Sa virilité s’étend désormais sur de longues pages de la presse à scandale, à la une des journaux radiodiffusés et télévisés, dans les colonnes des tabloïds de toute l’Europe. Silvio Berlusconi, c’est la libido d’un homme qui ridiculise l’Italie des papes.
Depuis que la cour constitutionnelle italienne a remis partiellement en cause la carapace juridique que Il cavaliere s’était constituée pour échapper à la justice de son pays, nombreuses sont les affaires qui remontent à la surface et qui viennent déstabiliser le truculent Président du Conseil italien. La plus récente, l’«affaire Ruby ». Du nom de cette jeune prostituée mineure à l’époque des faits, avec qui Silvio Berlusconi est accusé d’avoir entretenu des relations sexuelles. Les faits, tel que les rapporte la presse étrangère, les éléments de preuve qui s’échappent du dossier d’instruction, la détermination des juges laissent à penser que cette fois, l’affaire est bien mal engagée pour Silvio.
Les casseroles de mœurs, Il cavaliere en traîne des tas et des tas derrière lui. Son nom rime presque avec scandales sexuels et il ne se passe presque pas d’année sans les frasques sexuelles de Silvio Berlusconi. Les fameuses soirées privées dans les luxuriantes résidences de Silvio et de ses amis, l’affaire des show-girls que Silvio a voulu entre-temps présenter aux élections européennes sur les listes de sa coalition politique, la relation très privilégiée avec la fameuse escort-girl mineure, Noemi Letizia (suite à laquelle son épouse l’a quitté en 2009 en l’accusant de fréquenter des prostituées mineures) ne sont qu’une goutte dans l’océan des hauts faits d’armes du Président du Conseil italien.
Et l’on a du mal à croire que les italiens, en dépit de cette série inénarrable de scandales, renouvellent aussi souvent leur confiance à un tel individu. La très puritaine Italie, la très catholique Italie oublie bien vite ses scrupules quand c’est Silvio Berlusconi qui les remet en cause. Et cette fois-ci, c’est « Ruby » qui s’en vient secouer sa vie publique-privée restée il est vrai quelque peu monotone ces derniers mois. Il en faut toujours un (scandale) pour venir rappeler Silvio Berlusconi au souvenir de la presse internationale. Dans cette nouvelle affaire par contre, de nombreux éléments à charge semblent s’accumuler contre le Président du Conseil italien. Des écoutes téléphoniques, des accusations de concussion, des tentatives de corruption et une sublime jeune fille, majeure seulement depuis novembre 2010, qui appelle Silvio Berlusconi par son prénom. Ruby, de son vrai nom Karima El Mahroug. Elle fait trembler l’Italie. Ses révélations, si elles sont prouvées risquent de bouleverser la République. Mais il est fort à parier que Silvio en sortira encore.
L’affaire Ruby salit l’Italie. Pas Berlusconi. Il est déjà suffisamment éclaboussé pour ne pas en prendre de la graine. La seule chose qu’il me vient encore à l’esprit de me demander, c’est l’effet que ferait un tel scandale sous les tropiques béninoises. A tout le moins, cela choquerait les consciences pudiques. Mais il se trouvera en face des défenseurs zélés de la virilité masculine pour aller se demander quelles sont les mensurations de la jeune fille et justifier par ses formes généreuses l’irrésistible tentation à laquelle un Silvio Berlusconi n’a pas su résister. Coucher avec une jeune fille mineure n’est pas ici vu comme un scandale catastrophique. L’actualité nationale a évoqué bien de fois ces hommes publics pervers dont le jeu favori est de partir à l’assaut des jeunes filles fraîches afin de satisfaire leur libido. Mais aucune enquête n’a jamais été ouverte et aucune condamnation rapportée. Surtout pas quand, comme dans le cas de Ruby, les relations étaient consensuelles.
L’Italie qui peine à condamner son cavaliere ressemble parfois, dans certaines de ses pratiques à une république bananière. C’est ainsi qu’on qualifie les Etats d’Afrique où tant de choses vont ou sont présentées comme allant de travers. En tout état de cause, Silvio Berlusconi prépare sa réplique. Et si comme à l’accoutumée, ce nouveau scandale ne l’emporte pas au grand dam d’une opposition montée sur ses grands chevaux, il est à gager que il cavaliere a définitivement la peau dure. Seulement, il lui sera de moins en moins facile de satisfaire ses fantasmes avec ses jeunes escort-girls mineures.
James-William GBAGUIDI