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3 octobre 2016 1 03 /10 /octobre /2016 08:58
Nouveau mode de recrutement des bacheliers dans les écoles universitaires : transfert de népotisme ?

La réforme de l’enseignement supérieur passera aussi par par celle du mode de recrutement des apprenants dans les établissements professionnels. C’est ce qui ressort en tout cas d’une décision récente prise par la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, aux fins de laquelle le recrutement des nouveaux bacheliers à titre de sponsoring pour le compte de l’année académique 2016-2017 sera réalisé par le Ministère même par le biais d’une Commission spéciale en vue de limiter les outrances des années antérieures. Enseignant dans une université publique et plus particulièrement dans une école où j’ai vu exploser les effectifs et chuter le niveau des apprenants, je devrais peut-être m’en réjouir. Mais je ne sais trop pourquoi, j’ai des appréhensions. La vague impression qu’il ne s’agit que d’un transfert de népotisme.

Les établissements d’enseignement professionnel des universités publiques, tels que l’Ecole nationale d’Administration et de Magistrature, l’Ecole nationale d’Economie appliquée et de Management, la Faculté des Sciences de la Santé, l’Ecole nationale des Assistants sociaux, l’Ecole polytechnique d’Abomey-Calavi et autres, ont vocation à former des cadres censés avoir déjà été recrutés ou devant l’être immédiatement après leur formation, dans l’administration publique. Au surplus, sont admis les élèves et étudiants dont des entreprises privées assurent payer la formation en qualité d’employeur, c’est le « sponsoring ». De fait, le nombre de candidats retenus à l’entrée dans ces écoles devrait être limité, même si par ailleurs, le nombre de bacheliers chaque année connait une augmentation substantielle. Pour contourner ces restrictions, de nombreux parents de jeunes étudiants font passer leurs enfants pour de futurs cadres d’entreprises privées et obtiennent pour ces derniers des attestations qui leur permettent de les faire admettre dans ces écoles à titre de sponsoring. Conséquence, avec des listes d’inscription qui fusaient de partout (Ministère de l’enseignement supérieur, Ecoles universitaires et même parait-il de la Présidence de la République, voire du Cabinet de la Première Dame), les effectifs dans les classes pouvaient rapidement s’apparenter à ceux des facultés classiques où ils atteignent des centaines, voire même des milliers.

C’est probablement en réaction à cette situation qui a débordé de toute évidence les Directeurs de ces écoles universitaires que le gouvernement vient donc de décider de prendre personnellement en mains le processus de recrutement des nouveaux bacheliers dans les centres universitaires. Le problème, c’est que la solution risque de n’être pas vertueuse à très long terme. Ce que cherche à combattre le gouvernement en prenant cette décision, c’est le népotisme qui naguère, s’est instauré en système dans le processus. Mais est-ce seulement en déchargeant les établissements de cette prérogative que le problème pourra être résolu ? Quelles sont les nouvelles règles fixées ? Qui seront les membres de la Commission spéciale de recrutement ? Sont-ils au-dessus de tout soupçon ? Et puis, on est au Bénin ; et on a déjà vu faire. Comment réagiront certains d’entre eux quand un ami, un parent, un proche les suppliera de « tout faire » pour que son enfant soit admis à la FSS, à l’ENAM ou dans une autre école prestigieuse ? Lequel des membres de cette commission ne serait pas susceptible de se laisser attendrir par l’idée de laisser recruter ne serait-ce que le neveu de 18 ans de son meilleur ami qui ne remplit pas tout-à-fait les conditions, mais qui vient d’obtenir son baccalauréat et dont le papa rêve de le voir fréquenter une école véritablement crédible sans avoir les moyens colossaux qu’exigent les universités privées ?

Peut-on vraiment lutter contre le népotisme dans ce domaine ? La réponse est oui, c’est vrai. Il suffit d’élaborer des critères stricts et de s’y tenir rigoureusement. En l’espèce donc, il n’était pas vraiment utile à mon sens, de dessaisir les établissements de leur prérogative de recrutement. J’espère seulement que chacun d’eux sera représenté dans la fameuse commission de gens vertueux. En attendant que la vertu, encore une fois, ne déserte les lieux.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 21:53
Lionel Zinsou et la danse du yoyo

Retraité, pas retraité ? Retiré, pas retiré ? La vie politique béninoise fait danser le yoyo à Lionel Louis Zinsou Derlin. L’ancien premier Ministre béninois ne sait visiblement plus à quels saints vouer son destin politique dans le pays de son père. Il y a quelques semaines, il annonçait vouloir s’occuper de ses affaires, s’éloignant de fait des tribulations et soubresauts qui ont rythmé son quotidien dans l’arène politique béninoise depuis qu’il y a été désigné pour porter l’héritage de Thomas Boni Yayi à l’occasion de la présidentielle de mars 2016. Pourtant, depuis, il n’a de cesse de se prononcer sur les turbulences de l’actualité nationale. Curieusement, comme si son fameux retrait n’était que factice.

Lionel Zinsou se perd en contradictions, à moins de ne savoir ce que cela signifie que de se retirer ne serait-ce qu’à titre provisoire, de la vie publique. Il est vrai qu’avant son expérience politique béninoise couronnée du peu de succès qu’il a récolté, du fait de l’iconoclaste Président sortant dont il trainait l’héritage comme un boulet, il n’avait pas connu de véritable engagement dans la vie publique, et encore moins de manière aussi franche. Français également et donc forcément observateur de la vie politique au pays des Gaulois, il n’ignore pourtant sans doute pas ce que signifie retrait. Et donc, s’il en vient à vouloir jouer sur les deux tableaux, celui de l’acteur politique retiré et celui du commentateur assidu, il est forcément en désaccord avec lui-même. Et certains de ses propos récents en attestent.

« La politique n’est pas un métier », dixit Lionel Zinsou. De nombreux thuriféraires de la chose politique, alimentés par différents gouvernements de Mathieu Kérékou à Boni Yayi, et qui n’ont jamais eu d’autres revenus que ceux procurés par leur engagement auprès de tel ou tel acteur politique, sont là pour prouver que si. Ne serait-ce qu’au Bénin. Mais quand il le disait, l’ancien Premier Ministre béninois ne pensait pas particulièrement à ces profiteurs du denier public. Il répondait à ceux qui espéraient le voir au quotidien ou presque, commenter l’action politique de son ancien challenger et actuel président Patrice Talon.

Réponse négative à priori à ce type d’invitation ; ce qui n’empêche pourtant pas l’homme de s’en donner à cœur joie ces derniers temps. C’est lui qui par-ci estime que l’idée du mandat unique défendue par le Président de la République dans la perspective des réformes politiques n’est pas tout-à-fait saugrenue, par-là trouve que six mois, c’est trop tôt pour attendre des résultats de Patrice Talon ; c’est lui encore qui estime être prêt à servir aux côtés du Chef de l’Etat, pour peu que ce dernier estime clairement avoir besoin de lui. Sans oublier sa fameuse phrase « On n’abandonne jamais ses électeurs » dont la finalité devrait être un engagement constant, à la béninoise, auprès des centaines de milliers d’électeurs qui en mars 2016 lui ont fait confiance, mais dont il ne peut jurer de la fidélité constante à l’heure actuelle, bien au contraire.

Drôle de façon de se retirer de la vie politique. En France, la diffusion commentaires au sujet de l’actualité publique après l’annonce d’un retrait provisoire ou non, s’appelle un « come-back ». Et on n’en fait pas plusieurs par mois sans s’exposer aux diatribes des commentateurs et éditorialistes de presse. A Lionel Zinsou donc de savoir exactement comment il se positionne. Faire de la politique au Bénin un métier ne serait-ce que secondaire, ou se tenir à carreau une bonne fois pour toute ou pour une durée plus ou moins importante. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, rien au Bénin, ne lui garantit un avenir politique plus radieux que son passé récent.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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29 septembre 2016 4 29 /09 /septembre /2016 21:39
Vers une sortie de crise à l’UAC ?

Un vent de paix souffle ces derniers jours sur le campus d’Abomey-Calavi. Accalmie significative dans la crise qui oppose une partie des étudiants aux autorités rectorales ou calme précaire avant la prochaine tempête ? Mystère et boule de gomme. Une chose est certaine tout au moins, l’espoir d’un règlement de la crise, qui s’est profilé grâce à l’entregent de la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Marie-Odile Atanasso, notamment à l’occasion du séminaire-atelier de Bohicon sur le système LMD (Licence-Master-Doctorat), n’est sans doute pas vain. A moins que les recommandations adoptées au final s’éloignent diamétralement des desiderata des apprenants. Et ce risque n’est pas nul, bien au contraire.

La perspective la plus heureuse pour les étudiants à l’heure actuelle, c’est la réintégration envisagée et de plus en plus plausible des 21 de leurs responsables à divers niveaux qui avaient été suspendus de toute activité académique pour une durée de cinq ans pour raison d’indiscipline entre autres. Leur hargne, leur opiniâtreté, voire pour certains leur insolence dans le cadre du bras de fer qui les opposait aux autorités décanales de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines (FLASH), leur avait valu cette sanction sévère sans doute voulue exemplaire. Sanction qui pourrait donc être levée, pour peu que les autorités y consentent comme cela semble être le cas à l’heure actuelle et que les concernés donnent quelques gages de leur bonne volonté de sortir de la crise.

De là à qualifier le scénario de chantage, il n’y a qu’un pas que je ne doute pas que l’un au moins des trois mouvements syndicaux estudiantins franchisse dès lors qu’il sera clairement question d’accepter en retour ce qu’auront retenu officiellement les autorités des assises de Bohicon. De ce côté-là en effet, les échanges n’ont pas été assez consensuels entre enseignants, autorités et étudiants pour que l’on puisse espérer en sortir des résolutions tout-à-fait communes. Le débat sur le paiement ou non des frais de scolarité sur le campus, qui s’est invité au séminaire-atelier n’a fait qu’éloigner les points de vue des différentes parties et la non publication, à ma connaissance, du rapport officiel, en est un des signes les plus évidents. De plus, même si la fameuse session de rattrapage à la FLASH, point d’orgue de la crise en cours semble avoir trouvé solution, et que le gouvernement a annoncé un plan d’urgence de construction d’infrastructures universitaires, les autres points de discorde risquent en définitive de faire perdurer une crise qui semble bien inextricable. Déjà que certains responsables étudiants jugent le plan d’urgence gouvernemental en contradiction avec les exigences du LMD.

Il existe pourtant solution à la crise universitaire. Une solution qui ne peut se borner à convenir à quelques protagonistes seulement, laissant en rade les autres. Ce qui fait le plus défaut aux acteurs de cette crise, c’est la capacité d’écoute et la bonne foi. Je ne dirai pas de la part de qui exactement. Mais ils savent. Mieux on s’écoutera, plus on se parlera et plus on se comprendra pour donner un avenir meilleur à ces milliers, ces dizaines de milliers d’étudiants qui ne demandent qu’à étudier.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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28 septembre 2016 3 28 /09 /septembre /2016 10:53
COS-LEPI : Revoilà les budgétivores et leurs calendriers élastiques !

Patatras, les revoilà avec leurs budgets et calendriers extensibles sans limites ! Le nouveau Conseil d’Orientation et de Supervision de la Liste électorale permanente informatisée (COS-LEPI) est là ! Si vous ne le saviez pas, c’est que vous ne suivez pas beaucoup l’actualité nationale. Soit par dépit, parce qu’il ne s’y passe plus grand-chose pour les amoureux de joutes politiques que vous êtes en Béninois bon teint, soit parce que ce sont les Jean Ping et Ali Bongo, les Hillary Clinton et Donald Trump, les Bachar, Barack et Poutine entre autres qui retiennent votre attention à l’extérieur. Mais on peut concilier les deux, vous savez… question de demeurer intelligemment informé sur tout. Bref, revenons à nos moutons, pardon ! Plutôt aux membres du COS-LEPI (qui ne sont bien sûr pas des moutons) et qui justement, quelques jours seulement après leur installation, nous annoncent déjà la disponibilité de la liste électorale actualisée pour le 15 janvier 2017, en précisant « au plus tard ». Et comme moi, vous êtes peut-être tenté de vous exclamer : encore ? Eh ben, vous n’auriez pas tort.

Il y a quelques mois, alors qu’approchait à grandes enjambées l’élection présidentielle qui devait clore (enfin) le séjour au pouvoir de Thomas Boni Yayi, on a vu à l’œuvre Augustin Ahouanvoébla, alors président de l’institution, et ses pairs. Dans leurs contradictions et dans leurs errements. On en est même arrivés à se demander si ces gens-là n’étaient pas complices d’une tentative de glissement du calendrier électoral qui aurait permis à l’autre de continuer de jouir des privilèges de la plus haute fonction politique au Bénin . Le doute n’est même pas à ce jour levé des têtes les plus suspicieuses, étant donné qu’on a vu plus tard, sans vergogne et sans précaution, M. Ahouanvoébla déclarer son soutien au candidat de Boni Yayi et lui promettre la victoire, chose qui, fort heureusement n’est pas arrivée.

Bref, avant le COS Ahouanvoébla, c’étaient déjà ceux de Epiphane Quenum, Arifari Bako, Hélène Aholou-Kèkè et Sacca Lafia qui nous ont à tour de rôle donné le tournis avec leurs budgets faramineux singulièrement extensibles et leurs calendriers tout autant élastiques dédiés à la mise en place puis à la révision de la LEPI. En cinq années à peine, le Bénin a réalisé un fichier électoral dit « permanent », l’a déjà révisé au moins deux fois et s’apprête à le faire encore une fois. Je me demande finalement si ce n’est pas la loi, qui prescrit ces révisions à répétition qu’il faut commencer par réviser. La question se pose avec d’autant plus d’acuité puisque cela ne va pas sans un budget conséquent dans un pays soumis à la crise économique et à l’austérité érigée en mode de gouvernance aseptisé.

A quoi sert de réviser le fichier électoral tous les ans ? Quelle pertinence d’actualiser la LEPI en perspective d’un simple référendum moins d’un an après une élection présidentielle dont les résultats n’ont pratiquement pas été contestés ?! Plus globalement, à quoi sert le COS-LEPI dans une période qui n’est pas vraiment préélectorale ? N’aurait-on pas pu prévoir de laisser le Centre national de traitement gérer les « affaires courantes » jusqu’en 2018, veille des prochaines législatives au Bénin ?

Nous voici dans un pays pauvre, plus appauvri encore par la crise en cours chez le puissant voisin de l’Est, mais qui n’a de cesse de dilapider de l’argent. Les « élus du peuple », les députés qui devraient être les premiers à s’en désoler sont au contraire les principaux bénéficiaires de la gabegie. Ne sont-ils pas les premiers à prendre des responsabilités au sein du COS, et ce sans préjudice de leurs avantages parlementaires ? En attendant que l’un d’eux initie la révision de la loi sur le sujet, c’est une autre question qui me vient à l’esprit : si le fichier électoral ne peut être disponible que le 15 janvier 2017, que devient la promesse présidentielle d’organiser le référendum constitutionnel avant la fin de l’année en cours ?

C’est une innocente interrogation, que je partage.

James-William GBAGUIDI

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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 21:36
Où sont passés les week-ends politiques béninois ?

Encore un week-end sans le moindre soupçon d’activité politique, cela commence à bien faire ! Où sont-ils passés, depuis l’avènement de la rupture, ces hommes et femmes, ces personnalités de rangs divers qui, il y a quelques mois encore, inondaient de meetings et de déclarations tonitruantes les populations des 12 départements du Bénin presque chaque samedi et dimanche ? Que deviennent par conséquent les militants professionnels toujours prompts, partout où de besoin, à venir applaudir les personnalités, pour peu que cela puisse leur rapporter quelques subsides ? Il n’y a pas de doute, la disparition des activités politiques de fin de semaine si synchronique avec l’avènement du régime de Patrice Talon, a bien de choses à voir avec ce dernier. Mais encore…

La morosité économique qui sévit au Bénin et s’est accentuée depuis quelques mois maintenant est facteur entre autres du tarissement des sources de distribution d’argent qu’étaient naguère encore les activités politiques de week-end. Réunis par centaines, parfois même par milliers en divers endroits un peu partout à travers le pays, les populations étaient alors attirées beaucoup plus par les « frais de déplacement » qui leur étaient distribués en fin de partie que par la pertinence des messages dont étaient venus les abreuver les beaux parleurs. Autrement, le candidat de Boni Yayi n’aurait jamais pu perdre la dernière présidentielle, ses partisans ayant pendant dix ans été les plus présents, les plus actifs et les plus généreux sur tous les terrains. On pouvait voir les directeurs de sociétés d’Etat, les responsables administratifs à divers niveaux, les Ministres, se répandre en messes de remerciements par ici, déclarations de soutiens par là pour la gloire d’un Chef de l’Etat qui se mettait lui-même souvent en pointe, toujours volubile, jamais parcimonieux quoique le discours manquait de temps à autre d’harmonie et de cohérence.

On pourrait dire que l’accalmie politique observée désormais dans le pays est due au « repos » bien mérité que s’octroient les hommes politiques et leurs finances après avoir mené ces dernières années le combat des législatives, des communales et enfin de la présidentielle. Le Bénin devrait en effet connaitre une accalmie politique entre 2016 et 2019, année de la prochaine élection d’envergure dans le pays, les législatives. Avant, est certes attendu un scrutin référendaire sur la modification de la constitution, mais qui tant que le contenu n’en est pas clairement décliné, n’éveille pas de grandes passions.

La réalité est en grande partie ailleurs. Thomas Boni Yayi et avant lui, Mathieu Kérékou dans une moindre mesure, avaient pour habitude de choisir leurs partisans parmi les plus actifs des hommes politiques, les plus mobilisateurs, les plus teigneux. Pour ceux-ci donc, les week-ends étaient mis à contribution pour faire leurs démonstrations de force et ainsi attirer la sympathie du Chef de l’Etat. De nombreux acteurs politiques, sortis de nulle part ces dernières années, sont passés par cette voie. Pour les autres que Boni Yayi a fabriqué de ses mains, il leur exigeait parait-il de se mettre en scène aussi souvent que possible, pour ravir aux maitres de terre leurs fiefs longtemps incontestés. C’est ainsi que les tournées d’explications gouvernementales sur tout et sur rien étaient annoncées et que des Ministres sans aucune connaissance dans certains domaines, allaient de semaine comme de week-end, devant les populations faire leur show avec l’assistance des hommes du terroir. Récompenses, des nominations à la clé ici et là.

Avec Patrice Talon, le mode de récompense est tout-à-fait différent. Ce sont les fidèles, les amis parmi les amis qui sont les premiers appelés aux affaires. Viennent ensuite les amis des amis dont la fidélité est clairement éprouvée. Les nouveaux ralliés dont le soutien est évidemment utile aussi. Les autres attendront. Les déclarations tardives de soutien n’ont d’impact que celles des acteurs les plus importants.

Il arrivera bien le moment où les week-ends recommenceront à bruisser de politique. En attendant, les hommes politiques de tout bord profitent des choix politiques du chantre du Nouveau départ pour faire quelques économies.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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23 septembre 2016 5 23 /09 /septembre /2016 21:32
Patrice Talon aux Nations unies : sobriété et discrétion jusque dans la cour des grands

Pas de grande annonce, pas d’esclandre. Le Bénin est resté fidèle à sa réputation de pays sage à l’occasion du discours, le premier de son mandat, prononcé par Patrice Guillaume Athanase Talon à la tribune des Nations unies à l’occasion de la 71e session de l’Assemblée générale de l’institution. Un discours simple, court, précis, marque de fabrique du Président de la République, sans grandes annonces et qui sans le moindre doute, ne restera pas dans les mémoires.

Engagement pour le climat, pour les Objectifs de Développement durable, appel à la solidarité internationale pour sortir l’Afrique de la misère… Le Chef de l’Etat béninois n’en aura pas dit plus durant les quelques minutes d’allocution qui lui étaient accordées devant le plus grand parterre de dirigeants du monde, qu’ils aient été présents en personne ou représentés. Le temps imparti est en effet trop court et même s’il en avait été autrement, il n’est pas certain que le Bénin eut fait plus dans sa présentation. Pas plus que la plupart des dirigeants des 193 Etats et plus qui siègent à l’Assemblée générale des Nations unies.

C’est pourtant là, du haut de cette tribune, que se sont déroulées des actions d’éclat et des discours enflammés qui sont restés dans les mémoires. Qui a déjà oublié Mahmoud Ahmadinejad, alors président iranien en quête de la bombe atomique, qui là devant un public médusé, appelait à l’éradication de l’Etat d’Israël de la carte du monde ? Qui a déjà oublié que c’est là, du haut de cette tribune que le Guide de la Grande Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, s’est permis en … de jeter la charte de l’organisation ? Qui a déjà oublié les discours fermes de Vladimir Poutine relatifs à la guerre en Tchétchénie et plus récemment en Syrie ? Ou encore ceux d’un George Bush revanchard sur la « guerre contre le terrorisme » consécutive aux attentats du World Trade Center en 2001 ?

C’est selon ce que pèsent les Etats dans les relations internationales que chaque dirigeant choisit ses priorités, ses mots et oriente son discours. Les poids lourds choisissent de prendre position sur les grandes questions géopolitiques mondiales. Les poids plumes s’agrippent aux priorités qui sont celles d’un monde en quête de paix et de quiétude et dans lequel ils peuvent trouver leur place. On en a quand même déjà entendus qui se sont singularisés par leurs propos, mais il en faut généralement faire des tonnes si l’on veut que les délégués de l’Assemblée se souviennent de soi.

Patrice Talon a prononcé un discours en adéquation avec l’envergure géopolitique du Bénin et la sobriété médiatique à laquelle il essaie d’habituer les Béninois. Les plus exigeants pourraient se désoler de ne pas l’avoir entendu s’incarner en leader d’une certaine Afrique, démocratique et respectueuse des droits de l’homme. Peu d’Etats peuvent en effet se réclamer de cette catégorie sur le continent. D’autres se demandent déjà pourquoi, en dépit de la proximité avec le Nigeria, il n’a pas dit mot du terrorisme international auquel est confronté le pays avec Boko Haram et les nouveaux groupes armés du Delta du Niger dont l’influence et les conséquences sur le Bénin ne peuvent plus être déniés.

Au final, le Chef de l’Etat béninois a prononcé un discours convenu, sans plus. Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mais pour un pays comme le Bénin, même si c’est une occasion manquée de se donner un peu plus de visibilité, ce n’est pas forcément à ce type d’occasion que se décline la politique étrangère.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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22 septembre 2016 4 22 /09 /septembre /2016 08:13
Quand la bière nigériane fait tourner la tête aux  douanes béninoises

Goldberg. Il n’y a pas grand monde pour me faire croire que ce nom, porté par une bière nigériane devenue virale au Bénin ces derniers temps, n’a pas un brin de chose à voir avec la décision que vient de prendre la Direction générale des Douanes et Droits indirects d’interdire l’importation par voie terrestre sur toute l’étendue du territoire national, de marchandises étrangères. L’objectif annoncé est la lutte contre l’évasion fiscale, mais je subodore en sus une tentative de réfréner les importations en provenance du Nigeria depuis que la monnaie de ce pays, le naïra, a été dévaluée.

Tout a commencé il y a quelques mois. Sur les réseaux sociaux, circulait alors la photo d’une bière nigériane accusée de provoquer à elle seule tous les maux du monde : engourdissements, saignements, cancers, avortements, hémorroïdes, décès… Et pourtant il n’aura pas fallu attendre mille ans pour la voir en vrai, envahir les tables des restaurants et bars de Porto-Novo, Cotonou et environs. Consommée de toutes parts, elle ne s’est jusque-là révélée dangereuse que pour les brasseries locales dont les produits, naturellement, ont connu une récession immédiate en termes de consommation.

Si l’invasion de boissons nigérianes au Bénin a été la plus emblématique des conséquences de la dévaluation du naïra, il y en a d’autres qui passent beaucoup plus discrètement, mais qui mettent autant en danger l’industrie locale, notamment dans le domaine agroalimentaire. On n’a jamais vu autant de marchandises en provenance du Nigeria sur les étals des marchés béninois. Voulue comme une mesure qui booste les exportations par le gouvernement nigérian, la décision prise au sujet de la monnaie, donne donc, à en juger par ce qui se passe au Bénin, des résultats intéressants de l’autre côté de la frontière. C’est sans aucun doute la motivation de la décision prise par les autorités douanières béninoises de restreindre par l’interdiction d’importation par voie de terre, l’invasion du marché béninois. Toute la question est désormais de savoir à quel point la mesure est judicieuse et si elle sera efficace.

Interdire les importations par voie terrestre des marchandises d’origine étrangère, en voilà une idée. Une formule choisie pour ne pas ostensiblement stigmatiser les importations en provenance du Nigeria. Autrement, cette mesure aurait pu mille fois être prise par le passé, du temps où la monnaie nigériane demeurait forte. Mais à l’époque, les importations de produits nigérians au Bénin étaient moins déstabilisatrices pour l’économie nationale. Les autorités nigérianes ne manqueront donc pas de comprendre que leur pays est dans le collimateur de cette décision, et on peut se demander quelles peuvent être les mesures de représailles économiques. En espérant qu’il n’y en aura pas. Rêvons toujours.

L’autre problème, c’est que jamais aucune interdiction d’importation de produits en provenance du Nigeria n’a empêché ces importations. Elles migrent simplement de la voie légale vers l’illégale, c’est-à-dire vers la contrebande. Avec plus de 700km de frontières poreuses, par où transite déjà à grands flots le carburant « kpayo », il me semble difficile que les douaniers puissent parvenir à mettre en application cette mesure. D’autant plus que les autres frontières du Bénin (avec le Togo, le Burkina, le Niger) devront être surveillées avec la même attention.

Pourquoi donc prendre une décision aussi grave si on ne peut la faire appliquer ? Peut-être que les douaniers béninois ont consommé quelques rasades de cette fameuse bière nigériane juste avant de se mettre à y réfléchir. Non, je plaisante. La décision était nécessaire ; reste à la rendre utile.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 08:21
Service militaire d'intérêt national : quand les ex-marionnettes de Boni Yayi menacent

On les avait presque complètement oubliés, ceux-là ! Les appelés du Service militaire d’intérêt national (SMIN) sont de retour dans l’actualité. Non pas parce que le Chef de l’Etat les aurait fait mobiliser pour remplacer au pied-levé des agents de santé ou des douaniers grévistes invétérés, cette époque-là est bien révolue, mais simplement et justement parce que le temps où ils pouvaient nourrir des espoirs de se voir reverser dans la fonction publique sans aucune forme de procès s’est estompé avant même le départ du pouvoir de ce cher Thomas Boni Yayi qui leur a tant promis et si peu donné.

C’était là l’une des inventions les plus caustiques de l’ancien Président de la République. Peu après son accession au pouvoir, plus à raison qu’à tort sans doute, Boni Yayi avait cru déceler une déficience de patriotisme et de discipline dans l’administration béninoise. Pour pallier cet état de fait, il n’aurait probablement pas hésité, si la possibilité lui en avait été donnée, de renvoyer tout ce beau monde dans les camps militaires pour apprendre quelques règles d’ordre et l’amour du drapeau tricolore. Mais il lui fallait se contenter de soumettre à cette fortune les nouvelles recrues de la fonction publique et plus globalement les jeunes en quête d’emploi.

Vote d’une loi, mise à contribution de l’état-major militaire et de l’armée, recrutement de milliers d’appelés dans divers domaines (santé, enseignement…) et voilà, Boni Yayi avait trouvé du nouveau bétail électoral et surtout, pensait-il, son meilleur moyen de pression sur les cadres de l’administration publique. Au moindre débrayage dans quelque secteur que ce soit pour fait de grève, le Chef de l’Etat faisait simplement appel à ses « appelés ». Pour remplacer ici des enseignants, là, des agents de santé, là encore, des douaniers, voire même des diplomates. Sans qu’à aucun moment, la procédure n’ait abouti, à ma connaissance. Les pauvres, pourtant, y croyaient. Ils avaient toujours leurs dossiers à jour, prêts à saisir la moindre opportunité que leur offrirait le Chef de l’Etat. Peut-être n’avaient-ils pas compris être devenus des marionnettes entre les mains d’un Président de la république plus soucieux de jouer le maitre-chanteur que d’offrir des emplois décents à ses jeunes compatriotes.

Depuis, les malheureux qui parmi eux n’ont jamais pu se faire insérer dans la moindre fonction publique ou privée, errent à la recherche d’un point de chute et de leurs espoirs déçus. Raison sans doute de leur réapparition dans les rues ces derniers temps, avec des slogans proprement martiaux et menaçants. Occasion toute trouvée de s’interroger sur l’application de la loi sur le SMIN qui a semble-t-il été abandonnée depuis plusieurs années du temps même de celui qui a tout fait pour que l’Assemblée nationale la vote. Occasion également de s’interroger sur la part de responsabilité de Boni Yayi dans le triste sort de ces jeunes qui menacent de devenir des « braqueurs professionnels » ou pire « Boko Haram », si rien n’est fait pour eux.

Voilà encore un des scabreux héritages de la triste gouvernance Yayi. Prompt à avilir les plus nobles des idées en les détournant à des fins machiavéliques dont lui seul, au départ, connait la destination. Sinon, un service militaire d’intérêt national pour toute nouvelle recrue dans la fonction publique, quel mal à cela ? Aucun, bien au contraire. Il a fallu que Boni Yayi en fasse des tonnes, en fasse appeler plus qu’il n’en fallait, les utilise à des fins de manipulation, et les abandonne à leur sort dès lors qu’il n’en ressentait plus l’utilité. C’est peut-être vers lui que devraient se tourner ces milliers de jeunes aujourd’hui en déshérence.

Mais il a de la chance, notre ancien Président de la République. L’Etat est une continuité, et il lui revient de régler les problèmes engendrés par les gouvernants quels qu’ils soient. En plus, nous sommes au Bénin. Pays d’indolence et pays de passivité. Ailleurs, Boni Yayi serait déjà devant la justice, confronté à ses promesses non tenues, ses mensonges, ses incartades, ses manipulations, ses trahisons… sans que quiconque ne redoute la réaction de ceux qu’il appelait les « siens du pays profond ».

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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19 septembre 2016 1 19 /09 /septembre /2016 07:36
Bénin : cette actualité qui sans Yayi, s’appauvrit

Je n’aurais jamais cru devoir faire une telle déclaration un jour, mais me voilà bien en train de regretter Thomas Boni Yayi. Oui, l’ancien Président de la République du Bénin me manque. Non pas en qualité de Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, Chef suprême des armées, Premier Magistrat, Premier des Béninois, Père de la Nation, Grand timonier, Grand maître de tous les chantiers, et je passe certains de ces titres ridicules dont l’affublaient ses thuriféraires ainsi que quelques journalistes en mal de reconnaissance à ses côtés. Titres dithyrambiques que lui aussi prenait tant de plaisir à s’entendre octroyer malgré sa gouvernance à mille lieues des qualités cachées dans chacun d’entre eux. Le Docteur-Président nous manque simplement parce que depuis son départ, la politique au Bénin a perdu de sa croustillance.

Ce n’est pas seulement en qualité de journaliste soucieux de trouver de quoi noircir au quotidien les pages d’une chronique sociopolitique que je sens le manque de Boni Yayi. Comme moi, de nombreux Béninois, des milliers tout au moins, se sont rendus à l’évidence du départ du pouvoir du Président le plus atypique de l’histoire du Bénin. Et pour cause…

Boni Yayi, c’était un homme d’action. Dans un désordre frénétique voire cacophonique certes, mais l’ancien Président de la République ne pouvait pas se tenir tranquille dans son coin 48h. Pas même les week-ends. Je dirais même, surtout pas les week-ends. Comme dépositaire du don d’ubiquité, grâce notamment à son hélicoptère, c’est lui que l’on voyait partout ou presque. Inaugurant ici un pont, visitant là un marché, posant la première pierre d’un chantier quelconque, animant ou assistant à un meeting de remerciements à l’endroit de sa propre personne…

Boni Yayi était aussi un homme non pas de parole, ça je ne saurais ni l’affirmer, ni l’infirmer, mais un homme de discours. On sait l’ancien Président de la République, volubile. De La Marina à Toukountouna, de Calavi à Kandi, de Sakété à Aplahoué, on le sait capable de tenir le crachoir durant des heures. En ces moments-là, ce n’est pas par la brillance, ni la clarté de son discours qu’il était intéressant, mais chacun de ceux qui l’écoutaient y trouvait matière à se réjouir. D’abord ses partisans qui généralement applaudissaient à tout rompre sans toujours comprendre pourquoi d’ailleurs, mais avec la ferme conviction qu’ils seront récompensés de leur patience et de leur ferveur quand le discours sera terminé ; ses adversaires politiques ensuite qui trouvaient toujours sans grand mal dans ses propos quoi lui reprocher afin de déclencher des polémiques et noircir une image que l’homme lui-même ne faisait pas grand-chose pour arranger ; et enfin la grande famille des journalistes éditorialistes et chroniqueurs qui avaient ainsi du grain à moudre pour plusieurs jours. Boni Yayi avait le don de créer et de faire l’actualité à un tel point qu’autour de lui, partisans et adversaires se voyaient dans l’obligation d’occuper à leur tour le peu de terrain qu’il leur laissait, pour ne pas se laisser totalement phagocyter.

Avec le nouveau départ et sa communication frustre, plus grand-chose à se mettre sous la dent. Quand Boni Yayi ne donne pas signe de vie durant quelques semaines, il ne reste guère plus que des chroniques propagandistes, des éditoriaux calibrés, des sujets de seconde zone, qui meublent les colonnes jadis les plus prisées des pages de presse. Au pire des cas, c’est la rumeur qui alimente les discussions sur les réseaux sociaux et les foras politiques. Des adversités qui n’existent pas ou pas encore (Ajavon vs Talon ; ABT vs PIK…) sont fabriquées ou montées en épingle. Pour les Béninois toujours friands de sensationnel et de politique, ça fera toujours l’affaire. En attendant que Patrice Guillaume Athanase Talon ne nous fournisse de la matière.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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13 septembre 2016 2 13 /09 /septembre /2016 18:57
Rentrée scolaire 2016-2017 : dans quelle tenue ?

Depuis bientôt deux lunes, l’école béninoise dort. Elle dort du repos du juste, du sommeil de ses guerriers, écoliers, élèves, maitres, enseignants qui, après une année scolaire 2015-2016 bien agitée et interminablement rallongée, avaient bien besoin de retrouver des forces. Des forces pour reprendre la route, pour affronter les défis induits par la nouvelle gouvernance dans le pays, pour sortir du cataclysme qu’a globalement constitué l’année échue à travers les résultats auxquels elle a donné lieu. Mais, pour se relancer, encore faudrait-il savoir dans quelles conditions s’effectuera ce nouveau départ, et en particulier dans quelle tenue. C’est la question du jour, et elle n’est pas sans fondement.

Aux premières semaines de l’avènement du régime dit du Nouveau départ, ont circulé par réseaux sociaux interposés de grands projets de réformes. L’un d’eux concernait les tenues vestimentaires des écoliers et élèves des établissements d’enseignement publics et privés. Il parlait d’harmonisation sur toute l’étendue du territoire national, il évoquait des modèles totalement nouveaux, des pantalons pour les filles, des macarons distinctifs pour chaque école, etc. Il avait l’air trop bien élaboré pour n’être constitutif que de la rumeur, surtout dans un Bénin de l’ère de la Rupture où l’information officielle et essentielle peut passer désormais par Twitter, Facebook, WhatsApp…

Depuis lors, dans les établissements scolaires et dans de nombreuses familles, le doute s’est installé. Directeurs, fondés, proviseurs, enseignants, instituteurs, parents d’élèves ne savent plus à quoi s’en tenir. A moins d’un mois du début de l’année académique, les Chefs d’établissements privés qui faisaient confectionner par eux-mêmes les tissus devant servir d’uniformes à leurs apprenants, hésitent encore à passer commande à leurs fournisseurs. Si le tissu kaki se vend encore assez bien, parce qu’il entre encore dans la composition de la nouvelle tenue annoncée, les couturiers d’ordinaire déjà submergés de commandes en pareille période, attendent encore de recevoir les consignes des parents. Quant aux parents, ce ne sont pas seulement les difficultés économiques et financières qui freinent leurs ardeurs habituelles, mais bien surtout cette incapacité à savoir quoi faire, quels modèles de tenues commander pour leurs enfants.

Entretemps, le fameux communiqué a lui-même disparu de la circulation, même s’il est resté dans toutes les têtes ou presque. En face, personne dans les Ministères de tutelle pour confirmer ou démentir le projet de réforme qui, même s’il devait s’avérer, a déjà un retard considérable pour son applicabilité. Une autre des tares dans la communication du nouveau régime : le culte de la discrétion, voire du secret.

Aujourd’hui en tout cas, réforme ou pas, uniformisation ou non, l’image bigarrée des tenues vestimentaires des apprenants des lycées et collèges circulant sur les sentiers des villages et dans les rues des quartiers de ville du Bénin, sera encore de mise pour cette nouvelle année. Et c’est peut-être bien comme ça. La diversité n’a jamais fait de mal à personne à ce que je sache, bien au contraire. L’urgence des réformes dans le secteur des enseignements primaire, secondaire, technique et professionnel ne concerne pas tant que ça la disparité des couleurs, des modèles, des tenues qu’arborent les écoliers, collégiens et lycéens sur le chemin des classes. Cela ne relève que de l’accessoire. C’est le mode d’enseignement et son contenu qu’il est devenu urgent de corriger. Les résultats de l’année dernière, dépouillés du sceau de la falsification devenue sport national dans un passé récent, l’ont assez largement démontré.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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