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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 09:22

 

sarkozy nLe Président-candidat est enfin candidat-président. C’est la fin de la grande supercherie. A moins de trois mois de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a bien fini par se lancer officiellement dans la course. La retenue fictive dont il a fait preuve durant ces dernières semaines devenait de moins en moins tenable. Il n’était que temps pour que la bataille s’engage à armes égales. Reste à savoir ce que le président sortant des Français gagne ou perd de cet engagement officiel dans la course à sa propre succession.

Il est une chose que l’entrée en campagne officielle de Nicolas Sarkozy a fait dire à son principal adversaire François Hollande, qui parait pour le moins vraie : depuis qu’il est élu, le président de la république est en campagne. Il n’y aurait donc rien de spécial à attendre de l’officialisation de la candidature du président sortant de la France à l’occasion de l’élection présidentielle qui s’annonce pour mai 2012. En effet, qui ne se souvient pas des débuts tonitruants du 1er mandat du non moins singulier Nicolas Sarkozy ? Qui n’a pas souvenance de cette fameuse politique d’ouverture à gauche ? Qui a oublié le président bling-bling qui se voulait proche de tous les Français ? Qui n’a pas en mémoire l’hyper-président présent sur tous les fronts et certain d’être le seul à pouvoir démêler tous les écheveaux ? Qui a omis le populisme exacerbé qui a marqué les premières années et qui marque encore les dernières ? Le temps a peut-être en partie douché son enthousiasme, de même que sa chute vertigineuse dans les enquêtes d’opinion favorable a dû le recadrer dans une certaine mesure, mais toujours est-il qu’il faut remarquer qu’aujourd’hui encore, l’homme n’a pas changé. Pas beaucoup en tout cas.

Nicolas Sarkozy enfin dans le costume du candidat, c’est la fin d’un faux suspense. Une attente artificielle de ses partisans qui avaient déjà bien compris à travers l’attitude de leur champion que le temps était désormais compté. En s’engageant, le président sortant accepte le risque de brouiller les perceptions que ses compatriotes ont de son action, mettant désormais chaque mot, chaque geste, chaque sortie sur le compte du temps de campagne. Et aucun peuple n’ignore plus, moins les Français en tout cas que d’autres, que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Il est évident que de longue date, Nicolas Sarkozy avait déjà entamé les démarches nécessaires à un « paraître » plus policé et un « être » plus digne. Toutes ces choses qui lui manquaient et ont été à l’origine des premiers désamours entre les citoyens et leur chef de l’Etat peu de temps après le début du quinquennat. Le suspense terminé, il n’est pas grand-chose susceptible de changer. A priori. Cela fait déjà plusieurs semaines, depuis le choix par les Socialistes de François Hollande pour porter leurs couleurs, que le parti présidentiel et son désormais candidat-président attaquent ou contre-attaquent sans relâche. L’officialisation de la candidature de Nicolas Sarkozy ne va pas changer ça, bien au contraire.

Néanmoins, en entrant dans la danse, le président sortant consent à combattre à armes presque égales avec ses adversaires. Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel va désormais compter son temps de parole au même titre que celui de tous les candidats déclarés. Il ne devrait plus pouvoir réunir ses partisans, militants et sympathisants de l’Union pour la Majorité présidentielle (UMP) sous le couvert de rassemblements publics, avec les moyens de l’Etat. Il ne devrait plus pouvoir mettre ses déplacements sous l’égide de ses fonctions présidentielles et en profiter pour mener insidieusement campagne.

C’est pour toutes ces raisons et surtout parce que les sondages d’opinion sont extrêmement défavorables à Nicolas Sarkozy pour l’instant que certains de ses adversaires voient en lui un candidat battu d’avance. Mais une fois cette déclaration de candidature faite, il faudra désormais compter avec l’habile animal politique que s’est déjà montré être le président français. La bataille pour la succession ne fait que commencer. Et nul ne devrait vendre la peau du sarkozisme avant de l’avoir anéanti.

 

James-William GBAGUIDI

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 05:12

La France a mal à sa diplomatie. Depuis 2007, il y a manifestement un boulon qui s’est grippé dans l’appareil diplomatique de la grande France désormais en mal de lisibilité. Après le french Doctor qui n’était pas franchement dans son élément, Nicolas Sarkozy a jugé utile de confier les destinées de la France à une dame. C’était inédit en France, mais ça s’est déjà vu ailleurs. Auprès d’un allié admiré et envié. Michèle Alliot-Marie devait probablement incarner une Madeleine Albright, une Condoleeza Rice ou plus prosaïquement encore une Hillary Clinton présente sur tous les fronts. Il n’est pas singulier de nourrir des ambitions. Encore faudrait-il avoir les moyens de les assouvir. Ou plutôt les hommes ou les femmes (en l’espèce), pour y donner vie. Dommage, MAM aura fait long feu. La faute, non seulement à un empêtrement coupable dans une série de scandales et de polémiques, mais la faute aussi à une diplomatie qui depuis quatre ans, grille ses acteurs.

En accédant à la haute fonction présidentielle en 2007, Nicolas Sarkozy a professé vouloir incarner une « rupture » dans la conduite des relations extérieures de la France. Force est de constater qu’il n’a pas échoué. Sauf que la rupture annoncée n’est pas celle advenue. Aux inévitables jeux d’intérêts (qui a jamais cru la France capable de se passer de son pré carré africain ?), le président français a ajouté un indescriptible embrouillamini couronné comme on l’a vu par des échecs successifs. Avec Bernard Kouchner au Quai d’Orsay, il n’aura pas fallu bien longtemps pour commencer à regretter le temps des Védrine, Villepin et autre Barnier. Sont-ce les méthodes exubérantes de l’ancien patron de MSF et quelques propos malencontreux qu’il a tenus qui l’ont mis si tôt en disgrâce ? Ou alors doit-il aux révélations de la presse française sur les gigantesques commissions qu’il se faisait verser pour ses consultations même en Afrique, d’avoir autant malmené l’image et le symbole de l’ouverture à gauche et de la tournure pro-démocratique de la nouvelle France ? Une chose est certaine, Nicolas Sarkozy n’aura pas attendu le moindre faux-pas de son ministre pour se poser en premier et presque seul concepteur et metteur en scène de la diplomatie française de ses premières années de présidence. Dans le même temps, la clarté des positions et des principes défendus par la France dans le monde était peu évidente. Pendant de nombreuses années, l’organisation pratique des institutions de la politique extérieure de la France étaient confuse. Et ce ne peut pas être du seul fait de Bernard Kouchner. Outre le très actif président de la République, une cellule diplomatique installée à l’Elysée et pilotée par l’éminence grise Claude Guéant a pu brouiller les cartes. Sans compter la petite Rama Yade qui, du haut de son Secrétariat d’Etat aux Affaires étrangères et aux droits de l’homme a marqué de son empreinte la politique extérieure de la France par un certain nombre d’actions et de déclarations. Va Savoir comment se sent aujourd’hui Nicolas Sarkozy qui en 2009 a sévèrement réprimandé la jeune secrétaire d’Etat pour non seulement avoir refusé de participer à l’accueil en France du Guide libyen, mais en plus de l’avoir fait savoir !

On s’en rend compte aujourd’hui, les recadrages, restructurations et remaniements de toutes sortes ne suffisent pas à guérir le mal diplomatique français. Et n’y suffiront certainement pas. N’en déplaise à Michèle Alliot-Marie, le passé antérieur (à Nicolas Sarkozy) de la diplomatie française, s’il ne cadre pas complètement avec la proclamation de nation des droits de l’homme que la France se veut être, porte en elle les traces d’une gloire perdue. C’est en reconnaissance de cette époque dont il est un des acteurs clé qu’Alain Juppé a sans doute été choisi pour reprendre le flambeau. Et s’il est vrai que c’est par son fait que Claude Guéant est entré à son tour au gouvernement pour ne pas gêner son action depuis sa cellule diplomatique élyséenne, la stratégie n’est pas malheureuse. Car les chances de succès de l’ex-premier ministre seront fonction de la capacité de leadership que pourra déployer ce dernier dans l’exercice de ses nouvelles fonctions.

A un an de la fin de son mandat, alors qu’il est au plus bas dans les sondages et au moment où lui échoient les présidences du G8 et du G20, Nicolas Sarkozy a intérêt à laisser la gestion des affaires diplomatiques et de l’image extérieure de la France à des professionnels. Ceux qui dans le tourment des tribulations du monde arabe, sont capables de voir venir et d’assumer leurs vues. Ceux qui peuvent remettre une doctrine dans la conduite de la diplomatie française. Ceux par qui la France pourra parvenir à redresser cette image autant froissée à l’extérieur. Quant à Michèle Alliot-Marie dont j’ai été l’un des premiers à annoncer il y déjà un mois, la chute probable, elle peut se rassurer. En politique française aussi, on peut rebondir. Elle n’aura qu’à demander conseil à son illustre successeur au poste.

 

James-William GBAGUIDI

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 05:52
Michèle Alliot-Marie est sans doute politiquement finie. L’éblouissante carrière de « MAM » a toutes les chances de se briser ici. Sur les récifs de la tumultueuse révolution tunisienne. Dans le ‘‘crash’’ du jet privé d’un de ses amis tunisien, proche, très proche, trop proche du clan Ben Ali. Dans les méandres du parler politique qui dans cette France « puriste », ne pardonne pas. Pour n’avoir pas vu venir, pour en avoir trop dit un jour et trop peu un autre, bref, pour n’avoir pas, quand il le fallait, parlé juste, la sémillante Ministre des Affaires étrangères devra reconsidérer dès maintenant ses ambitions politiques. On la voyait promise à un très bel avenir. Certains voyaient en elle la première femme de droite susceptible d’emporter une élection présidentielle. Et son passé parle en la matière tout seul pour elle. Michèle Alliot-Marie est l’une de ces personnalités politiques dont le parcours peut être considéré à tous les points de vue comme un long fleuve tranquille. Charriant honneurs, distinctions et hautes responsabilités. C’est en 1986 que pour la première fois elle accède à des fonctions ministérielles après avoir été plusieurs fois déjà élue municipale et parlementaire. Depuis, elle n’a jamais quitté le sérail. Depuis 2002, MAM a occupé quatre fonctions ministérielles régaliennes : la Défense, l’Intérieur, la Justice et à l’occasion du remaniement ministériel du 14 novembre 2010, les Affaires étrangères. C’est donc en femme politique expérimentée que, suite au raté que fut le passage de Bernard Kouchner, elle était sensée redresser l’image écornée d’une diplomatie française à deux vitesses, l’une élyséenne et l’autre mouture Quai d’Orsay. Si ce n’était un mauvais choix, c’est tout comme. Michèle Alliot-Marie au Ministère des Affaires étrangères, c’est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. C’est ce qu’elle démontre en tout cas. Sa première bourde concerne la Tunisie. En pleine révolte d’un peuple et d’une jeunesse qui réclament pain et liberté, MAM offre au régime en place « le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, des forces de sécurité françaises, pour permette de régler des situations sécuritaires de ce type ». Personne ne saura jamais en quoi aurait pu consister ce savoir-faire proposé à la Tunisie puisque quelques jours plus tard, le dictateur Zine El-Abidine Ben Ali tombait. Et cela n’a pas dû faire plaisir à la chef de la diplomatie française. D’autres révélations attendaient. En effet, il aura suffi de quelques jours pour que la presse française dévoile les circonstances d’un récent voyage en Tunisie au cours duquel MAM a pu bénéficier des largesses d’un ami de vieille date qui avait le tort d’être un des apparatchiks du clan Ben Ali. Notes de voyage sans traces, excursions touristiques en jet privé, par-dessus la tête d’un peuple qui dans les rues s’immolait par le feu et criait son ras-le-bol. Alors même que son incurie en termes de vision prospective sur la situation en Tunisie n’avait pas encore fini de faire débat, Michèle Alliot-Marie pour justifier les circonstances de son séjour en Tunisie en décembre 2010, ne cesse de multiplier les petites phrases auto-immolatrices. Des oublis préjudiciables que l’opposition ne peut qu’entendre comme des mensonges. Des dates et des itinéraires qui ne correspondent pas à la réalité, de petites omissions aux grandes conséquences et, cerise sur le gâteau, cette déclaration en date du 6 février dernier : « Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des affaires étrangères…». Rien que ça ! Comme si la qualité officielle des personnalités du rang du Ministre des Affaires étrangères, pouvait être aliénée lors de leurs séjours privés à l’étranger. Et comme si elle, Michèle Alliot-Marie, pouvait ignorer les dispositions du droit international en la matière. Même si elle a été interprétée et reprise dans tous les sens pour en atténuer la portée, cette déclaration de MAM porte un coup grave à l’image racée qu’elle a mis tant et tant d’années à se construire. De même qu’à la haute fonction ministérielle qu’elle occupe. Du coup, l’opposition exige sa démission ou son limogeage. La Droite se trouve bien embarrassée de la défendre. Et même Nicolas Sarkozy se mure dans un silence contrit. Michèle Alliot-Marie s’est grillée. Le Président Sarkozy n’aura pas d’autre choix que de la recadrer au minimum ou de se passer de ses services devenus incommodants. La chef de la diplomatie française devra faire profil bas, très bas ces derniers jours pour faire oublier ses boutades. Or, au poste qu’elle occupe, on ne peut faire profil bas. Au risque de ne pouvoir porter bien loin les valeurs qu’entend incarner la France au plan international. L’équation en devient alambiquée. Pour la Ministre qui n’entend pas démissionner et pour le Président de la République qui ne peut prendre le risque de fragiliser son gouvernement sans avoir pris un minimum de précautions. Le sort de MAM est loin d’être enviable par ces temps derniers. Mal lui a pris d’être précisément ministre de la république dans une société polémiste comme la France. Ce n’est pas encore en Afrique que le sort des dirigeants politiques peut se jouer aussi facilement sur des écarts de conduite et de comportement. Et pour qu’on en arrive là, ce n’est pas demain la veille. James-William GBAGUIDI
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