens publics, molestation d’étudiants, l’aspersion de substances malodorantes dans les salles de classe) enregistrés ces dernières années, la militarisation du mouvement estudiantin, les menaces à peine voilées à l’encontre des autorités et des enseignants, etc.) Etait-il tout de même nécessaire d’interdire d’activité TOUTES les organisations et associations ? Certaines n’ont d’autres fonctions que culturelles, scientifiques et artistiques. Celles-là n’ont en conséquence jamais menacé la paix et la quiétude dans les universités.

Mesure conservatoire, laissait entendre Pascal Irénée Koupaki à l’issue du Conseil des Ministres. Soit. Attendons de voir ce que décidera le gouvernement au sujet de la réorganisation annoncée de ces mouvements. D’ici là, je suis curieux de voir les mesures prises pour que les décisions annoncées ne soient pas plus fatales que les situations qu’elles sont censées venir résoudre.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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5 octobre 2016 3 05 /10 /octobre /2016 08:15
Où est passé l’hélicoptère présidentiel de Yayi Boni ?

Comme son actualité politique quelque peu mise en veilleuse, le ciel béninois est désespérément vide ces temps derniers sans les allées et venues naguère incessants de l’hélicoptère présidentiel. Les citoyens résidant dans les quartiers à proximité de l’aéroport de Cotonou, n’entendent pratiquement plus et voient encore moins la fameuse libellule qui permettait à Boni Yayi de donner l’impression d’avoir le don d’ubiquité, de décoller et atterrir ici et là comme par le passé. Comme à son habitude, Patrice Talon a décidé de rompre avec les usages de son prédécesseur.

Nous sommes en saison de pluies ; en début d’année scolaire. Se mêlent donc le calvaire des inondations et le sort des écoliers et élèves contraints de reprendre le chemin des classes dans des conditions pénibles ! Il n’en aurait pas fallu plus pour que Thomas Boni Yayi bondisse dans son coucou volant pour aller se rendre compte par lui-même de la situation partout où de besoin. Inondations à Malanville et Banikoara ! Vroum, on aurait déjà vu arriver l’hélico présidentiel. Que ce soit pour parcourir les 15 km de Cotonou à Calavi ou les plus de 800 km qui séparent le palais présidentiel de la ville la plus septentrionale du pays, le Président de la République voyageait systématiquement en hélicoptère. J’en venais à me demander ce que Boni Yayi aimait le plus entre le plaisir d’être devant un micro face à une foule conquise et celui de s’envoyer en l’air. Au sens propre du terme, s’il vous plait.

Son successeur par contre, de donne pas l’impression d’aimer beaucoup ça. C’aurait été Lionel Zinsou au pouvoir que les choses auraient été indubitablement différentes. Peut-être pas jusqu’à la frénésie yayiste de s’envoler à tout propos, mais certainement pas la réticence apparente de Talon d’emprunter l’hélicoptère présidentiel de temps en temps.

Mais le choix de du nouveau Président de la République de ne pas se servir régulièrement de l’hélicoptère présidentiel ne procède certainement pas d’une aéorodromophobie ; Oui oui, c’est cela le mot scientifique approprié pour désigner la peur des moyens de transport volants. Patrice Talon a sans doute d’autres appréhensions et d’autres raisons. Voici une dizaine d’années en effet que son prédécesseur exploitait et surexploitait même les coucous volants présidentiels. On a su qu’il y en avait au moins deux après le crash subi par celui du Premier Ministre en janvier dernier, et qui n’a pas empêché Boni Yayi quelques jours plus tard, de lui en mettre à disposition un autre. Mais dix ans d’exploitation, ca mérite une pause. Patrice Talon, par ailleurs, n’est pas un politique forcené. Pas à la manière de Boni Yayi. Il n’est pas homme de foule et de contact, et donc il limite ses déplacements intérieurs au strict minimum. Avec ca, pas besoin de voler à longueur de temps.

Mais le plus important, c’est sans doute le cout prohibitif d’une promenade en hélicoptère. L’appareil consomme en effet du Jet A1, c’est-à-dire du kérosène. Un carburant plutôt onéreux malgré la baisse des cours du brut. Dans la dynamique de l’austérité ambiante, il serait inconvenant de la part du Chef de l’Etat, sauf besoin impératif, de se mettre à voler dans le sillage de son prédécesseur. Autres temps, autres mœurs. Le Nouveau départ ne s’accommode pas des randonnées aériennes. Et c’est sans doute mieux comme ça même si ca vide le ciel béninois. Jusqu’à nouvel ordre.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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4 octobre 2016 2 04 /10 /octobre /2016 08:31
Rentrée scolaire aquatique dans un Cotonou toujours au C.I.

Quand on vous disait que la ville de Cotonou devait passer enfin du C.I. au C.P., voire en terminale ! C’était il y a à peine plus d’un an. Habitants de Cotonou, vous avez purement et simplement refusé. Malgré la disgrâce que vous lui avez signifiée quelques semaines plus tôt, vous aviez décidé de reconduire dans ses fonctions l’éternel maitre du C.I., Léhady Soglo dans ses fonctions au cœur du cœur du Conseil municipal et mieux encore. Conséquence, un an plus tard, c’est désespérant, mais c’est bien le cas de le dire, la capitale économique du Bénin reste plus que jamais dans sa classe de prédilection.

Pour ceux qui n’auront pas compris, voici quelques éclaircissements. Le sigle C.I. procède de l’opération 3C.I., entendez « Cotonou en Campagne Contre les inondations » mise en place depuis treize années maintenant par le parti dirigeant de la Mairie de Cotonou en guise de plan de contingence dans le cadre de la lutte préventive et palliative contre le phénomène récurrent des inondations dans la capitale économique du Bénin. C.I., c’est aussi le sigle qui désigne dans le cadre de l’enseignement primaire, le cours initial, première véritable classe où l’enfant apprend l’alphabet, les chiffres, les jours, les mois…, le basique de l’instruction. C’est ce qui explique qu’en juin 2015, à l’occasion de la féroce bataille qui a opposé les forces politiques pour le contrôle de la ville de Cotonou, les adversaires de la famille Soglo aux commandes depuis 2003 et initiatrice de l’opération 3C.I., appelaient les électeurs à enfin faire passer la municipalité du C.I. à une classe supérieure pour selon eux, ne plus subir les affres des inondations entre autres. Peine perdue bien que cette campagne électorale se fut déroulée en pleine saison pluvieuse. C’est Léhady Soglo, fils du maire sortant, qui va hériter du poste. Dès lors, ce 03 octobre 2016, au moment où démarre la rentrée scolaire au lendemain d’une pluie torrentielle, la Mairie de Cotonou et ses fameux 3C.I. sont bien naturellement sur la sellette.

2016 comme de nombreuses années auparavant, parents, écoliers et élèves, se surprennent à devoir patauger dans des mares, affronter d’immenses flaques, parfois même sur des voies bitumées ou pavées, avant de pouvoir accéder à l’école. Et bien sûr comme chaque fois, c’est la Mairie qui en est tenue pour responsable ; c’est l’Etat qui est accusé de ne pas jouer convenablement son rôle. Les Cotonois oublient avec une déconcertante facilité qu’ils ont construit leurs habitations, leurs écoles, leurs hôpitaux sur certains des exutoires naturels des eaux de ruissellement ou carrément dans des bas-fonds sordides.

A ce problème qui ne contrarie pas que la rentrée, tout le monde ou presque connait la solution. Elle a un cout. Financier, colossal. Politique, immensurable. Lesquels des acteurs politico-administratifs du Bénin seraient prêts à ordonner l’expulsion hors des zones de sinistres des milliers, voire des centaines de milliers de personnes qui n’ont d’autres souci que de se considérer comme habitants de Cotonou ? Qui a même ne serait-ce que songé à évaluer le cout financier d’une telle opération ? Et qui devra payer ? Où relocaliser ces expulsés dans un pays où l’Etat n’est même pas maitre du foncier ? Et si l’opération devait être menée un jour, qui en paiera les conséquences politiques ? Le Maire en exercice ? Le gouvernement et son Chef ? Y seraient-ils prêts ?

En réalité, personne ne veut se mouiller pour sauver Cotonou et ses habitants de la furie des eaux. On gère le quotidien, comme avec les éternels 3C.I. Mais tant que les bonnes réponses aux questions posées plus tôt n’auront pas été trouvées et les décisions nécessaires prises, cette rentrée scolaire 2016-2017 aux allures de baignade qui n’est pas la première du genre, ne sera pas non plus la dernière.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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