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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 00:01

Sa virilité s’étend désormais sur de longues pages de la presse à scandale, à la une des journaux radiodiffusés et télévisés, dans les colonnes des tabloïds de toute l’Europe. Silvio Berlusconi, c’est la libido d’un homme qui ridiculise l’Italie des papes.

Depuis que la cour constitutionnelle italienne a remis partiellement en cause la carapace juridique que Il cavaliere s’était constituée pour échapper à la justice de son pays, nombreuses sont les affaires qui remontent à la surface et qui viennent déstabiliser le truculent Président du Conseil italien. La plus récente, l’«affaire Ruby ». Du nom de cette jeune prostituée mineure à l’époque des faits, avec qui Silvio Berlusconi est accusé d’avoir entretenu des relations sexuelles. Les  faits, tel que les rapporte la presse étrangère, les éléments de preuve qui s’échappent du dossier d’instruction, la détermination des juges laissent à penser que cette fois, l’affaire est bien mal engagée pour Silvio.

Les casseroles de mœurs, Il cavaliere en traîne des tas et des tas derrière lui. Son nom rime presque avec scandales sexuels et il ne se passe presque pas d’année sans les frasques sexuelles de Silvio Berlusconi. Les fameuses soirées privées dans les luxuriantes résidences de Silvio et de ses amis, l’affaire des show-girls que Silvio a voulu entre-temps présenter aux élections européennes sur les listes de sa coalition politique, la relation très privilégiée avec la fameuse escort-girl mineure, Noemi Letizia (suite à laquelle son épouse l’a quitté en 2009 en l’accusant de fréquenter des prostituées mineures) ne sont qu’une goutte dans l’océan des hauts faits d’armes du Président du Conseil italien.

Et l’on a du mal à croire que les italiens, en dépit de cette série inénarrable de scandales, renouvellent aussi souvent leur confiance à un tel individu. La très puritaine Italie, la très catholique Italie oublie bien vite ses scrupules quand c’est Silvio Berlusconi qui les remet en cause. Et cette fois-ci, c’est « Ruby » qui s’en vient secouer sa vie publique-privée restée il est vrai quelque peu monotone ces derniers mois. Il en faut toujours un (scandale) pour venir rappeler Silvio Berlusconi au souvenir de la presse internationale. Dans cette nouvelle affaire par contre, de nombreux éléments à charge semblent s’accumuler contre le Président du Conseil italien. Des écoutes téléphoniques, des accusations de concussion, des tentatives de corruption et une sublime jeune fille, majeure seulement depuis novembre 2010, qui appelle Silvio Berlusconi par son prénom. Ruby, de son vrai nom Karima El Mahroug. Elle fait trembler l’Italie. Ses révélations, si elles sont prouvées risquent de bouleverser la République. Mais il est fort à parier que Silvio en sortira encore.

L’affaire Ruby salit l’Italie. Pas Berlusconi. Il est déjà suffisamment éclaboussé pour ne pas en prendre de la graine. La seule chose qu’il me vient encore à l’esprit de me demander, c’est l’effet que ferait un tel scandale sous les tropiques béninoises. A tout le moins, cela choquerait les consciences pudiques. Mais il se trouvera en face des défenseurs zélés de la virilité masculine pour aller se demander quelles sont les mensurations de la jeune fille et justifier par ses formes généreuses l’irrésistible tentation à laquelle un Silvio Berlusconi n’a pas su résister. Coucher avec une jeune fille mineure n’est pas ici vu comme un scandale catastrophique. L’actualité nationale a évoqué bien de fois ces hommes publics pervers dont le jeu favori est de partir à l’assaut des jeunes filles fraîches afin de satisfaire leur libido. Mais aucune enquête n’a jamais été ouverte et aucune condamnation rapportée. Surtout pas quand, comme dans le cas de Ruby, les relations étaient consensuelles.

L’Italie qui peine à condamner son cavaliere ressemble parfois, dans certaines de ses pratiques à une république bananière. C’est ainsi qu’on qualifie les Etats d’Afrique où tant de choses vont ou sont présentées comme allant de travers. En tout état de cause, Silvio Berlusconi prépare sa réplique. Et si comme à l’accoutumée, ce nouveau scandale ne l’emporte pas au grand dam d’une opposition montée sur ses grands chevaux, il est à gager que il cavaliere a définitivement la peau dure. Seulement, il lui sera de moins en moins facile de satisfaire ses fantasmes avec ses jeunes escort-girls mineures.

 

James-William GBAGUIDI 

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 01:17

Du cran ? De la témérité ? De la défiance ? Quelle mouche a bien pu piquer « Bébé Doc », alias Jean-Claude Duvalier pour qu’il ait la hardiesse de se rappeler ainsi au souvenir des Haïtiens ? Comment peut-on, quand on a fait autant de mal à un peuple, massacré autant de ses enfants, pillé à un tel point son économie, se permettre de se présenter à son chevet au moment où ses plaies se font de plus en plus béantes ? Douloureuses ?

Jean-Claude Duvalier qui vient d’effectuer un retour remarqué à Port-au-Prince est l’un des anciens chefs d’Etat à qui Haïti doit en partie la déliquescence dans laquelle elle tente de survivre aujourd’hui. Dictateur et fils de dictateur, il a dirigé Haïti d’une main de fer durant une quinzaine d’années. Il n’avait que 19 ans quand il a succédé à son père, François Duvalier le 21 avril 1971. Pour le plus grand malheur des Haïtiens. Poursuivant l’œuvre macabre de son géniteur. Son long règne a été celui des « tontons macoutes », féroce milice de partisans sur laquelle reposait la légitimité imposée de son régime. Règne marqué tout autant que celui de son père par la gabegie, la corruption, le népotisme les plus sordides. Sous le regard condescendant d’une communauté internationale plus soucieuse à cette époque de maintenir Haïti hors du giron communiste que de se préoccuper du sort de ses habitants. Cela fait bien longtemps qu’Haïti est quantité négligeable et quantité négligée. En s’enfuyant en 1986 devant la révolution populaire qui a mis un terme à son régime de terreur, Jean-Claude Duvalier s’est accaparé de 900 millions de dollars extraites des caisses de l’Etat. Plus que la dette extérieure d’Haïti à cette époque. Il fallait se garantir une retraite dorée. Le Tunisien Zine El Abidine Ben Ali a de qui tenir.

Et c’est donc cet homme, aux mains gantées de sang, à qui Haïti doit en partie de se porter aujourd’hui comme un Etat fantôme, un Etat damné, qui s’est permis de revenir sur la terre haïtienne le 16 janvier dernier, sous le fallacieux prétexte de venir aider  ses compatriotes en proie à tant de maux. Ironie du sort, pied de nez à l’histoire, il s’est trouvé des Haïtiens pour lui réserver un chaleureux accueil à sa descente d’avion. Pire, le Président René Préval dont j’avais déjà dit qu’il ne lui restait plus rien de leadership et, je m’en rends compte, rien de sens de l’histoire, a estimé qu’en tant que citoyen haïtien libre, Jean-Claude Duvalier avait le droit de rentrer dans son pays à sa guise. Lamentable.

Déplorable également l’attitude de la France, « patrie des droits de l’homme » qui, durant les 25 dernières années, a accordé l’asile sans le dire à Jean-Claude Duvalier. La France, si prompte à exiger ou à encourager des poursuites pénales contre Laurent Gbagbo et ses partisans en Côte d’Ivoire, contre Moussa Dadis Camara en Guinée, contre Omar El-Béchir au Soudan, etc. A plusieurs reprises  d’ailleurs, les gouvernements français successifs se sont opposés à une éventuelle extradition, laissant les demandes répétées en ce sens sans suite.

Fort heureusement, fort malheureusement pour lui en tout cas, Jean-Claude Duvalier a jugé opportun de retourner à Haïti. De son plein gré. Sans doute espérait-il profiter du chaos généralisé engendré par le séisme du 12 janvier 2010, l’épidémie de choléra et la crise politique en cours, pour se faire passer pour le mécène qu’il n’a jamais été. Il est certain en tout cas que pour ce faire, les moyens économiques ne lui font pas défaut. Mais mal lui en a pris. Passé l’effet de surprise et l’euphorie des quelques partisans nostalgiques, l’histoire ressurgit. Maculée de sang et de misères. Jean-Claude Duvalier est éclaboussé. Ou plutôt, son vrai visage se redessine, se reprécise. La justice haïtienne s’éveille. Et les plaintes pleuvent.

En rentrant, « Bébé doc » était sans doute conscient du risque encouru. Il avait d’ailleurs un billet d’avion aller-retour… au cas où. Mais il avait peut-être également l’intention de répondre de ses crimes et d’expier ses fautes. Quoi qu’il en soit, ce retour donne à Haïti une opportunité unique de revisiter son passé. De panser certaines de ses plaies. Et même s’il n’existe que peu de chance de corriger les dégâts engendrés par tant et tant d’années de despotisme, despotisme du père et despotisme du fils, la justice haïtienne se doit faire de Jean-Claude Duvalier un exemple. Une preuve de sa santé et de son dynamisme en phase de restauration.

Justice doit être rendue. Pour la terre haïtienne meurtrie. Pour le peuple haïtien martyrisé. Pour l’humanité déshumanisée.

 

James-William GBAGUIDI

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 01:02

Mourir. Mieux, se laisser mourir. Mieux encore, se donner la mort. Mourir pour changer la vie. Mourir pour répondre au « vivre et laisser mourir ».  Mourir pour devenir immortel. Acte de désespoir, mais acte d’espérance. Acte de martyr.

L’immolation par le feu n’est pas une trouvaille récente. Elle n’est pas plus maghrébine dans son essence. Mais elle est devenue, depuis le suicide du jeune Mohamed Bouazizi le moyen d’expression suprême du désarroi des jeunes du Maghreb. Mohamed Bouazizi n’est pas le premier, mais les conséquences de son acte sont allées bien au delà des espérances les plus folles et des rêves les plus utopistes. Parce que Mohamed Bouazizi est mort, mort de sa propre main, mort par le feu, Zine El-Abidine Ben Ali est tombé. Et avec lui, une bonne partie des dignitaires de son clan et de celui de son épouse Leïla Trabelsi. La Tunisie vit des heures certes difficiles, mais emplies d’espoir.

Plus que tous les autres types de suicide, l’immolation par le feu  a une fonction communicatrice. Elle marque les esprits et ébranle les cœurs. Elle attire l’attention par le spectacle singulier de l’homme qui consume dans un brasier consenti. La torche humaine qui hurle éclaire son environnement d’un jour nouveau. Son histoire se laisse découvrir, dévoiler. Ses misères aussi. Et l’on en recherche systématiquement les coupables ou à tout le moins, les responsables. Pour les indexer, les décrier, les dénoncer. C’est ainsi que la défense de certaines causes, grandes, nobles et parfois même ordinaires, a donné lieu à des auto-immolations célèbres. Du Vietnam (contre la guerre du Vietnam) à la Turquie (pour Abdoulaye Ochalan), de la France à la Mauritanie. Avec plus ou moins de succès, mais toujours avec le même émoi suscité. Le bouleversement moral de toute une société internationale interloquée.

Depuis la mort de Mohamed Bouazizi et surtout la révolution populaire qu’elle a déclenchée, les tentatives de suicide par immolation publique se multiplient dans les pays du Maghreb. Mettant à nu ce qui restait de caché de la misère et du désarroi de peuples vivant sous la coupe réglée de régimes les uns plus autocratiques que les autres, les autres plus despotiques que les uns. Egypte, Algérie, Mauritanie, les gouvernements redoutent l’effet domino. Les suicidés l’appellent de leurs vœux.

Le régime égyptien d’Hosni Moubarak vient pourtant à peine de remporter des élections législatives controversées dont une bonne partie de la classe politique s’est exclue ou a été exclue. Pendant que tout laisse à penser que le Raïs prépare activement son fils Gamal à lui succéder. Refusant au peuple égyptien toute chance de renouvellement de sa classe politique et de son élite dirigeante. Refusant à la jeunesse tout espoir de changement. L’Algérie ne va guère mieux. Un président absent, souvent malade. Autiste. Une classe dirigeante gérontocratique. Un état-major militaire aux commandes dans l’ombre. Et une jeunesse tout autant laissée pour compte. Sans emplois et sans logements. La Mauritanie n’offre guère un autre visage, même si le pouvoir est moins centralisé.

Et donc, les auto-immolations font florès.

Mais dans cette inflation des mises à mort de soi par le feu, grandit un risque de banalisation de l’acte que les jeunes martyrs ne semblent pas mesurer pour l’heure. Aucune action médiatique, quelle qu’en soit la nature, ne peut être mise en œuvre de manière continue et systématique sans être exposée au risque de lasser la population cible. En réalité, les immolés du Maghreb veulent comme Bouazizi attirer l’attention de la communauté sur le sort qui leur est fait. Et au-delà provoquer la révolte de leurs compatriotes. La révolution s’il en est. Mais la stratégie est biaisée. La Mauritanie n’est pas l’Algérie, l’Algérie n’est pas l’Egypte et l’Egypte n’est pas la Tunisie. Je peux même postuler qu’en dépit de situations semblables de misères vécue en Libye et au Maroc, les chances de reproduire le syndrome Ben Ali s’amenuisent aussi vite que se multiplient les suicides. Les dirigeants du Maghreb arabe ne sont certainement pas stupides au point de ne pas prendre les précautions qui s’imposent pour la préservation de leur pouvoir et de leurs privilèges. Armées et forces de police aux aguets, services de renseignements hyperactifs et pour ceux qui voudront apporter une part de correction sociale, quelques mesures saupoudrées pour amollir les revendications légitimes des peuples.

Suicidez-vous, jeunes maghrébins ! Mais la prochaine révolution n’est pas pour demain.

James-William GBAGUIDI

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 00:46

Il se veut président à vie ! Il se sent bien au Palais de la Nation, il veut y rester. Joseph Kabila veut marcher sur les traces de l’ennemi intime de son père. Celui dont il porte le prénom occidental. Celui qui était devenu coq chantant victoire, Joseph Désiré Mobutu.

Alors que la République démocratique du Congo (RDC) se préparait à se recueillir sur la double mémoire de Laurent Désiré Kabila abattu le 16 janvier 2001 et de Patrice-Emery Lumumba, assassiné le 17 janvier 1961, le fils Kabila tente le coup de force constitutionnel. Et Ca passe. Une clé de voûte de la constitution congolaise est ôtée. Il suffira désormais, aux termes de l’article 71 de la constitution, d’arriver en tête de l’élection présidentielle pour en être déclaré vainqueur. Quel  que soit le score obtenu.

C’était annoncé. C’est fait. Les récriminations de la classe politique, de la société civile, du clergé et même d’une partie de la communauté internationale n’y auront rien changé. Les mises en garde relatives à l’exclusion, Les partis politiques composant l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP) ont réalisé le rêve de leur champion. Tant pis pour les mécontents.

Le Congo RDC change de dimension. Dans l’inflation de révisions constitutionnelles plus ou moins opportunistes qui a cours sur le continent depuis le début des années 2000, Joseph Kabila et les siens ont choisi leur formule. Une formule à la togolaise et à la gabonaise. Le tour unique. Que les arguments n’ont pas manqué pour soutenir. Des plus farfelues aux plus objectives.

De l’avis des défenseurs de l’idée de révision, le second tour des élections est devenu en Afrique source de conflits, d’affrontements interethniques, d’exacerbation des relents régionalistes, etc. Ils ajoutent que l’Etat ne devrait plus s’offrir le luxe d’un second tour, tant le coût global des échéances électorales est élevé. Tant d’un point de vue politique, matériel qu’humain. Le Kenya, la Guinée et surtout la Côte d’Ivoire tendent bien à leur donner raison sur tous ces plans. Et j’aurais pu tout naïvement accepter ces explications, m’en contenter et trouver que pour une fois, certains dirigeants manifestent en Afrique le souci du devenir de leurs compatriotes. Or voilà, je ne suis pas naïf. Et vous non plus, je le sais.

Tout le monde a vu et continue de voir s’accentuer le durcissement et la virée dictatoriale du régime du président congolais Joseph Kabila. L’homme n’est plus ce jeune militaire aux allures ingénues qui, quelques jours après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, a été présenté au monde comme son successeur. Ses traits se sont affirmés, durcis. De temps à autre, une barbe hirsute vient donner à sa face une allure patibulaire. Les défenseurs des droits de l’homme et les opposants politiques apprennent à se méfier de ses collaborateurs, surtout dans l’armée. Ils ont laissé « La voix des sans voix » sans voix. Et ont abattu de sans froid le lanceur de pierres Armand Tungulu. S’il ne faut s’en tenir qu’à ça.

Et donc, quand Joseph Kabila propose à ses compatriotes de réduire le nombre de tours pour gagner la Présidentielle dans son pays à un, je n’ai pas de mal à me dire que c’est un subterfuge. Et pour cause. Joseph Kabila a remporté le scrutin de 2006 avec un soutien évident de la Communauté internationale plus soucieuse e sortir le Congo de la guerre que de lui assurer un dessein démocratique. Allier les deux était l’idéal ; ce fut fait ainsi, semble-t-il, et tout le monde était soulagé. Mais il n’aura pas fallu bien longtemps au régime pour provoquer et subir es retournements d’alliance spectaculaires, comme le départ de Vital Kamere, ancien très proche allié de Joseph Kabila.

Tout porte à croire aujourd’hui que la majorité présidentielle, majoritaire à la Chambre et majoritaire au Sénat, est consciente des faiblesses de ses appuis présents et incertain des ralliements futurs. En conséquence, elle tente par ce coup de force constitutionnel de baliser la voie d’une réélection aisée pour son champion face à une opposition divisée et fortement éparpillée.

Reste qu’il s’agit d’un risque. Une équation à plusieurs inconnues. Fort de la prime au sortant, Joseph Kabila a de fortes chances d’arriver premier lors de l’élection présidentielle prévue dans dix mois, et donc de se faire réélire. Mais qu’adviendra-t-il si, dans un élan unitaire, la classe politique d’opposition et la société civile congolaise fédèrent leurs forces autour d’un adversaire unique ?! Le cas gabonais devrait les inspirer dans ce sens. En attendant, il leur reste le temps d’ausculter les moyens de tourner en avantage ce qui parait être pour l’instant un handicap. Et même s’il est probable que l’AMP, en s’arrogeant le contrôle de la CENI par la même occasion, a pris ses précautions, l’opposition congolaise a une carte maitresse à jouer. L’ultime. Et si celle-là non plus ne marche, il restera toujours la voie tunisienne. Difficile, mais parfois indispensable. 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 09:08

L’histoire vient de chavirer en Tunisie. Le tout-puissant Zine El-Abidine Ben Ali a pris la clé des champs. Le régime politique maghrébin le plus stable, le plus prospère, le plus féroce aussi, n’a pas que vacillé. Il a titubé, flanché et  s’est écroulé. Désagrégé. Sans le gourou Ben Ali, la caste des apparatchiks qui se gorgeaient de richesse et d’opulence insolentes sur le dos de la population tunisienne meurtrie et humiliée, n’aura pas d’autre choix que de disparaître avec lui. Déjà, les tribulations politiques autour de la succession, la déclaration  « temporaire » puis « définitive » de la vacance du pouvoir, traduisent bien le malaise et la difficulté qu’éprouvent aujourd’hui les proches de Ben Ali à prétendre à la succession. D’ailleurs bien de thuriféraires n’ont pas eu d’autre choix que la fuite face à la déferlante de cette population en colère du 15 juillet 2011. Exil doré sans doute pour le désormais ancien président et les siens dans les luxueuses résidences de la famille royale saoudienne, exil pénible  pour ceux qui ont dû s’échapper au dernier moment, se rendant compte bien trop tard que leur leader n’avait plus vraiment la situation en mains.

Et pourtant, les signes avant-coureurs n’ont pas manqué. Alignés par Zine El-Abidine Ben Ali lui-même. Dans sa fébrilité des derniers jours, ses actes, ses discours. Tant que les manifestations se déroulaient à Sidi Bouzid, Tipaza, Sfax, Gafsa, loin en tout cas de Tunis et Carthage, loin des centres de pouvoir, tout allait bien. Les forces de l’ordre pouvaient encore donner l’impression d’avoir la situation sous contrôle. Et le Président pouvait encore accuser les émeutiers d’être instrumentalisés et à la solde du terrorisme. Il pouvait encore leur promettre 300.000 emplois aléatoires et espérer les apaiser. Il pouvait faire déchoir le gouverneur de Sidi Bouzid, l’homme par qui le ‘‘malheur’’ arriva, sans craindre de mettre à mal son pouvoir.

En investissant les quartiers de la banlieue de Tunis, les manifestants font sortir à nouveau le Chef de l’Etat de sa réserve. Deuxième apparition télévisée en quelques jours. Ben Ali promet tout et n’importe quoi. La tête du Ministre de l’intérieur est offerte aux émeutiers. Elle ne suffit pas. Les émeutes gagnent le cœur de la capitale. La police et les forces spéciales n’en finissent plus de mater. Elles répriment. Emprisonnent. Tirent. Tuent. Rien n’y fait. Cette génération d’émeutiers est tenace. Même les leaders de l’opposition en sont dépassés. Ben Ali doit encore s’exprimer. Et là, il cède sur presque toutes les revendications. Il offre  de libéraliser la vie politique et rétablir une totale liberté d'expression. Mieux, il s’engage à quitter le pouvoir à la fin de son mandat en 2014. Son Ministre des Affaires étrangères annonce dans la foulée qu'un gouvernement d'union nationale était « faisable ». Les restrictions imposées aux sites internet sont levées. La libération des manifestants arrêtés est instruite.

Il faut croire que c’était trop tard. Trop peu. Ou tout simplement trop. Trop de concessions. Qui ne pouvaient signifier que deux choses : la première, le clan Ben Ali, au pouvoir depuis 23ans, usé et sclérosé, mentait délibérément pour calmer la foule, conserver encore le pouvoir, quitte à se dédire plus tard. La seconde, le régime était à bout de souffle, en bout de course. Et un peu plus de pression suffirait à le faire basculer. C’est ce qui est arrivé. Les manifestations du 14 janvier 2011 ont eu raison de Zine El-Abidine Ben Ali. Comme son rêve de finir ses jours au pouvoir, son régime s’écroule comme un château de cartes. Ici finit le despote. Ainsi finissent les dictateurs.

Mais même s’il convient de s’en réjouir, force est de constater que Ben Ali est tombé trop tôt. Pendant son règne au long cours, il s’est employé à disloquer et à museler toute forme d’expression dissidente. Peut-être même est-ce la raison pour laquelle la révolte inédite des jeunes tunisiens a si rapidement eu raison de lui. L’opposition tunisienne se réduit à quelques rares partis autorisés dont la capacité de mobilisation est quasi-nulle. Cette opposition qui a d’ailleurs plus accompagné le mouvement révolutionnaire qu’elle ne l’a organisé, suscité. Opposition sans forme et sans figure de proue. C’est seulement au sein de la société civile que l’on peut retrouver un certain nombre de leaders d’opinion qui durant de nombreuses années, ont donné de leur personne et de leur sang pour les libertés en Tunisie. Mais cela suffit-il pour assurer une relève politique de la nature de celle qui attend la Tunisie ?

Assurément, personne n’était préparé à ce que Ben Ali tombe. Et maintenant que c’est fait, la Tunisie crapahute pendant que les voisins arabes comme Mouammar Khadhafi reoutent l’onde de choc. Il tombe sur le pays chaque tombée de nuit une contre-révolution de terreur. Les partisans de l’ancien régime, disséminés dans les grandes villes, châtient. Férocement. Mais il ne s’agit pas que des nostalgiques de Ben Ali. Les règlements de compte y passent. La chasse aux sorcières. Presque tous les ingrédients de reconstitution de la chute de Nicolae Ceausescu il y a 20 ans en Roumanie sont là.

Mohamed Bouazizi, martyr par auto-immolation, et les autres attendent pourtant mieux que ça de la révolution qu’ils ont déclenchée et menée. Un épilogue digne. Par respect pour leur sacrifice. Un épilogue digne.

 

James-William GBAGUIDI

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 10:50

C’est dit au futur. Ce ne pouvait être dit qu’au futur : Haïti ira mieux ! Car on ne peut aller plus mal.

Dictatures, misère, insécurité, instabilité politique, guerre civile, catastrophes climatiques… La terre d’Haïti croyait avoir déjà tout connu, tout vu, tout subi. Le 12 janvier 2010, elle a su que non. Le pire restait à venir. La plus meurtrière secousse tellurique de son histoire, l’une des plus dramatique de celle de l’humanité, allait frapper. De plein fouet. Presque 250.000 morts en quelques secondes, des centaines de milliers d’habitations rasées, des milliers d’hectares de récoltes enterrées… Haïti a basculé en enfer.

Un an plus tard, regardez la télé. On eut dit que tout cela est arrivé hier. Haïti va mal. 800.000 sans-abri désespèrent de l’aide internationale. Les maisons de bois sont luxe. Les camps de tentes sont richesse. Les abris de bâche donnent contentement. C’est encore mieux que la belle étoile. Un jeune assistant humanitaire canadien, après une éreintante journée de travail, décide de manger quelque chose. Il sort de son sac une barre chocolatée, regarde autour de lui et écrase une larme. Les milliers d’enfants dans les camps de déplacés n’auront peut-être même pas la moitié d’un bol de riz à se mettre sous la dent avant d’aller se coucher.

Un an plus tard, c’est cela la vraie couleur de Haïti. Celle qu’une presse étrangère, soucieuse de valoriser l’impressionnant déploiement de la communauté humanitaire et le travail des ONG, présente sous ses meilleurs atours. Or, 2010 restera dans la mémoire de la plupart des Haïtiens comme la plus funeste année jamais vécue. Aux ravages du séisme s’est ajoutée une vaste épidémie de choléra, qui a déjà tué plus de 3 600 personnes. Puis sont venues les violences d'une crise électorale dont personne n’entrevoit la solution. Sans compter le retour de l’insécurité sur les routes et dans les camps de déplacés où vols, viols et gangstérisme font loi.

Un an plus tard, parler Haïti, c’est encore parler malheurs, drames, désordres. Parler Haïti, c’est encore parler absence d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, de banques... Parler Haïti, c’est parler déficience d’Etat et hyper-assistance humanitaire. Le mandat du président René Préval, déjà bien sonné et désorienté par la crise sismique, échoit le 7 février 2011.  L’administration publique haïtienne est en deuil de leadership. Décimée comme elle l’a été, du point de vue matériel  et humain, elle ne parvient pas, en dépit de la participation de la communauté internationale, à coordonner l’afflux d’aide internationale.

L’aide internationale, parlons-en ! Promise pour atteindre 10 milliards de dollars, elle a fait penser aux survivants haïtiens que quelque chose de positif était enfin possible pour leur pays. La grande catastrophe allait peut-être permettre de voir surgir une nouvelle république d’Haïti. Mieux construite, urbanisée, décentralisée, refondée. Douze mois plus tard, les Haïtiens sont désillusionnés. Les atermoiements et les échecs se multiplient dans l’action d’une Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH) co-présidée par le premier Ministre Jean-Max Bellerive et l’ancien président américain Bill Clinton. Moins de la moitié des 2,1 milliards de dollars promis pour 2010 au bénéfice commun de cette commission et des ONG internationales, a été décaissée. Enfin, les Casques bleus de l’ONU, venus apporter un peu de paix et de sécurité se retrouvent accusés d’avoir introduit le choléra dans l’île. Peut-être pas à tort.

Et pourtant, un an après, c’est un message d’espoir et d’espérance qui s’élève des cœurs vaillants haïtiens. Haïti n’ira pas plus mal. Il est vrai, rien ne permet de l’assurer. Mais les manifestations officielles entrant dans le cadre de l’an 1 du drame, la communion dont ont fait preuve les survivants et l’abnégation de ce peuple meurtri méritent qu’on lui donne sa chance, qu’on cesse enfin de penser que l’anathème est haïtien.  Avec moins de la moitié de l’aide promise débloquée, bien de maux ont été soignés. Les abris même provisoires en matériaux solides, prennent forme. L’eau potable coule. Pas assez, mais mieux que par le passé. L’épidémie de choléra est circonscrite et en train d’être jugulée. La vie dans les camps s’est organisée tant bien que mal. Moins bien que mal, mais c’est une base de départ. De nombreux diplômés qui avaient fui le pays reviennent. Parmi eux, quelques dizaines de boursiers ayant récemment achevé leur cursus universitaire au Bénin.

Dans l’espoir que la communauté internationale saura tenir ses promesses, Haïti ira mieux. Et il me plait de rapporter les mots de la jeune capitaine de l’équipe nationale haïtienne de football des moins de 17 ans à l’occasion de la remise du trophée FIFA du fair-play 2010 : « Ayiti pral pi byen » !

 

James-William GBAGUIDI

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 02:40

La Franceest sous le choc. Le Niger n’en revient pas. Les français en sont désorientés, les nigériens décontenancés. Ce n’était pourtant pas très irrationnel de penser que la branche nord-africaine de Al Qaïda pouvait frapper partout à travers le Sahel, où et quand l’envie lui viendrait. C’était surtout inconséquent de n’y avoir pas plus souvent songé. Et on se réveille avec la gueule et la langue de bois. A Niamey et à Paris bien sûr, mais aussi à Bamako. Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) l’a pourtant déjà fait, s’en prendre à des ressortissants expatriés dans le Sahel. Le 8 août 2009 à Nouakchott  par exemple. Peut-être trop loin de Niamey pour donner un avertissement strident. Mais Nouakchott, c’est à peu près la même latitude que Bamako ou Niamey. Et même si lors de leur retrait d’Afrique, les organisateurs de la course automobile du Paris-Dakar, logée désormais sur le continent sud-américain n’ont pas convaincu du caractère totalement sécuritaire de leur démarche, bien d’autres indices militaient en faveur de la prudence : Nouakchott, c’est une capitale. Et à ce titre, elle est présumée être sécurisée du mieux possible. C’est aussi le siège d’un gouvernement dirigé par un ancien chef de junte militaire reconverti à la vie civile sans que l’on ne puisse assurer que ses amours militaires se soient estompées. Et si donc Nouakchott est touchée, Bamako et Niamey pouvaient l’être.

Nouakchott Hier, Niamey aujourd’hui… peut-être demain Dakar, Ouagadougou, N’Djamena et après-demain Bissau, Freetown, Monrovia, Abidjan, Accra, Lomé Lagos et …Cotonou. Le terrorisme est à nos portes ! Alarmisme et improbabilité, sans doute. Comme l’était cette incursion d’AQMI au cœur de la capitale nigérienne, jusqu’au moment où ce n’était pas encore arrivé. Et là, surviennent bien de questions :

Comment se peut-il que des terroristes, armés jusqu’aux dents, aient pu si facilement pénétrer jusqu’au centre-ville de la capitale nigérienne sans avoir été interceptés, ni même repérés ? Réponse toute simple : négligences, manque de moyens, peut-être également complicité ou corruption. Le Niger ne serait alors pas un cas sui generis, nul besoin d’en rougir.

Par ailleurs, pourquoi donc les Français ont-ils été particulièrement visés ? Evidences géopolitiques, géostratégiques, religieuses et économiques : Le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) reconverti en Al Qaïda au Maghreb islamique  a ses origines et ses bases principales en Algérie. L’histoire de la relation tumultueuse de ce pays avec la France est bien connue. Quand on y ajoute les ingrédients de l’islamisme intégriste d’un côté et les stigmatisations des musulmans de l’autre, le tout sur fond de choc des civilisations, on comprend encore mieux. Enfin, les Français, plus que les autres expatriés sont nombreux dans les pays du Sahel d’où, ni le climat rude, ni les risques sécuritaires ne les renverront jamais tous. Et les dirigeants de AQMI ont déjà pu s’en rendre compte, à quelques exceptions près, le monnayage d’expatriés blancs peut rapporter au-delà de la libération de quelques copains islamistes détenus ici ou là, quelques milliers voire millions d’euros dont personne n’assumera jamais la responsabilité de les avoir versés. La récente opération de la nébuleuse Al Qaïda rentre bien dans cette logique. Il parait évident que n’eût été la dramatique, mais musclée intervention des Forces spéciales françaises, il n’aurait pas fallu bien longtemps pour voir apparaître sur les chaînes de Télévision internationales les deux jeunes français, ligotés, suppliant sous la menace des armes la France de leur sauver la vie.

Dernière question : qui a tué Vincent Delory et Antoine de Léocour ? Saura-t-on jamais si ce sont bien les terroristes d’AQMI qui ont exécuté les otages en se sentant pris au piège ? les deux jeunes gens seraient-ils morts dans un échange de tirs entre leurs ravisseurs et leurs poursuivants ? La vérité de l’autopsie et de la balistique sera-t-elle révélée au grand jour ? Aurait-on vraiment pu agir autrement et sauver les deux jeunes gens ? Mystère et boule de gomme. Ce qu’il importe de constater, c’est que la France revendique une action énergique et déterminée, dans l’optique de décourager les terroristes. Le risque est pourtant grand que AQMI, loin d’abandonner, se venge sur d’autres otages français détenus quant à eux depuis quelques mois déjà. Et rien ne prémunit contre de nouveaux enlèvements ou attentats terroristes dans cette immense bande sahélienne que toute l’armée française, en dépit de ses moyens technologiques serait bien incapable de contrôler.

Moralité de ce drame, le terrorisme est irrationnel. Lutter contre est complexe. Mais la relative sanctuarisation du Burkina Faso dans cette instabilité sous-régionale pourrait-elle inspirer quant aux moyens les plus efficaces de se prémunir du mal rampant… pour autant que cette immunité ne soit pas qu’un simple fait du hasard.

James-William GBAGUIDI

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