Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 juillet 2016 2 26 /07 /juillet /2016 20:54
Les FCBE face à Talon : une posture de chauve-souris

C’est la stratégie de l’absence de stratégie ; c’est le choix de ceux qui n’ont pas de choix ; c’est la voie de ceux qui n’ont pas trouvé leur voie. Les députés Force Cauris pour un Bénin émergent (FCBE) qui ont régné sans partage aux côtés de Thomas Boni Yayi durant pratiquement dix années et qui ont échoué à perpétuer leur suprématie politique au-delà de la présidentielle de mars 2016, feront donc désormais autant de l’opposition "constructive" que de mouvance "éclairée". Ce qu’ils entendent par la formule lapidaire « ni mouvance, ni opposition ». Au moment où ce choix commence à se concrétiser par le renforcement de leurs groupes parlementaires au Parlement, il y a quand même lieu de chercher à comprendremotivations du conclave de Grand-Popo et les origines de la cohésion apparemment retrouvée au sein de la grande coalition des Verts au cauris.

Ensemble, plus forts ! Voilà sans doute l’un des slogans à l’origine des retrouvailles des Cauris en bord de mer loin de Cotonou ce week-end, trois mois environ après l’accession au pouvoir de Patrice Guillaume Athanase Talon. Leur déshérence consécutive à leur défaite à la dernière présidentielle les rendait relativement silencieux, sauf au sein de l’Hémicycle où les plus virulents d’entre eux n’hésitaient déjà pas à tenir des discours acerbes contre la nouvelle gouvernance, sans pourtant jamais avoir choisi d’aller jusqu’à voter contre des textes introduits devant eux par le Gouvernement. Que ce soit en raison de leurs divergences internes, celles qui ont précédé la présidentielle et qui sont faites de frondes et de défections, ou celles qui ont suivi la défaite et qui sont faites de règlements de comptes, les héritiers de Boni Yayi étaient pour le moins en déperdition. Problème apparemment réglé à Grand-Popo.

Mais se réunir, se réconcilier pour décider de ne rien décider pour l’avenir ou presque, cela a quelque chose de curieux que je m’explique comme suit. Premièrement, la coalition FCBE n’a plus rien de cohérent. Certains de ses membres ont soutenu l’avènement de la Rupture tandis que d’autres se sont battus pour conserver le pouvoir avec le dauphin de Yayi. Impossible dans ces conditions d’adopter une position commune qui ne soit pas mitigée ou tout au moins centriste. Ils auront ainsi le temps de mieux observer le nouveau régime et décider individuellement ou collectivement plus tard, de leur positionnement définitif.

Il faut ajouter par ailleurs, que leur domination sans partage de la scène politique naguère, n’a pas encore été oubliée. Il aurait été inconvenant, voire malsain de les voir ruer dans la nouvelle mouvance présidentielle comme d’insatiables boulimiques du pouvoir trois mois seulement après leur déculottée. D’autant plus que l’ancien Président de la République, Boni Yayi ne verrait sans doute pas d’un bon œil un tel revirement, lui qui reste parait-il très regardant sur les choix de ceux qu’il a fait et qu’il espère voir défendre le bilan de ces dix années durant lesquelles il en a mis beaucoup à l’exercice de la politique et de la gouvernance.

Le conclave de Grand-Popo et ses conclusions révèlent ou confirment quand même une chose, il n’existe pas d’idéologie politique au Bénin. Beaucoup d’acteurs politiques, tant qu’ils ne sont pas poussées dans leurs derniers retranchements, préfèrent soit collaborer et tirer des dividendes du pouvoir, soit adopter l’apparence mi oiseau-mi mammifère de la chauve-souris, incapables de se déterminer entre mouvance et opposition. Sous d’autres cieux, les FCBE se seraient déjà converties à l’opposition. En attendant que le peuple les reconduise au pouvoir. Ce n’est pas encore demain que la classe politique béninoise adoptera ce mode opératoire. En attendant la concrétisation des réformes politiques miraculeuses que nous a promises Patrice Guillaume Athanase Talon.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 08:16
Attentat de Nice : le terrorisme, version imparable

Déposez les armes, soldats ! Cette guerre-là, vous ne la gagnerez pas. Etat d’urgence, opération sentinelle, plan vigipirate, vigilance jaune, orange, rouge… Rien, absolument rien ne pouvait et n’a pu arrêter le conducteur fou de Nice qui, au volant de son camion de 19 tonnes et sur recommandation indirecte (probablement) de l’Etat islamique, a foncé dans une foule de Français insouciants sortis célébrer leur fête nationale, pour en faucher plusieurs dizaines dont 84 au moins sont passés de vie à trépas et près d’une cinquantaine sont encore en situation d’urgence absolue. Jamais un attentat terroriste commis sans explosif et presque sans arme, n’aura fait autant de victimes. Si le 11 septembre 2001 a marqué un tournant radical dans l’histoire du terrorisme international, le 14 juillet 2016 à Nice, aura inauguré une nouvelle dimension, la plus improbable et surtout la plus imparable du phénomène depuis la nuit des temps.

On le savait depuis longtemps, le terroriste n’a pas de visage. Il peut se cacher sous les traits innocents et le visage glabre d’un jeune homme sympathique et sans histoire tout autant que derrière la barbe hirsute d’un fondamentaliste assumé qui appelle ses compatriotes à s’armer et lutter contre le « mécréant ». On l’a vu aussi, notamment au Nigeria, se parer des traits de la femme de ménage qui va se faire exploser à l’entrée d’un supermarché où les agents de sécurité s’attendaient seulement à ce qu’elle aille faire ses courses ; ou encore de l’enfant endoctriné qui sans en avoir l’air, va approcher des soldats et se faire exploser à leur passage.

Mais si le terroriste n’avait pas de visage, il avait au moins quelques signes distinctifs, même s’ils ne sont pas apparents : des armes. Et il avait souvent aussi un passé suspect. Le terroriste avait toujours des armes et ou des explosifs en sa possession. Avec pour objectif de les utiliser au moment choisi et de faire le plus de victimes possible. De plus, la plupart de ceux qui sont passés à l’acte ces derniers temps en France, en Belgique, aux Etats-Unis ou ailleurs, avaient des antécédents connus des services de renseignements. On savait de partout que pour repérer un terroriste, l’inculper et le mettre hors d’état de nuire, il fallait traquer un individu au profil particulier et retrouver chez lui ou sur lui des armes.

Mais à Nice, Mohamed Bouhlel a brisé toutes ces convictions et rebattu les cartes de la figure du djihadiste. Le jeune homme de 31 ans était connu des services de police pour quelques larcins, mais pas des services de renseignements. Sa radicalisation est passée totalement inaperçue. Et son passage à l’acte s’est fait avec des moyens qu’on n’avait jamais ou presque jamais utilisé auparavant. A vouloir ficher les individus de son profil pouvant avoir accès aux mêmes moyens pour commettre des actes terroristes, les Etats devraient mettre sous surveillance près de la moitié de leurs populations respectives. Perspective totalement inenvisageable dans un contexte où les forces de sécurité et les services de renseignements ne sont déjà pas capables de maintenir sous surveillance les quelques milliers de fondamentalistes connus qui sont dans leur collimateur.

Mohamed Bouhlel a démontré aux autres intégristes tapis dans les rangs des honnêtes gens que tout le monde peut devenir terroriste sans avoir à passer par les étapes de la radicalisation ostentatoire, du voyage en terre islamiste, de l’acquisition des armes, etc. le terrorisme a désormais changé de face. La guerre, en face est inutile, vaine. C’est le jour même où la France a démontré sa toute-puissance militaire, exposé des armes et des engins parmi les plus sophistiqués, fait étalage de la formation minutieuse de ses soldats que le chauffard fou de Nice a frappé. Sans que la puissance de feu française n’y puisse rien. Le terrorisme de type imparable est né. Et la solution, si elle existe, est loin d’être dans la lutte armée.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
14 juillet 2016 4 14 /07 /juillet /2016 18:40
Talon à l’Elysée… encore ?!?

Permettez-moi aujourd’hui de m’exprimer en Béninois lambda. Un de ces millions de citoyens, pas totalement instruits mais pas complètement analphabètes non plus, et qui ont pour conviction qu’ils en connaissent eux-aussi un rayon sur la politique intérieure et même étrangère de leur pays. Le genre d’individus qui s’informent aussi souvent que possible de la situation sociopolitique nationale et qui n’hésiteront pas à donner leur avis si jamais on leur fait le plaisir de leur demander. Chacun de nous a peu ou prou du Béninois lambda en lui, et c’est à ce titre que la question s’est posée à divers niveaux de savoir ce que notre cher Président Patrice Guillaume Athanase Talon, que nous avons élu justement pour ne pas « livrer notre pays à la France », allait encore faire au Palais de l’Elysée à Paris. Déjà deux fois en trois mois de gouvernance. Il y a peut-être de quoi s’inquiéter. Ou pas.

Le Président béninois était donc de nouveau au cabinet de son homologue français ce mardi 12 juillet 2016. Le menu officiel de cette rencontre serait le point de la coopération franco-béninoise de ces derniers temps en matière de développement. Il s’agirait également d’une rencontre voulue par le Chef de l’Etat béninois pour solliciter (et obtenir) une assistance technique française dans les domaines de l’énergie, du développement durable et de la sécurité. C’est du moins ce que révèle le communiqué final publié sur le site de l’Elysée. [J’espère seulement que ces assistants techniques français, quand ils seront là, ne seront pas payés sur le budget national. S’ils sont mis à disposition par la France, ce serait à la France de les rémunérer. N’est-ce pas là le sens de l’assistance ? Bref, revenons à nos moutons.]

Voilà donc ce que dit le communiqué final, mais tout Béninois lambda sait très bien que les discours officiels et les communiqués finaux ne révèlent jamais la totalité du contenu des échanges entre les Chefs d’Etat à l’occasion de leurs rencontres. Il y a donc peut-être lieu de s’interroger. En effet, pour évoquer les sujets certes importants, mais aussi ordinaires que la coopération technique interétatique, le développement durable ou encore la sécurité, deux Chefs d’Etats, des hommes traditionnellement archi-occupés, ont-ils réellement besoin de se rencontrer deux fois de suite en seulement deux mois, alors même que des délégations ont effectué des missions politico-techniques de part et d’autre dans l’intervalle ? Peut-être, mais il n’est pas interdit d’en douter. Surtout que certains sujets restaient en suspens entre les deux pays, dont les Chefs d’Etat ne peuvent pas ne pas avoir discuté, mais dont le communiqué final ne dit rien. Il s’agit notamment de la nébuleuse question des rails. Avec Vincent Bolloré qui, malgré ses récentes déconvenues, reste en embuscade et continuerait de faire pression par toutes les voies possibles, pour obtenir la concession du projet.

Une source proche du Palais de la Marina évoque en effet entre autres sujets abordés en off « les investissements français au Bénin ». Et qui dit investissements français, sait que l’un des plus actifs dans le secteur, c’est bien le Groupe Bolloré. Reste à savoir ce que les deux Chefs d’Etat ont pu se dire en la matière. Le Président béninois avait en tout cas déjà indiqué en public son attachement au respect des décisions de justice et sa préférence nationale en matière économique. Aucune pression, pas même celle de son homologue français, s’il y en a eu, ne devrait le détourner de cette voie.

Voulue, improvisée ou imposée, la deuxième rencontre de Paris entre Talon et Hollande ne tardera pas à livrer ses dessous. Et ils n’ont pas intérêt à être nébuleux.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 20:16
Gabon : Quand Ali annonce sa prochaine réélection

« Je suis là, et je resterai là ». Les propos sont sans ambiguïté. Ali Bongo Ondimba, était ce 9 juillet 2016 au siège de la commission électorale pour déposer son dossier de candidature à la prochaine élection présidentielle. S’il est contesté de toutes parts pour ses origines supposées étrangères, si son bilan en sept ans est loin de faire l’unanimité, s’il dirige aujourd’hui un parti présidentiel fragmenté en raison du départ de nombreux cadors, le Président de la République du Gabon ne doute pas un instant de ses chances de se succéder à lui-même. A tort ou à raison.

Le Gabon est un de ces pays africains, semi-démocratie, semi-autocratie, qui n’a jamais connu d’alternance politique au pouvoir, ni par voie électorale, ni par voie de putsch. Il y a bien eu en février 1964 un coup d’Etat militaire contre le premier président du pays, Léon Mba, mais les soldats français se sont vite dépêchés de ramener au pouvoir celui qui assurait alors à leur pays l’exploitation ininterrompue et presque sans contrepartie du pétrole gabonais. Depuis, il y a eu Albert Bernard Bongo devenu El Hadj Omar Bongo Ondimba. L’inénarrable. 42 ans de pouvoir. Et après lui, Ali, le fils. Dont la filiation avec le père est aujourd’hui contestée de l’appareil politique national jusqu’au cœur de la famille.

Sept ans après son accession au pouvoir, Ali Bongo Ondimba veut donc récidiver. Et malgré une opposition féroce et bruyante, il n’avait pas l’air samedi dernier, de douter de ses chances de l’emporter. Ses adversaires ne sont pourtant pas des moindres. Entre autres, Jean Ping, ancien Ministre des Affaires étrangères et naguère encore Président de la Commission de l’Union africaine ; Guy Nzouba Ndama, président démissionnaire de l’Assemblée nationale gabonaise ; Casimir Oyé Mba, ancien Gouverneur de la Banque des Etats d’Afrique centrale. Tous des cadres de haut vol, et des leaders politiques fortunés. De quoi tenir la comparaison avec le Chef de l’Etat sortant.

Par ailleurs, Ali Bongo ne semble plus bénéficier du soutien inconditionnel de la France. Volonté d’instauration de l’Anglais comme deuxième langue officielle du Gabon par ci, affaire dite des « biens mal acquis » par là, redressement fiscal astronomique infligé à la compagnie pétrolière Total par ci, saisie l’avion présidentiel gabonais par là, diversification des partenariats économiques et ouverture du Gabon aux marchés émergents par ci, arrestation et brève détention à Paris du Directeur de Cabinet d’Ali Bongo par là… les crises se multiplient et même si les relations Paris-Libreville semblent s’être apaisées, la réconciliation n’est que de façade.

Dans ces conditions, les certitudes du Président gabonais de se voir succéder à lui-même sont-elles seulement justifiées ? Va savoir. Les Gabonais sont parait-il, un peu nationalistes. Et cette affaire d’origine ou de filiation douteuse qui lui colle à la peau depuis quelques années maintenant ne risque pas de le servir. Par ailleurs, ses adversaires sont puissants, je l’ai déjà dit et la France ne le soutient plus forcément. Mais à tout cela, il faut opposer le fait que l’élection présidentielle gabonaise se joue en un seul tour et que le candidat arrivé premier, quel que soit son score, emporte la présidentielle. Etant au pouvoir, Ali Bongo dispose de l’appareil politique du Parti démocratique gabonais, plus grand, plus ancien et mieux implanté des partis du pays. Sans compter que la commission électorale dépend en partie du Ministère de l’intérieur et qu’enfin, les institutions de l’Etat, notamment au plan juridique, ne donnent pas de véritables signes d’indépendance. Pour l’instant.

Jamais depuis l’instauration de la semi-démocratie du Gabon, élection présidentielle n’aura été aussi ouverte et aussi risquée au pays des Bongo.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
11 juillet 2016 1 11 /07 /juillet /2016 08:21
Concours annulés : que des têtes tombent !

Une « république bananière » ! Quand Patrice Talon, alors candidat à la présidence de la République lançait au visage de son challenger au second tour de la présidentielle et à l’époque Premier Ministre du Bénin, que son gouvernement dirigeait « une République bananière », le terme a choqué même au sein de son camp. Mais à mesure que les pratiques peu orthodoxes de la gouvernance Yayi se révèlent au grand jour, il y a de quoi trouver l’expression pour le moins euphémique. C’est notamment certaines des vingt-trois irrégularités commises dans l’organisation des concours d’entrée dans la fonction publique au titre de l’année 2015 qui justifient cette conviction.

Souvenez-vous, au lendemain du Conseil des Ministres du gouvernement Talon, qui a décidé de la suspension des concours à polémique organisés par le régime Yayi en 2015, le Ministre de la Fonction publique de l’époque, Monsieur Aboubacar Yaya était sorti de son mutisme pour crier sa désapprobation de cette mesure, jurer de son intégrité personnelle, de l’honnêteté des résultats proclamés, etc. Quelques mois auparavant, alors qu’il était encore tout-puissant ministre, il professait là également à l’occasion d’une interview, que lui, « enfant de pauvre, enfant de paysan », n’organiserait jamais de fraudes à un concours, jamais de recrutements discriminatoires, jamais de népotisme au sommet de l’Etat. On lui aurait à cette époque-là donné le bon Dieu sans confession ! Mais au regard des conclusions de la commission de vérification des concours querellés, plus de doute, Aboubacar Yaya a menti. Beaucoup. A moins qu’il ne s’agisse d’ignorance des lois de la République à un tel point que les irrégularités commises sous sa responsabilité ne lui soient imputables que par défaut. Pour un cadre de son niveau (il est quand même docteur), c’est un peu difficile à admettre.

Quand dans ces circonstances, quelques lauréats aux concours incriminés et désormais annulés, s’autorisent en guise de manifestation de protestation, à barrer la route nationale inter-Etats Parakou-Malanville, il y a quand même anguille sous roche. Ce qui a motivé les jeunes protestataires réside-t-il dans une suspecte incitation au passage à l’acte, ou est-ce la perspective de perdre définitivement les avantages de lauréats auxquels ils croyaient déjà avoir droit qui les aura aiguillonnés ? Bien malin qui peut répondre à la question.

Ce qui est certain, les textes et lois de l’État ont été violés. Violemment violés comme dirait l’autre. Et pour ca, ne serait-ce que pour ca, il faut que les responsabilités soient situées et surtout que des têtes tombent. Les bonnes. S’il faut pour cela accélérer le processus de révision de la constitution pour que soit modifiée la procédure de saisine de la Haute Cour de Justice seule habilitée à juger les Ministres, anciens Ministres et Chef d’Etat pour les actes commis à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, il ne serait que temps. Il faut que le Docteur Yaya vienne expliquer pourquoi les procédures n’ont à aucun moment été respectées. Pourquoi les copies des candidats sont allés séjourner une semaine au Ministère de la Fonction publique hors de tout contrôle, pourquoi des admis sans diplôme requis, plutôt que d’être sanctionnés, ont été reclassés parmi des admis de catégorie supérieure…

J’entends déjà d’ici les gens crier à la « chasse aux sorcières » quand viendra ce moment crucial. Et une certaine presse emboucher la trompette de l’acharnement politique. Mais qu’on se le tienne pour dit, plus rien ne doit être comme avant. Les signaux que lance le régime Talon sont à cet égard encourageants. Et afin que les fruits tiennent la promesse des fleurs, il faut que des têtes tombent. Maintenant.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
8 juillet 2016 5 08 /07 /juillet /2016 09:27
CEP 2016 : des résultats politiques aux résultats véridiques

Voici donc le vrai visage de l’enseignement primaire au Bénin. A peine 39% de succès à l’examen du Certificat d’Etudes primaires (CEP) contre un taux qui s’est maintenu dans la moyenne de 80 à 90% durant pratiquement les dix dernières années, frôlant même parfois les 100% dans certains départements. Et voici venir le Dr Chabi Gado Soumanou, Directeur des examens et concours du Ministère de l’Enseignement maternel et primaire, venir nous expliquer que c’est parce que les rachats traditionnels, cette année, n’ont pas eu lieu. Va savoir pourquoi…

Les rachats : système de repêchage des candidats aux examens, qui consiste à leur accorder le diplôme brigué quand leur moyenne globale, bien qu’inférieure à celle exigée pour compter parmi les lauréats, s’en rapproche sensiblement. A en croire le DEC/MEMP, la moyenne de rachat des années antérieurs pouvait être baissée jusqu’à 5 ou 4 au lieu des 6 normalement exigés. Ce qui faisait alors exploser les taux de succès, au point de faire croire à un moment donné que d’une part, il n’était plus difficile de réussir au CEP et que d’autre part, en conséquence, ayant perdu son rôle de filtre, le premier diplôme scolaire au Bénin était en train de tomber en désuétude.

Il se pose donc deux questions fondamentales devant les résultats proprement calamiteux de cette édition 2016 et les aveux du DEC. Premièrement, comment expliquer les rachats massifs des années antérieures ? Deuxièmement, pourquoi n’y a-t-il pas eu de rachat en cette année ? Les réponses qui circulent à ces deux propos sont de l’ordre de l’irrationnel. L’une d’elle, à la première question, explique que le maintien par les partenaires techniques et financiers des subventions en faveur des nouveaux programmes d’enseignement dits « approches par compétences », ne pouvait se poursuivre durablement que si les taux de succès des écoliers au CEP étaient « encourageants », donc de l’ordre des 80 à 90% artificiellement fabriqués depuis près ou plus de 10 ans. Ainsi, pour de l’argent, des générations entières de cancres ont été constituées. Ces rebuts diplômés auront été poussés de rachats en rachats jusqu’à l’université où le système LMD récemment mis en application, les rend désormais inexpulsables. Sans compter ceux parmi eux, qui par favoritisme et autres méthodes blâmables, parviennent à obtenir les diplômes universitaires privés ou même publics. Ou encore, fait plus grave, leur admission à des concours d’entrée dans la fonction publique dont on subodore, là aussi les modalités frauduleuses.

A la seconde question, celle de savoir pourquoi le CEP 2016 n’est pas, comme les années antérieures frappé du sceau du rachat massif, la réponse serait double. Primo, il n’y aurait plus de subventions internationales à compter de cette année, et donc plus de raison de mentir sur les résultats aux PTF. Au surplus, le gouvernement du nouveau départ n’aurait pas accepté de cautionner les admissions arrangées.

Le vrai visage au Bénin de l’éducation nationale dans son ensemble n’est pas brillant. Ils sont probablement des milliers, voire des centaines de milliers, ces élèves et ces étudiants passés dans les mailles des examens et trainant d’immenses lacunes intellectuelles dans leur sillage. Ils constituent de fait des générations en danger si l’on réintroduit les rigueurs de l’enseignement, ou de potentiels diplômés incultes si la rigueur ne se restaure point. Il faut donc trouver le moyen de les aider à améliorer leur niveau et combler leurs insuffisances.

Patrice Talon et certains membres de son gouvernement qui étaient déjà dans le système quand le subterfuge a commencé savent probablement à quoi s’en tenir. Et le succès du fameux nouveau départ passera, à mon sens, plus par la réforme de l’éducation nationale que par autre chose. Ici plus qu’ailleurs, il faut organiser des états généraux du système éducatif national. De vrais. Et de toute urgence.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2016 4 07 /07 /juillet /2016 08:38
Patrice Talon : trois mois sans grand tracas, mais…

Nouveau départ sans tambours, ni trompettes… Cela fait bientôt donc cent jours que Patrice Guillaume Athanase Talon et ses alliés de la coalition dite « de rupture » ont pris en mains les destinées de la République du Bénin. Trois mois au cours desquels le mode de gouvernance des cinq prochaines années a été décliné. Trois mois au cours desquels le mode de communication ou plutôt de non-communication a été dévoilé. Mais aussi durant lesquels les réformes de l’Etat ont été envisagées, voire pour certaines, lancées. Cent jours ou presque de promesses et d’un état de grâce que ne sont venus perturber que quelques récriminations plus ou moins légitimes de certains thuriféraires de l’ancien régime, des magistrats, des journalistes, etc. Mais en réalité, que retenir ?

L’un des principaux défis de Patrice Talon à son arrivée au pouvoir était de réorganiser la communication gouvernementale. L’ancien régime avait instauré, dix années durant une propagande ostentatoire, tapageuse et mensongère à bien des égards, accoudée à un contrôle rigoureux de la liberté d’expression, notamment sur les médias du service public. L’approche Talon est diamétralement opposée. Au propagandisme de son prédécesseur, il oppose un silence détonnant, un vide débordant. Bien plus préjudiciable à son action qu’il n’y parait. L’obligation de reddition de compte est laissée parcimonieusement à certains Ministres, notamment ceux que j’appelais il y a quelques mois, « les hommes du Président » (http://jameswillys.over-blog.com/2016/04/les-hommes-du-president.html). Mais ici comme ailleurs, certains éléments attendent encore d’être mis en place comme cette fameuse agence de communication gouvernementale et il sera toujours temps, dans quelques semaines ou quelques mois de refaire le bilan. En attendant, la presse voit disparaitre ses privilèges et ronge son frein.

Un autre défi majeur de la gouvernance Talon, c’est la « bonne gouvernance ». Il aura fallu attendre ces derniers jours avant que la première véritable volée de bois vert ne s’abatte sur le Président de la République et ses collaborateurs en la matière. Elle procède de la rémunération jugée excessive des membres de la Commission chargée des réformes politiques et institutionnelles. Avant ce « scandale », seules quelques nominations plus ou moins anachroniques de personnes soupçonnées de mauvaises pratiques antérieures ont fait parler dans la presse. Sans grand bruit. Pour autant, hormis les professions de foi et les accusations de mauvais aloi, la gouvernance Talon ne présente pas encore assez d’éléments d’évaluation pour en tirer des conclusions.

Autre domaine crucial où était attendu Patrice Talon, la crise énergétique. Pas grand-chose ne peut ici être réalisé dans le délai de 100 jours. Mais on eut quand même dit qu’une amélioration est intervenue. Moins de délestages, et quand cela survient quand même, la durée en est réduite. Sauf erreur d’observation de ma part, c’est là un signal positif.

Enfin, les réformes administratives, politiques et institutionnelles sont enclenchées. Les chefs-lieux des nouveaux départements, après près de 20 ans de tergiversations, sont connus. La Commission chargée d’étudier la loi fondamentale et les perspectives de réformes y relatives a rendu un rapport qui, s’il n’est pas sans reproches, ouvre la voie au processus de révision de la constitution. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

En cent jours, Patrice Talon aura abordé bien des chantiers et tracé les sillons de sa gouvernance faits de discrétion, d’opiniâtreté, de fermeté, mais aussi de quelques errements notamment en termes de sécurité, de diplomatie et autres. On ne saurait ici les évoquer tous. Globalement, c’est un bon début. Mais en général, les débuts de gouvernance paraissent toujours encourageants, surtout quand on a succédé à un iconoclaste de la trempe de Thomas Boni Yayi dont les frasques n’ont pas encore été oubliées. C’est sur la fin que nous saurons vraiment à qui nous aurons eu affaire en cinq ans.

C’est ma conviction, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 09:24
Cameroun : l’irrationnelle pénalisation de l’adultère

Il faut au Cameroun construire de nouvelles et immenses prisons. Celles existantes et déjà bien insuffisantes pour les détenus de droit commun seront bientôt trop petites pour accueillir les millions, je dis bien les millions de délinquants d’un genre inhabituel que le nouveau code pénal que viennent d’adopter les députés camerounais engendrera. Il s’agit des locataires ayant accumulé juste deux (2) mois de retard de loyer, des personnes reconnues coupables de vagabondage, de mendicité et surtout, tenez-vous bien, d’adultère ! Oui, oui, rien moins que ça, l’adultère est désormais passible de peine de prison au Cameroun.

Ce qui s’est passé au parlement camerounais ces derniers jours, c’est le genre de vote durant ou après lequel vous vous demandez si les élus des partis au pouvoir, indépendamment des pays et des continents, se donnent une fois en passant, le droit de réfléchir autrement que par la cervelle de celui qui est Président de la République. Les incongruités que ces députés acceptent bien souvent d’entériner sont de nature à valider la thèse selon laquelle leur propre autonomie intellectuelle n’est que chimère et que leur existence politique dépend très largement de cette insolite docilité. Sans doute suis-je un tantinet sévère, mais il y a cette fois-ci de quoi.

L’objectif de la prétendue « modernisation du code pénal camerounais » comme l’ont annoncé les autorités, était, à travers les nouvelles dispositions législatives, de désengorger les prisons grâce notamment à la disparition de certains délits et de certaines peines privatives de liberté. Mais à l’issue des débats, le texte adopté par les députés du pays de Paul Biya rend l’objectif complètement suranné. Désormais, une fois la loi promulguée, locataires en difficulté, en prison ! vagabonds et autres flâneurs, en prison ! mendiants, en prison ! femmes et hommes infidèles, en prison ! Eh bien, ça promet ! Dans un pays où près de 40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où la polygamie est admise et où l’infidélité et les petites escarmouches sexuelles sont, à en croire quelques-uns de mes amis camerounais, de l’ordre normal des choses. Comme presque partout en Afrique d’ailleurs.

Si l’incarcération peut apparaitre aux yeux de certains individus sans domicile fixe comme une forme de solution à leur besoin de trouver un abri quel qu’il soit, ou pour quelques mendiants particulièrement désargentés comme un moyen de s’assurer au moins une pitance quotidienne en taule, je me demande quelle est la pertinence de l’idée durcir la répression de l’adultère au risque d’engorger les prisons camerounaises avec tous ces hommes qui, au détour d’une petite aventure, se feraient prendre en flagrant délit. Ce qui a changé en effet dans la loi, c’est que l’adultère de l’homme ne se limite plus seulement à l’acte commis au sein du domicile conjugal ; il peut être constaté n’importe où et est puni d’une peine d’amende et ou d’un emprisonnement d’un à deux mois.

Rançon d’une modernisation suiviste et outrancière, déni de la culture, des us et coutumes locaux, aberration dans un pays qui autorise la polygamie, mais veut réprimer la transition entre monogamie et polygamie, le projet de code pénal en cours d’adoption au Cameroun fait partie de ces textes incongrus et inapplicables que certains pays choisissent d’adopter pour faire plaisir à d’autres. Présenté comme favorable aux droits de la femme, ce code n’en sera que plus destructeur des unions conjugales consacrées (mariages) qui leur sont si chères. Car, c’est bien connu, sans mariage, pas d’adultère. Et sans adultère, pas de prison. En attendant le vote du Sénat, les députés camerounais auront vraiment, mais vraiment manqué de discernement sur ce coup-là. Et ce sont les Camerounaises elles-mêmes qui le leur feront comprendre dans les temps à venir.

C’est ma conviction, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 11:51
Fiasco annoncé au BEPC : la piqure de réveil ?

Il est grand temps que le Bénin reprenne en mains son système éducatif. Nouveaux programmes, approches par compétences, expérimentations diverses… Près ou plus d’une décennie après la généralisation de ces méthodes d’enseignement importées de je ne sais plus où par je ne sais quelle alchimie, les résultats calamiteux qui se profilent à l’horizon, à en juger par les commentaires et autres projections des enseignants correcteurs, devraient être l’occasion pour un Etat responsable et soucieux de l’avenir de sa jeunesse et de son peuple de procéder à un bilan rigoureux et de prendre des mesures, aussi difficiles puissent-elles paraitre.

Le « quartier latin » qu’était le Dahomey, est parait-il, devenu un quartier crétin. C’est à peine que ceux qui le disent, exagèrent. Les qualités intellectuelles, les aptitudes, les compétences qui ont fait des Dahoméens d’avant-hier et des Béninois d’hier des dépositaires et les dispensateurs parmi les plus incontestés du savoir en Afrique francophone subsaharienne, sont de toute évidence en voie de disparition. La faute à un agrégat de facteurs parmi lesquels l’instauration des célèbres « nouveaux programmes » et de leurs fameuses « approches par compétences », mais aussi d’une détérioration profonde de la qualité de l’enseignement autant que des conditions d’administration de cet enseignement sur toute l’étendue du territoire national.

Ils sont nombreux, les acteurs de l’enseignement à affirmer que les « nouveaux programmes », en soi ne sont pas mauvais. Mais il y a certaines de leurs implications que l’observateur, à la comparaison avec les programmes précédents, ne peut que déplorer, voire dénoncer. Il s’agit entre autres de la disparition de la dictée en enseignement de la langue française, la suppression de la leçon de morale, des méthodes d’évaluation pour le moins complaisantes, la suppression du châtiment corporel (j’assume de l’affirmer)… Ces bonnes vieilles recettes qui ont fait le succès des écoliers et élèves béninois d’hier à tel point que le CEFEP ou CEPE, équivalent du Certificat d’Etudes Primaires d’aujourd’hui, est considéré par de nombreux doyens comme de valeur supérieure au Brevet d’études du premier cycle actuel. A en juger par les énormes insuffisances des nouveaux diplômés.

Aux effets nocifs des nouveaux programmes, il faut ajouter la décadence du niveau des instituteurs et enseignants. Infiltrés de plus en plus dans le métier, non par vocation, mais par besoin, beaucoup de ceux-ci contribuent par leur manque d’enthousiasme et d’aptitudes à détériorer la qualité de l’enseignement, d’autant plus qu’ils sont de plus en plus nombreux à être eux-mêmes des produits du système ici en cause. Au surplus, le reversement massif, voire aveugle de personnel enseignant dans la fonction publique sous les régimes du changement et de la refondation de Thomas Boni Yayi, s’il a paru à un moment constituer un accompagnement légitime à la gratuité décrétée de l’école primaire et en partie du secondaire, n’a certainement pas apporté plus de sérénité et de qualité à l’école béninoise.

Enfin, les nouvelles technologies de la communication, les réseaux sociaux, la précocité de l’addiction au téléphone portable, sont autant de raisons qui expliquent chacune en partie, le fiasco annoncé du BEPC 2016.

C’est au regard de tout cela que le régime de Patrice Athanase Guillaume Talon, qui veut compter sur des Béninois de talents et de compétences, ne peut se payer le luxe de fermer les yeux et de continuer comme son prédécesseur à ordonner l’ajustement des taux de succès par le rachat des candidats… Quel que soit ce qu’ils rapportent au Bénin en termes financiers, car il parait que ce sont de gros sous qui y passent, les « nouveaux programmes » et les autres problèmes identifiés font plus de tort à la patrie qu’ils ne lui rapporteront jamais de dividendes. Il est temps de retrouver la souveraineté de notre pays en termes d’éducation. L’avenir en dépend.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2016 5 01 /07 /juillet /2016 19:11
Incendie du marché Dantokpa : le sinistre sans fin

Il y a déjà des gens qui regrettent le départ de Thomas Boni Yayi du pouvoir. Pas ses thuriféraires en col blanc, ces adulateurs qui n’avaient de cesse de chanter la gloire de l’ancien chef de l’Etat au point de lui faire croire en ses rêves d’éternité. Beaucoup de ceux-là ont déjà très prestement retourné leurs vestes, attendant désormais plus ou moins impatiemment que le nouveau régime s’en rende compte et les intègre à son système. Ceux dont il est ici question sont ceux à qui le régime défunt a fait des promesses mirobolantes, des annonces faramineuses et qui auraient bien aimé que les promesses faites soient tenues. Parmi eux, les sinistrés de l’incendie du marché Dantokpa à qui Thomas Boni Yayi avait promis la reconstruction éclair en deux mois de leurs hangars et une substantielle aide à la réinstallation. Huit mois plus tard, la montagne n’a même pas encore accouché.

Ils étaient plusieurs centaines à manifester le mercredi 29 juin dernier leur amertume face à une situation dont ils ne maitrisent plus vraiment les tenants et les aboutissants. Travaux suspendus, comité des sinistrés sous pression, génie militaire attentiste et désargenté, SOGEMA dépassée, contributions financières évaporées… la situation a en effet l’air bien compliqué. Et les pauvres sinistrés qui sont laissés à leur triste sort depuis octobre 2015, n’avaient sans doute pas d’autre choix que de battre le macadam pour se faire entendre. Encore faudrait-il que la méthode marche aussi bien avec Patrice Talon qu’avec Boni Yayi. Car jusque-là, le fait de manifester n’a pas encore vraiment fonctionné, ni pour les admis aux concours querellés qui avaient marché ni plus ni moins sur la Présidence de la République, ni plus récemment pour les ressortissants de Savalou, mécontents de n’avoir pas obtenu pour leur cité le titre de chef-lieu du département des Collines. Talon n’est pas Yayi.

Mais il faut noter que dans le cas présent, la protestation des sinistrés du marché Dantokpa est plus que légitime. Conscients probablement de l’inapplicabilité du délai de deux mois annoncé par l’ancien Président de la République, ils ont plutôt attendu huit mois avant de venir demander des comptes. Pourquoi donc n’auraient-ils pas de réponses à leurs attentes ? Acteurs économiques, pères, mères et chefs de familles, ils sont aussi importants que d’autres dans le chantier de la relance économique du Bénin et leur participation à la croissance ne peut être considérée comme marginale.

Par ailleurs qu’en est-il de cette affaire de 500 millions de francs CFA de dons aux sinistrés qui se seraient évaporés ? Comment se fait-il que sur les 800 millions annoncés à une époque par Boni Yayi, il ne resterait que 300 millions dans les caisses ? L’ancien Président de la République avait-il affabulé ? Ce ne serait pas la première fois. Ou alors, des mains agiles et rapides ont-elles discrètement soutiré des fonds dans les caisses ? Cela reste à déterminer.

En attendant, c’est à l’interminable détresse de ceux qui n’ont pas demandé à être sinistrés qu’il faut faire face. L’Etat est et doit rester une continuité, surtout dans ce genre de cas. Il revient à Patrice Talon de mettre à la disposition du génie militaire les moyens d’achever le chantier et de donner les instructions pour que soient relogés ceux qui en ont le droit. Car on ne peut pas laisser un pan entier, l’un des plus exposés du plus grand marché de l’Afrique de l’ouest dans l’état d’un éléphant blanc, un des innombrables héritages du régime Yayi.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0