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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 20:28

Coran brandiIls sont fous, ces yankees ! Sont-ils vraiment aussi bêtes ou l’ont-ils fait exprès ? Comment ont-ils vraiment pu en arriver là ? Comment pouvaient-ils ne pas prévoir la réaction des Afghans après l’acte profanatoire qu’ils avaient décidé de commettre ? Comment ne pas avoir vu venir la violence du rejet dont ils risquaient de faire l’objet  en se permettant de bafouer la culture et les croyances  du peuple dont ils ont déjà le tort d’occuper le territoire sous le prétexte de le libérer ? Brûler des corans, c’est brûler le peu de confiance et de respect mutuel qui pouvait encore lier les Afghans à leurs « libérateurs »… Et ceux-ci ne vont pas tarder à s’en rendre à l’évidence. Si ce n’est déjà en train d’être fait.

Le monde arabe est en émoi. L’Afghanistan et le Pakistan sont en ébullition. C’est le « choc des civilisations ». En ordonnant à ses hommes de faire incinérer plusieurs exemplaires du coran dont des détenus se servaient selon lui pour communiquer entre eux, le responsable américain du camp de Bagram ne croyait sans doute pas remettre autant au cœur du débat la théorie de Samuel Huntington. Mais il y a au moins une chose qu’il aurait dû savoir : un acte de ce genre-là ne peut rester sans retentissement et sans suite. L’acte en lui-même marque, pour commencer une profonde mésestime envers les détenus. Sinon, a-t-on besoin de détruire de façon aussi cavalière les astuces que les prisonniers ont trouvées pour se passer des mots ? En plus, il me semble bien que ces messages échangés entre détenus n’étaient ni suspects ni dangereux pour la sécurité de la base. Autrement, ils auraient été conservés, voire utilisés comme pièces à conviction dans le cadre d’éventuelles procédures pénales. On eut dit qu’en choisissant de faire un bûcher des corans saisis aux détenus, les soldats américains ont tout simplement voulu faire une démonstration de supériorité et de mépris, comme quand on arrache à un petit enfant un objet qu’il a tant convoité et qu’on le détruit sous ses yeux meurtris. L’objectif allait donc bien au-delà de celui de priver les prisonniers de moyens de communiquer.

Mais en choisissant ces méthodes pour le moins expéditives, les soldats américains de la force de l’OTAN en Afghanistan (l’ISAF) ont négligé de mesurer l’ampleur des risques que comporte l’acte de l’incinération du livre saint dans un Etat dont on occupe le territoire. Et quel livre saint ! Le Coran. Erreur, faute, crime grave. Atteinte fondamentale à la culture, à la religion, à la civilisation même de ce peuple. Au regard des nombreux précédents, les Américains ne pouvaient pourtant pas ignorer les risques encourus.

Depuis plus de dix ans que les forces américaines et leurs alliés ont envahi l’Afghanistan à la recherche d’Ousama Ben Laden, responsable désigné alors des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, elles n’ont cessé d’accumuler les erreurs. Des bavures meurtrières aux exactions les plus sordides, d’armée de libération, l’ISAF s’est rapidement muée en force d’occupation. D’autant plus que le sentiment nationaliste afghan ne fait que renforcer le rejet de ces GI’s et de leurs méthodes abruptes. Du massacre de Kandahar en mai 2006 à celui de Kathaba en 2010  (qui ne sont même pas les plus emblématiques), des mauvais traitements infligés aux prisonniers d’Abou Grahib aux tortures dont ont été victimes ceux de la base de Guantanamo, les motifs sont innombrables pour que l’armée américaine tente de conquérir enfin le cœur des Afghans ou à tout le moins, obtenir leur tolérance quant à une occupation qui n’en finit plus. Au surplus, en ayant en souvenir les émeutes qui ont fait suite à la publication en Europe des caricatures du Prophète Mahomet en septembre 2005 de même qu’à la profanation de corans brûlés par le Pasteur américain Terry Jones en mars 2011, il fallait s’attendre au pire.

Désormais, et plus violemment que jamais, les Américains sont exécrés. Et avec eux, tous les Occidentaux vivant en Afghanistan et dans l’ensemble du monde arabe. La mission de formation de l’armée et de la police afghanes dans la perspective du retrait des troupes étrangères en 2014 est plus que compromise. Ce sont désormais les « élèves » qui abattent leurs instructeurs. Pour venger l’affront. La restructuration de l’administration publique est tout autant remise en question, pour les mêmes raisons. Les jours passent, les excuses publiques du Commandant en Chef de l’ISAF, celles encore plus solennelles du Président américain Barack Hussein Obama et encore moins les appels au calme du Président Hamid Karzai ne suffisent à ramener le calme. La spirale de la violence ne fait au contraire que s’accentuer, obligeant déjà certains contingents de la force de l’OTAN à céder plus tôt que prévu le commandement des régions sous leur contrôle à l’armée afghane. Une situation qui risque  à terme de faire de cette guerre un bourbier inextricable dont ne saurait s’extirper l’armée américaine sans laisser le sentiment d’un cuisant échec.

De là à penser que le bûcher aux corans a été sciemment allumé pour consumer une partie des chances de Barack Obama de se faire réélire à la Maison Blanche, il y a un pas… que je ne franchirai pas.

 

James-William GBAGUIDI

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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 07:48


Boulimiques du pouvoir ! S’il n’était qu’un point commun à détecter entre le président sénégalais Abdoulaye Wade et son homologue zimbabwéen Robert Mugabe, ce serait celui-là. La boulimie du pouvoir. C’est à ce genre de comparaisons avilissantes que Me Wade a obligé désormais l’opinion publique internationale à se livrer sur sa personne et sur celle de son pays, naguère encore modèle démocratique et de bonne gouvernance sur le continent, au contraire du Zimbabwe classé depuis longtemps déjà dans la catégorie des dictatures sordides et sclérosées. La preuve, s’il le fallait encore que la sagesse ne vient pas avec les cheveux blancs, à moins que tout ne s’explique par le fait que Papy Wade n’a quant à lui pas un brin de cheveu.


Robert-Mugabe.jpgIl est vrai que les points communs entre le « pape du sopi », surnom donné au Président sénégalais  et le « Old man » Bob Mugabe, ne sont pas légion. Tandis que le premier roulait sa bosse entre les universités à la quête de diplômes toujours plus grands les uns que les autres le second, après ses études universitaires est rapidement rentré dans son pays pour y participer à la lutte en faveur de la décolonisation. Ce combat pour l’indépendance, les deux vont le mener de différentes manières. L’un avec la plume, sans trop de difficultés pour lui, puisque la France va accorder l’indépendance au Sénégal dès 1960 au contraire du Zimbabwe qui, sous son nom de Rhodésie devra batailler encore plus de 20 ans contre le régime raciste de Ian Smith. Si donc Robert Mugabe est un authentique héros de la libération nationale au Zimbabwe, Abdoulaye Wade a par contre, le mérite d’avoir mené courageusement le combat pour les libertés publiques au Sénégal. D’ailleurs les deux hommes ont payé leur engagement politique de plusieurs années de prison dans leurs pays respectifs. Est-ce pour autant qu’ils doivent se croire autorisés à toutes les maneouvres et à tous les excès qu’ils s’offrent par ces temps derniers ? La question se pose. Avec des réponses qui divergent encore selon que l’on évoque l’un ou l’autre des deux chefs d’Etat.

Robert Mugabe au Zimbabwe, c’est aujourd’hui encore l’incarnation du père de l’indépendance. Tout le monde lui reconnait ce rôle éminent qu’il a joué dans l’histoire du pays. Le président zimbabwéen ne se prive d’ailleurs pas de rappeler aux leaders de son opposition politique qu’ils n’étaient encore que de simples étudiants, d’ordinaires gamins au moment où lui, luttait pour faire partir le colon raciste. Morgan Tswangirai et les siens n’ont que trop souvent entendu cette tirade. Me Wade par contre ne se voit pas obligé de rappeler les acquis de sa lutte pour les libertés publiques et les droits de l’homme. Comment le pourrait-il d’ailleurs puisque sous son règne, la plupart de ces droits et de ces libertés ont été de nouveau mis sous le boisseau ? Il a plus beau jeu de brandir une partie de son bilan économique et infrastructurel, qui date en fait de l’époque de son premier mandat et des débuts du second, au moment où ses rêves d’éternité n’avaient pas encore complétement été mis en évidence. Aujourd’hui en tout cas, ni Abdoulaye Wade ni son homologue zimbabwéen ne peuvent exciper un bilan socioéconomique florissant pouvant justifier leur maintien éventuel par un peuple conquis par des résultats faramineux.


Wade.-copie-1.jpgCe qui rapproche finalement le mieux Robert Gabriel Mugabe de Me Abdoulaye Wade, c’est cette hargne dans leur volonté de conserver le pouvoir. Depuis 1980, le leader de la Zanu-Pf ne s’en satisfait pas. Trente deux ans de pouvoir, 88 ans de vie, et il met déjà en garde quiconque chez lui oserait rêver de lui arracher les privilèges qu’il considère être siens ad vitam aeternam. Et tout le monde sait déjà que les élections présidentielles prévues pour cette année risquent de le voir reconduit à la tête de l’Etat. Comme cette assurance dont se fend Papy Wade lors des meetings électoraux qui le conduisent depuis quelques jours à travers son pays. Sauf qu’Abdoulaye Wade se bat plus assurément pour son rêve dynastique : voir son fils lui succéder lui importe sans doute autant qu’il plait à Robert Mugabe de rester président de la république jusqu’à la fin de ses jours. A croire que le plus intelligent des deux, fort de cette intelligence lugubre qui prive leurs peuples et leurs jeunesses de rêves et d’avenir, c’est le premier.

 

James-William GBAGUIDI

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 21:36

 

ATT-Mali.jpgLe Mali est dans un éternel recommencement. Avec ses rébellions armées. Avec les bandes de trafiquants et de passeurs qui écument ses déserts. Avec les groupes terroristes qui y ont trouvé le gite et le couvert. Mais comment un Etat dirigé par un ancien Général des commandos parachutistes, a-t-il pu en arriver à ce niveau d’impotence ? La question se pose. Autant que se pose celle de savoir quel miracle l’Union africaine et les autres facilitateurs éventuels sont en mesure de réaliser. A un moment où la situation dans le Nord du pays fait penser à une pathétique démission de l’Etat et des pouvoirs publics, il y a lieu de rechercher et de trouver des solutions radicales et décisives.

Lorsqu’en février 2008, le rallye automobile Paris-Dakar a été délocalisé de l’Afrique vers la pampa sud-américaine, beaucoup d’Africains, et j’en suis, ont dénoncé un lâchage voire de la lâcheté. Les organisateurs de la plus célèbre course automobile du continent, à cette époque, avaient évoqué des questions de sécurité : l’implantation de groupes islamistes dans certaines régions où les coureurs seraient inexorablement exposés à des attaques ou à des rapts. Le chiffon rouge agité depuis plusieurs années avait donc fini par prendre feu. Quatre touristes européens venaient d’être assassinés par des membres présumés du groupe terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le Sahel et plus particulièrement le désert malien était devenu inhospitalier. A telle enseigne que non content de délocaliser le Dakar, les pays occidentaux avaient commencé à instiller à leurs ressortissants la peur des attentats en cas de visites dans ces régions. Le soulèvement des indépendantistes Touaregs de Kidal en 2006 n’avait pu faire que rajouter au climat d’incertitude et de méfiance.

Ces situations, ponctuées par l’expansion du terrorisme international au nez et à la barbe de plusieurs des Etats de la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Algérie, Maroc, Niger, Tchad, et bien sûr Mali) n’auraient-elles pas dû faire réagir plus énergiquement le gouvernement du Président Amadou Toumani Touré ? Il se peut bien que les accusations de mollesse qui fusent depuis quelques années tant  de Nouakchott que d’Alger ne soient pas complètement infondées. Sinon, comment comprendre que c’est précisément sur le territoire du Mali que le mouvement AQMI, groupe terroriste algérien à l’origine, a fini par établir ses quartiers d’où il peut mener ses actions et prospérer presque impunément ? Quelle politique de la « main tendue » autorise autant de laisser-aller ? Et d’ailleurs, fallait-il tendre la main à des groupes terroristes quand on risque de se la voir couper par ces individus sans foi ni loi ?

Une chose est certaine, c’est ce laisser-faire qui est à l’origine du déclenchement depuis quelques semaines de la nouvelle rébellion touarègue. Plus violente et plus déterminée que toutes celles qui l’ont précédée. Ses revendications à ce propos ne font carte-mali-_-Azawad.jpgd’ailleurs l’ombre d’aucun mystère : l’autodétermination de la région de l’Azawad. Ni plus ni moins que tout le Nord du Mali, avec les villes de Kidal, Gao et Tombouctou. Si le dramatique de la situation des morts, des déplacés et des réfugiés n’incitait à la retenue, il y aurait de quoi sourire. Le Mali est tout de même un Etat souverain. Fort du principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation et de l’intégrité irrévocable de son territoire. C’est cette conviction qui a peut-être induit en erreur le Gouvernement malien au moment où rentraient par centaines dans le pays les ex-mercenaires du Guide de la révolution libyenne, défaits et chassés, avec armes et bagages de la grande Jamahiriya. A moins que ce ne soit la peur de la confrontation armée directe qui ait poussé l’armée nationale malienne à tolérer ces retours et ce flux de combattants surarmés, dont on aurait dû savoir qu’ils allaient à nouveau et rapidement faire parler d’eux.

Dans cette situation, on aura vu le Mali se comporter comme un Etat faible. C’est sans doute ce qu’il est, mais qui trop facilement pardonne, incite à l’offenser. Si les négociations entamées avec les « enfants prodigues » l’avaient  été comme au Niger ou en Mauritanie dans le cadre d’une fermeté sans faille, un refus de l’Etat de laisser rentrer les combattants armés, les choses auraient été différentes. Mais il faut croire que l’immensité du territoire malien et la porosité des frontières, n’ont pas permis à l’armée de prendre des mesures d’une réelle efficacité. D’autant que le peu de développement de la région de l’Azawad depuis les indépendances, peut sommairement justifier le sentiment d’abandon ont se prévalent le MNLA (Mouvement national de Libération de l’Azawad) pour justifier son offensive.

Le plus important, maintenant que la guerre a commencé, c’est de ramener la paix. Avant l’échéance fatidique des élections d’avril 2012, et ce, de façon définitive. C’est ce à quoi pense pouvoir s’essayer le nouveau Président en exercice de l’Union africaine. Peut-être le président béninois saura-t-il, quant à lui, trouver la solution miracle. Mais sinon, personne ne pourra accuser Thomas Boni Yayi de n’avoir pas tout mis en œuvre pour assumer ses nouvelles fonctions dont il se montre si fier et si concerné à la tête de l’institution panafricaine.

 

James-William GBAGUIDI

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 18:51

 

Boni-Yayi-Le Bénin est un « nain diplomatique ». Cette conviction que d’aucuns se sont forgée et ont consolidée au fil des années avait pu être remise en question ces dernières années. Certains succès diplomatiques de notre Etat sont passés par là. La visite du Pape Benoît XVI, celle de Jacob Zuma, président de l’Afrique du Sud et l’élection de notre pays au sein du Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies font partie des plus récents de ces exploits. Le plus emblématique sans doute aura-t-il été l’élection du Président Thomas Boni Yayi en janvier dernier pour présider durant un an la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine. Première dans les annales de l’histoire diplomatique du Bénin, près de cinquante ans après la création de l’institution panafricaine. Mais il faut croire, au regard des résultats du 40e Sommet de la CEDEAO quelques semaines plus tard que certains succès préparent de lourdes désillusions.

Il y a quelques mois, s’est ouvert la succession du Ghanéen James Victor Gbého qui assurait l’intérim depuis le départ de son compatriote Mohamed Ibn Chambas de la tête de la Commission de l’organisation sous-régionale. A cette fin, le Bénin, conformément aux recommandations issues du Groupe d’Experts mis en place par la conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, était bien parti pour placer son candidat à ce poste stratégique qu’il n’avait non plus jamais occupé. En effet, les règles consensuelles édictées par ce comité d’experts que sont « l’équité dans la répartition des postes, la transparence des procédures de désignation, la désignation sur la base de l’ordre alphabétique, la prévisibilité des successions », ouvraient la voie pour l’accession du Bénin au poste. Mais le Burkina Faso ne l’entendait pas de cette oreille.  Et au bout du processus, on peut se rendre compte que c’est bien au diplomate burkinabé Kadré Désiré Ouédraogo qu’échoit la haute responsabilité de présider aux destinées de la commission de la CEDEAO durant les cinq prochaines années, au détriment de l’ancien chef de la diplomatie béninoise Jean-Marie Ehouzou dont la candidature aurait été retirée par le Président Boni Yayi en personne. De guerre lasse. C’est la fin d’une illusion qui aura duré quatre mois.

Blaise compaore220L’échec diplomatique du Bénin à la CEDEAO a commencé avec la volonté du président Burkinabé Blaise Compaoré de faire prévaloir un ancien « arrangement » convenu en 2006 en faveur de son pays pour occuper le poste de président de la Commission, une fois le tour du Ghana passé. Cet arrangement dont nulle trace n’a été exhibée aurait pourtant pu être abandonné, ou même repoussé par les autres Etats  dans l’optique de faire respecter les conclusions du groupe d’Experts de haut niveau mis en place par la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. Mais en l’espèce, ils n’ont pas jugé utile de le faire. Et pas seulement parce que le Bénin ne serait qu’un « petit poucet diplomatique ». Le mal date quelque peu.

A l’occasion de l’élection du Président Boni Yayi à la tête de l’Union africaine, il a été confronté un temps à la candidature du nigérian Jonathan Goodluck. Ce dernier n’a dû retirer sa candidature que sur insistance de la conférence des Chefs d’Etat de l’UA, pour ne l’avoir posée ni dans des délais raisonnables, ni selon les formes requises. Cette attitude du Nigeria, par ailleurs médiateur dans le différend diplomatique entre le Bénin et le Burkina Faso au sein de la CEDEAO, aurait dû mettre la puce à l’oreille des Béninois. De toute évidence, le géant de l’Est du Bénin appréciait très moyennement le rapprochement spectaculaire entre son voisin et sa rivale sud-africaine. Le soutien supposé du Bénin à la candidature de Madame Nkosazana Dlamini-Zuma à la commission de l’UA contre le gabonais Jean Ping pourtant adoubé par la plupart des Etats ouest-africains, a sans doute eu sa part dans le camouflet essuyé par Boni Yayi au sommet d’Abuja. Si à cela on ajoute que dans son humilité légendaire, le président béninois aurait concédé que son Etat ne pouvait assurer à la fois la présidence de l’Union africaine et celle de la commission de la CEDEAO (je me demanderais bien pourquoi), on aura moins de mal à comprendre.

Une chose est sûre, alors que dans une certaine frénésie, le Président Boni Yayi effectue ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions, c’est à la diplomatie burkinabé de jubiler. Dans un an, on ne parlera plus de la présidence béninoise de l’Union africaine qu’au passé. Avec quels résultats ? Nous attendons de voir. Mais le mandat de Kadré Désiré Ouédraogo à la tête de la commission de la CEDEAO ne serait qu’à ses débuts. Assurant de fait au « pays des hommes intègres » un rayonnement continu sur l’Afrique de l’ouest et une ouverture particulière au reste du monde durant cinq années. L’activisme de Blaise Compaoré pour porter le Président béninois à la tête de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA n’était pas sans frais. En matière de diplomatie, il y en a qui étaient au four bien avant le réveil des autres.

 

James-William GBAGUIDI 

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19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 15:23

 

y-en-a-marre-le-23-septembre-2011-a-dakar.jpgLa rue sénégalaise est à feu et à sang. Sens dessus-dessous. Depuis que la volonté du Président Abdoulaye Wade de se succéder à lui-même a été annoncée, confirmée et désormais légalement validée, la paisible république sénégalaise de naguère glisse inexorablement vers la classe peu enviable des foyers de tension répertoriés sur le continent africain. La faute à une volonté dynastique dénoncée par les uns et trop mollement démentie par les autres. La faute à l’obstination irrationnelle  d’un dirigeant qui a réussi, comme bien d’autres chefs d’Etat avant lui à mettre de son côté la loi fondamentale de la république. A moins que ce ne soient les personnalités chargées d’interpréter et de faire respecter cette constitution qui aient été tout simplement acquises à la cause inavouée. Toujours est-il que face à cette situation, de nombreux mouvements dont le collectif de jeunes rappeurs « Y en a marre », crient leur ras-le-bol du système Wade depuis quelques mois. Et ces derniers jours plus que jamais. Déclenchant contre eux les foudres de ceux qui à leur tour commencent à en avoir marre des contestations et des modes de protestation choisis par les manifestants déchaînés pour réclamer le retrait de la candidature jugée illégale, voire illégitime du président de la république sortant.

Il est évident que la détermination des jeunes émeutiers dakarois puise ses racines loin et de diverses sources. D’abord dans l’immense déception qu’a été pour certains d’entre eux la gestion du pouvoir par le clan Wade durant ces douze dernières années.  Ensuite dans la crainte de voir le Chef de l’Etat de 86 ans une fois réélu, de trouver le moyen de confier les responsabilités présidentielles à son fils Karim, perçu comme le véritable bénéficiaire des subterfuges et des coups fourrés que Me Wade a fait subir à ses principaux collaborateurs durant ses mandats successifs. Enfin, il me semble bien que la détermination du M23, mouvement au sein duquel est intégré le collectif « Y en marre », ne serait pas aussi optimale sans la victoire obtenue le 23 juin 2011. Victoire consécutive à des manifestations du même type qui avaient contraint le gouvernement sénégalais à retirer un controversé projet de révision constitutionnelle. Sauf que cette fois-ci, envers et contre tout, Me Wade et les siens avancent.

manifestation-senegal-16-mars2011.jpgDésormais, la police et la gendarmerie se chargent de démontrer aux protestataires qu’ils ne sont pas les seuls à avoir marre de quelque chose. D’autres aussi en ont marre d’eux. Marre de leurs protestations. Marre de leurs manifestations. Marre qu’ils en aient marre. Les violences orchestrées dans les rues de Dakar, les arrestations musclées, les inculpations successives en sont la preuve s’il en fallait encore. Dans le même temps, la grande majorité des Sénégalais se garde de réagir. De participer. De se faire entendre. Les appels à manifester de l’opposition sont de moins en moins suivies. Par crainte des brutalités policières sans doute. Mais peut-être également parce que, comme certains l’ont laissé entendre, la violence dont le collectif M23 est l’un des acteurs et la principale victime, ne fait que brouiller le massage des candidats de l’opposition, accusés dès lors de n’avoir pas d’autre programme que le départ de Me Abdoulaye Wade du pouvoir. Car il y a forcément un peu de désapprobation des deux camps en présence dans le silence assourdissant de cette majorité de Sénégalais qui observent les manifestants et leurs poursuivants de la fenêtre de leurs maisons, du balcon de leurs immeubles, de l’intérieur de leurs voitures garées au loin.

A l’issue des opérations électorales du 26 février, date du scrutin, on devrait commencer à savoir de qui ces millions de Sénégalais ont réellement marre. A condition, bien sûr que la sincérité du vote et la régularité du dépouillement soient garanties. En attendant, il serait peut-être temps que les principaux challengers du Président Abdoulaye Wade se mettent en campagne et sollicitent directement le choix des électeurs. Car, il est désormais très peu probable que le camp présidentiel cède manitenant en laissant s’affronter seuls les candidats de l’opposition. Les professions de foi de certains d’entre eux comme Idrissa Seck et Macky Sall, faisant état de ce que le Président Wade ne peut en aucun cas se prévaloir au premier tour de plus du quart des suffrages exprimés, si elles se fondent sur le récent projet de révision constitutionnelle aux fins duquel le président pouvait être déclaré élu au premier tour avec 25% des suffrages, ne reposent sur aucune donnée technique fiable. Et pour être des hommes du sérail, ces deux-là et les autres n’ignorent pas comment en Afrique, certains gagnent les élections. Me Wade qui, en dépit des circonstances, annonce sa victoire dès le premier tour, a peut-être déjà pris des cours.

 

James-William GBAGUIDI 

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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 09:22

 

sarkozy nLe Président-candidat est enfin candidat-président. C’est la fin de la grande supercherie. A moins de trois mois de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a bien fini par se lancer officiellement dans la course. La retenue fictive dont il a fait preuve durant ces dernières semaines devenait de moins en moins tenable. Il n’était que temps pour que la bataille s’engage à armes égales. Reste à savoir ce que le président sortant des Français gagne ou perd de cet engagement officiel dans la course à sa propre succession.

Il est une chose que l’entrée en campagne officielle de Nicolas Sarkozy a fait dire à son principal adversaire François Hollande, qui parait pour le moins vraie : depuis qu’il est élu, le président de la république est en campagne. Il n’y aurait donc rien de spécial à attendre de l’officialisation de la candidature du président sortant de la France à l’occasion de l’élection présidentielle qui s’annonce pour mai 2012. En effet, qui ne se souvient pas des débuts tonitruants du 1er mandat du non moins singulier Nicolas Sarkozy ? Qui n’a pas souvenance de cette fameuse politique d’ouverture à gauche ? Qui a oublié le président bling-bling qui se voulait proche de tous les Français ? Qui n’a pas en mémoire l’hyper-président présent sur tous les fronts et certain d’être le seul à pouvoir démêler tous les écheveaux ? Qui a omis le populisme exacerbé qui a marqué les premières années et qui marque encore les dernières ? Le temps a peut-être en partie douché son enthousiasme, de même que sa chute vertigineuse dans les enquêtes d’opinion favorable a dû le recadrer dans une certaine mesure, mais toujours est-il qu’il faut remarquer qu’aujourd’hui encore, l’homme n’a pas changé. Pas beaucoup en tout cas.

Nicolas Sarkozy enfin dans le costume du candidat, c’est la fin d’un faux suspense. Une attente artificielle de ses partisans qui avaient déjà bien compris à travers l’attitude de leur champion que le temps était désormais compté. En s’engageant, le président sortant accepte le risque de brouiller les perceptions que ses compatriotes ont de son action, mettant désormais chaque mot, chaque geste, chaque sortie sur le compte du temps de campagne. Et aucun peuple n’ignore plus, moins les Français en tout cas que d’autres, que les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient. Il est évident que de longue date, Nicolas Sarkozy avait déjà entamé les démarches nécessaires à un « paraître » plus policé et un « être » plus digne. Toutes ces choses qui lui manquaient et ont été à l’origine des premiers désamours entre les citoyens et leur chef de l’Etat peu de temps après le début du quinquennat. Le suspense terminé, il n’est pas grand-chose susceptible de changer. A priori. Cela fait déjà plusieurs semaines, depuis le choix par les Socialistes de François Hollande pour porter leurs couleurs, que le parti présidentiel et son désormais candidat-président attaquent ou contre-attaquent sans relâche. L’officialisation de la candidature de Nicolas Sarkozy ne va pas changer ça, bien au contraire.

Néanmoins, en entrant dans la danse, le président sortant consent à combattre à armes presque égales avec ses adversaires. Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel va désormais compter son temps de parole au même titre que celui de tous les candidats déclarés. Il ne devrait plus pouvoir réunir ses partisans, militants et sympathisants de l’Union pour la Majorité présidentielle (UMP) sous le couvert de rassemblements publics, avec les moyens de l’Etat. Il ne devrait plus pouvoir mettre ses déplacements sous l’égide de ses fonctions présidentielles et en profiter pour mener insidieusement campagne.

C’est pour toutes ces raisons et surtout parce que les sondages d’opinion sont extrêmement défavorables à Nicolas Sarkozy pour l’instant que certains de ses adversaires voient en lui un candidat battu d’avance. Mais une fois cette déclaration de candidature faite, il faudra désormais compter avec l’habile animal politique que s’est déjà montré être le président français. La bataille pour la succession ne fait que commencer. Et nul ne devrait vendre la peau du sarkozisme avant de l’avoir anéanti.

 

James-William GBAGUIDI

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 08:43

Gervinho-reconforte-par-son-President-de-la-republique-.JPGQui a porté malheur à la Côte d’Ivoire de François Zahoui et Didier Drogba ? Qui a donc a jeté ce misérable sort qui une fois de plus prive l’équipe des Eléphants de monter sur la plus haute marche du podium du football continental ? Qui ? Pour certains Ivoiriens, le coupable est tout désigné : Didier Drogba. Pour d’autres, Gervinho. Mais un nombre encore plus important pense avoir un bouc émissaire idéal. Le poisseux parfait en présence et sous le règne duquel rien de positif ne saurait arriver à la Côte d’Ivoire, quelles que soient les circonstances : Alassane Dramane Ouattara, président de la république.

Tous les Ivoiriens ne désiraient-ils pas voir les Eléphants remporter la Coupe d’Afrique des Nations ? L’équipe menée par Didier Drogba aurait-elle donc échoué à décrocher le plus grand trophée continental du football avec la bénédiction de certains de ceux qui auraient dû lui apporter un inconditionnel soutien ? On appellerait cela de l’antipatriotisme, voire de l’apatridie. Mais à dire vrai, le soutien était là et bien là. L’envie de voir l’équipe nationale emporter le graal tout autant. Mais tout le monde n’a pas apprécié positivement la tentative de récupération politique opérée par le président Alassane Dramane Ouattara qui, à la veille du match, est allé apporter son soutien aux Eléphants avec toute sa délégation présidentielle. « Nous ne sommes venus mettre aucune pression sur vous », n’avait-il cessé de proclamer, mais de fait, se faire rappeler par le Chef de l’Etat en personne que l’on est les meilleurs et que le peuple compte sur soi ne peut produire que de la pression. En bons professionnels que les joueurs ivoiriens sont, ils auraient dû savoir gérer cette situation. Rien ne dit d’ailleurs qu’ils n’ont pas su la gérer. Tout ce que le téléspectateur avisé a pu remarquer au cours du match, c’est la supériorité physique des Chipolopolos de Zambie dans bien de compartiments du jeu et la sérénité mentale qui a permis en fin de compte à cette équipe de gagner.

Mais alors, cela suffit-il pour que certains Ivoiriens attribuent cette défaite à la présence sur place d’Alassane Dramane Ouattara ? En quoi ADO a-t-il commis une erreur en allant apporter son soutien aux joueurs qui quelques heures plus  tard étaient censés aller défendre les couleurs nationales ? Ne l’aurait-il pas fait que les mêmes personnes n’auraient-elles pas fustigé un manque de considération et d’égard de la part de la première autorité de l’Etat ? Il faut peut-être mieux revisiter les propos qui ces derniers jours ont fusé sur internet, dans certains journaux et sur certains sites internet pour comprendre que l’amertume de la défaite réveille les rancœurs politiques enterrées ou simplement cachées il y a peu. Selon les uns, la simple présence du président ivoirien à Libreville a suffi à faire perdre le match aux Eléphants. Pour d’autres, c’est l’excès de pression induit par cette présence. Pour d’autres encore, c’est la mine réjouie du président avant l’exécution du pénalty qui a fait s’envoler le ballon de Didier Drogba.

Que de superstitions ! N’avez-vous déjà pas entendu accabler certains autres dirigeants africains de la sorte ? ADO n’est pas le premier et ne sera pas le dernier. L’amertume de la défaite fait parfois dire tout et n’importe quoi. Dans le cas d’un Etat qui sort difficilement d’une guerre et d’une crise politico-militaire qui a duré plus d’une dizaine d’années, au terme de laquelle le nouveau président a dû imposer sa légitimité par la force des armes, cela est encore plus normal. La fonction pacificatrice qu’aurait dû jouer la victoire des Eléphants laisse place à une acrimonie dans laquelle se régénèrent très vite les rancœurs d’hier et où se préparent les affrontements de demain. Si les Eléphants avaient gagné la CAN, les dizaines de milliers de supporters qui seraient venus les accueillir à l’aéroport auraient indistinctement été membres du FPI, parti de l’ex-président Gbagbo, du PDCI d’Henri Konan Bédié et bien sûr du RDR d’Alassane Ouattara. Mais il est fort à parier que les quelques milliers de personnes qui se sont décidées à aller consoler les joueurs rentrés bredouilles ne sont pour la plupart que des partisans du Président ADO.

La réconciliation par le foot en Côte d’Ivoire va encore attendre son heure. 2013, ce n’est plus bien loin, les Ivoiriens peuvent toujours espérer. Mais en attendant, Alassane Dramane Ouattara, sa coalition et son gouvernement doivent commencer à chercher de nouveaux moyens de ramener la paix, la sécurité et la quiétude dans le cœur de chacun de leurs concitoyens. Réussir là où le sport-roi vient d’échouer.

 

James-William GBAGUIDI 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 21:25

 

Tantaoui-17899La révolution du Tahrir a échoué. Pour le moment. La corruption, les violences policières, la faim, tous ces fléaux qui ont jeté les Egyptiens dans la rue à la suite des Tunisiens et avant d’autres peuples du monde arabe sont toujours présents et bien présents. La chute du raïs, réduit aujourd’hui à subir son procès sur une civière et dans une cage, n’a rien apporté de nouveau ni de bon. Sauf à constater peut-être que le monde arabe est loin d’être aussi prêt pour la démocratie que voulaient le croire les manifestants et les martyrs qui, depuis un an, se sacrifient pour une révolution décidément inaccessible.

Lorsque le 11 février 2011, le président Hosni Moubarak finissait par capituler à la suite de trois semaines ou presque de manifestations sans précédent, nombreux étaient ceux qui avaient laissé éclore l’espoir que la révolution qui venait de s’accomplir en Tunisie allait positivement embraser le monde arabe et achever de mettre fin à des régimes despotiques vieux pour certains de plus de quarante années. Ce fut le cas. Mais positivement, c’est sans doute trop optimiste de le dire. La Libye n’a dû le salut de son soulèvement qu’à la mise en application de la « responsabilité de protéger » en droit international, excipé par les Nations Unies pour chasser le Guide Mouammar Kadhafi du pourvoir. Cela aura coûté six à dix mille morts. Le Yémen doit le retour à un semblant de stabilité à la démission tardive de son président entretemps blessé au combat et privé de bien de ses capacités de gestion des affaires de l’Etat. Là encore, des centaines, voire des milliers de Yéménites y ont laissé leur peau. La Syrie quant à elle compte toujours ses morts. Par dizaines, chaque jour. L’Algérie et Bahreïn ont fait le dos rond. Parfois avec le soutien de puissances étrangères. Et le Maroc a esquivé habilement l’estocade.

egypte.jpgL’Egypte est et peut être considéré comme le prototype de l’échec partiel ou même total, l’avenir nous le dira, des révolutions dans le monde arabe. Depuis la chute du Raïs, la place Tahrir n’a jamais vraiment désempli. Pour des raisons et d’autres, certaines aussi légitimes que d’autres sont douteuses, une partie des manifestants égyptiens y retourne régulièrement pour crier son amertume et sa déception face à la situation dans le pays. Et il y a de quoi. Depuis février 2011, et pour dire vrai, depuis 1952, le pouvoir reste aux mains des militaires égyptiens. Hosni Moubarak en était. Le conseil militaire chargé de la gestion de la transition après sa chute également. Et pas grand-chose ne donne la certitude aux émeutiers que le pouvoir sera bientôt rendu au peuple, à un pouvoir civil dans de totales conditions d’équité et d’indépendance. Les violences que cette même armée a refusé d’exercer contre les manifestants désarmés en furie contre le régime Moubarak, elle en fait usage sans ciller désormais. Ou laisse faire la violence gratuite de la rue quand elle sait que sa responsabilité ne peut facilement être établie. De quoi maintenir un climat de terreur et continuer de gérer les affaires de l’Etat. Par ailleurs, il va sans dire, les conditions de vie des populations se sont dégradées. Pire encore que ce  qu’elles étaient du temps du régime défunt. De nombreux citoyens qui ont perdu leur emploi au cours des événements de la révolution peinent à se faire réembaucher. Pour d’autres, c’est simplement la perte de tous les repères sociaux, culturels, administratifs. Les conflits religieux entre minorités chrétiennes (coptes notamment) et musulmans se multiplient et font de plus en plus de victimes. La pauvreté, la misère, la faim sont loin d’avoir reculé. L’Egypte post-révolution est plus invivable que l’Egypte pré-révolution.

Les perspectives politiques du pays des pharaons ne laissent pas non plus beaucoup d’espoir. A l’issue de scrutins aussi compliqués que controversés, tenus dans les conditions que tout le monde a vu, il s’établit désormais que les forces politiques majoritaires du pays ne sont autres que les Frères musulmans, suivis de groupes salafistes (radicaux) loin devant les laïcs et les modérés. Allez demander son avis à Claude Guéant, il vous dira que la civilisation qui s’annonce pour diriger l’Egypte de demain ne vaut pas celle de la France d’aujourd’hui.

Une chose est certaine, dans les circonstances actuelles, les Egyptiens ont bien de choses encore à réaliser pour accomplir leur révolution. Mais rien de bon ne se fera dans la chienlit qui règne. Rien.

 

James-William GBAGUIDI 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 19:04

WadeQu’est-ce qui donc fait courir et tenir Me Abdoulaye Wade ? Car il faut bien le dire, pépé Wade tient. Il tient plus que tout à aller jusqu’au bout de son ambition de se succéder pour la deuxième fois à lui-même. Il tient obstinément à conserver le pouvoir qu’il a, ailleurs, recommandé à d’autres de quitter. Il tient à réaliser son rêve (dynastique?) envers et contre tout.

Il ne semble plus rien y avoir comme moyen de faire entendre à Abdoulaye Wade, président sortant du Sénégal, la raison qu’il avait pris la liberté, il y a quelques mois d’aller prêcher à Mouammar Kadhafi de la Libye ou encore à Laurent Koudou Gbagbo de la Côte d’Ivoire. Il est vrai que les circonstances ne sont pas exactement les mêmes. Alors que le second se refusait à rendre un pouvoir perdu à la régulière, le premier rechignait à quitter les privilèges dont il avait la sensation d’être en Libye l’unique et perpétuel dépositaire. A l’un et A l’autre, il existait des raisons de penser que la légitimité avait tourné dos. Papy Wade par contre, va à la quête de la légitimité.  Du renouvellement de cette légitimité que lui contestent aujourd’hui bien de ses compatriotes à tort ou à raison. Mais dans les circonstances actuelles, à la lecture du processus qui a conduit le Sénégal au bord de la crise qui couve, il n’y a pas à dire, le Vieux Abdoulaye Wade fait preuve d’une obstination obscure. Sauf à entrer dans le secret de ses intentions profondes.

Il n’est pourtant pas beaucoup d’effort à fournir pour comprendre ce qui fait courir Abdoulaye Wade, autant que ce qui le fait tenir. Pépé Wade se bat pour son fils. Karim. Il suffit de revisiter le parcours chaotique de tous les collaborateurs, sacrifiés sur l’autel des ambitions dynastiques du vieux président sénégalais pour se le rappeler (voir chronique du 20 juin 2011 : Le père, le fils et l’esprit malin). Tout, depuis 2002, a été mis en œuvre pour baliser le chemin au seul qui aux yeux de Me Wade a trouvé toute grâce. L’autre  fils adoptif et spirituel, les alliés de circonstance, les pourfendeurs de l’opposition, les repentis, les fidèles serviteurs… Tous ceux qui à un moment ou à un autre ont, par l’accroissement de leur aura et de leur popularité menacé l’affirmation des ambitions du fils, ont été balayés. Sans ménagement. Jusqu’au 23 juin dernier et le réveil du peuple sénégalais qui a obligé le Président de la République à renoncer à son projet de révision constitutionnelle qui aurait grandement ouvert pour le père et le fils les chemins de l’éternité dynastique. Depuis, Karim fait profil bas. Il fait moins parler de lui. Il se cache presque. En dépit de son rôle non négligeable de responsable de la logistique de la campagne électorale de Papa.

Il se pose donc la question de savoir si l’obstination de Pépé Wade n’est pas vaine si en tout cas, elle n’est destinée qu’à servir les ambitions d’un fils mal à l’aise avec les foules et incapable de galvaniser les troupes comme le réussit encore si bien son père en dépit de ses presque 86 ans. Il me semble pour ma part que la réélection de Me Wade n’est pas de l’ordre de l’irréalisable. L’homme détient les moyens de l’Etat. Il en fera sans doute usage, s’il ne le fait déjà. Nul ne sait à quel point la liste électorale est fiable, ni combien la Commission électorale nationale autonome est autonome. D’autres chefs d’Etats en exercice en Afrique ont déjà usé de ces moyens pour se faire réélire. Et l’opiniâtreté farouche de Me Wade ne laisse rien présager de bon à cet effet. D’autant mieux que l’opposition, éclatée en plusieurs candidatures, réunie au sein de l’hétéroclite coalition du M23 peine à rassembler autour du mot d’ordre de l’exigence du retrait de la candidature du Vieux.

Tout de même, cela n’implique pas systématiquement la réalisation du rêve inavoué de Me Wade de voir son fils lui succéder. Les Sénégalais ignorent de moins en moins les antagonismes larvés entre l’actuel Premier Ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, directeur de campagne du président sortant et Karim Wade. Il faut croire que le Vieux n’a encore rien remarqué. Souleymane Ndéné Ndiaye ne ferait pas de vieux os sinon. A moins d’être le faire-valoir qui démontre que Papy Wade n’avait pas renvoyé les autres pour faire de la place à Karim. Ou alors, un renvoi par les temps actuels serait un mauvais calcul.

On peut commencer à douter, question de sénilité, de la justesse des calculs de Me Abdoulaye Wade dans l’optique de l’organisation de sa succession au profit de son fils avant la fin du mandat qu’il ambitionne se voir renouveler. Les Sénégalais, même ceux du camp présidentiel sont-ils prêts à laisser leur destin entre les mains d’un parvenu politique qui n’aura même pas eu le courage de battre ouvertement campagne pour la conquête du pouvoir qui lui est presque promis ? Le proverbe dit qu’il vaut mieux tenir que courir. Papy Wade fait les deux. Et il le fait bien. Pour l’instant. Mais pour quel résultat ?

 

James-William GBAGUIDI

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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 02:25

Armee-americaine-Irak.jpgC’est un retrait, la queue entre les jambes… ou presque. Pour l’observateur non averti. Neuf années presque après avoir envahi le territoire de l’Irak envers et contre toutes les prescriptions du droit international, les Etats-Unis d’Amérique s’en vont. Le contingent qui au plus fort du conflit a pu compter jusqu’à 160.000 soldats américains en même temps va se réduire à 150 instructeurs militaires. C’est la fin d’un cauchemar qui aura fait 4.500 tués parmi les G.I.’s et plus de 120.000 morts irakiens, soldats et civils compris. C’est aussi la fin de la longue attente de deux peuples qui voulaient pour le premier voir rentrer ses enfants envoyés à la mort dans une guerre incomprise et pour le second voir partir « l’occupant » toujours encombrant. Dès lors, l’inévitable bilan donne des résultats bien plus que mitigés. Et pourtant.

Ce qui avait motivé la « guerre préventive » déclarée par George Walker Bush à l’Irak en 2003, c’est la conviction qu’il avait brandie de la présence dans ce pays de stocks d’armes de destruction massive destinées à être utilisés contre les Etats-Unis. Guerre préventive. Notion fumeuse, en déphasage avec tout le droit international. Le Président américain n’avait pas hésité alors à susciter la théorisation et la justification d’un conflit armé basé sur cette sorte de « légitime défense proactive ». L’opposition à cette époque de la France, mais aussi de la Russie et de la Chine, éternels récalcitrants, au Conseil de Sécurité de l’ONU n’a eu d’autre effet que d’encourager la première puissance mondiale, qui se disait menacée, à agir seule. Bien sûr avec à ses côtés, son éternel et traditionnel allié britannique et une coalition constituée d’autres Etats plus ou moins artificiellement motivés. Le contexte international était alors celui de l’après 11 septembre 2001. Les Etats-Unis comptaient leurs amis et recherchaient leurs ennemis. Saddam Hussein qui a eu le tort de se réjouir publiquement de la destruction des Twin Towers et de la tragédie américaine subséquente, était de la seconde catégorie. Classé dans « l’Axe du Mal ». Et il fallait en finir avec lui.

Depuis mars 2003, le monde a successivement regardé se dérouler la fulgurante victoire de la coalition internationale, la fin du régime sanguinaire du Raïs de Bagdad et l’enthousiasme de tout un peuple libéré du joug de la servitude. Mais le spectacle a très vite changé d’allure. Terrorisme, nationalisme, corruption au sommet de l’Etat, guerre civile, accalmies et résurgences des violences… L’Irak post Saddam aura tout connu. Des crises politiques interminables aux procès expéditifs dont celui de l’ex-président capturé, jugé, condamné et pendu en décembre 2006. Des attentats suicides contre les soldats américains aux exactions commises par ceux-ci à la sinistre prison d’Abou Grahib. De l’impossible quête des armes de destruction massive au difficile retour dans le cercle fermé des pays exportateurs de pétrole. Neuf ans pratiquement après le début de la guerre, le retrait décidé par le successeur de George Bush et qui est désormais effectif pose la question de la résolution de tous ces problèmes.

A en juger par le visage qu’offre l’Irak d’aujourd’hui, il est évident que rien n’a été réglé. Les Etats-Unis n’auront tout au plus réussi qu’à renverser le féroce Raïs, sans jamais avoir pu se faire reconnaître, pas plus que l’instant d’une liberté retrouvée, comme de véritables libérateurs. La situation politique en Irak est aujourd’hui d’une extrême fragilité. La situation sécuritaire demeure à la solde de milices terroristes et de groupes d’auto-défense tandis que l’armée nationale mise en place à grands frais par les alliés occidentaux, peine à faire ses preuves en matière de maintien de l’ordre et de la quiétude. La situation économique de l’irakien lambda s’est détériorée, comparativement à ce qu’elle était sous le dictateur, à en croire nombre d’Irakiens. L’accès à l’éducation, à la santé et aux loisirs pour tous reste une chimère.

On peut donc aisément comprendre pourquoi le président Barack Obama s’est bien gardé de tout triomphalisme lors de son discours annonçant le retrait des derniers soldats d’Irak, de même que la sobriété de la cérémonie de repli du drapeau américain à Bagdad. Il eut sans doute fallu rester une peu plus pour achever ce qui avait été entamé, mais la guerre d’Irak était devenue trop impopulaire. Rejetée par plus de 70% du public américain. A moins d’un an des élections présidentielles. Alors même que ce retrait était une promesse électorale du Président Obama. Il me semble même que quelles que puissent être les circonstances en Irak à l’heure actuelle, rien hormis un risque avéré d’invasion par l’Iran, ne pouvait plus expliquer le maintien des troupes américaines sur place.

Il faut tout de même noter que certains objectifs non dits sont quant à eux atteints. Et bien atteints. Les juteux chantiers de la reconstruction de l’Irak, mais aussi et surtout les contrats d’exploitation du brut irakien et d’équipement de la nouvelle armée irakienne en matériel, sont aujourd’hui du seul ressort des Etats-Unis d’Amérique et des pays ayant tenu leur rôle à leurs côtés jusqu’au bout. Qui a dit que le retrait d’Irak s’est opéré sur fond d’échec absolu ?

 

James-William A. GBAGUIDI

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