29 juillet. Voilà la date officiellement retenue par le gouvernement du Nouveau départ pour la clôture de l’année scolaire en cours et le démarrage des grandes vacances qui, du reste n’auront plus de grandes que le nom. Ils sont de ce fait nombreux, les acteurs de l’école, ecoliers, élèves, instituteurs, directeurs, parents d’élèves, à s’interroger sur les motivations de l’allongement extraordinaire de cette année. Ils sont surtout nombreux à s’y plier de bien plus mal gré que de bon cœur. Et pour cause.
Commencer l’école sous le régime de la Refondation yayiste déclinant et devoir l’achever sous les auspices de la Rupture talonienne toute d’impétuosité, « quel calvaire ! », dirait-on. Rarement on aura vu au Bénin année scolaire s’allonger à ce point. Rarement on aura vu les écoliers du Cours initial (CI) au Cours moyen première année (CMI), poursuivre leur instruction au-delà de l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) organisé cette année depuis le 6 juin, soit près de deux mois avant la date officielle de clôture de l’année scolaire. Même chose pour les collégiens, toujours à l’école malgré le Brevet d’études du premier cycle organisé le 13 juin et qui traditionnellement, clôt l’année scolaire des collégiens du premier cycle. Sans parler du Baccalauréat.
Mais sans doute y a-t-il des arguments qui militent en faveur de la prorogation exceptionnelle de l’année scolaire 2015-2016. Le premier serait, comme chaque fois que ce genre de prorogation survient, la nécessité de compenser le temps perdu dans les mouvements sociaux qui ont perturbé une partie de l’année scolaire. Les syndicalistes de l’enseignement n’ayant voulu faire aucune concession au régime de Boni Yayi sur la fin de son mandat, des mouvements de grève ont en effet perturbé les activités académiques et fait perdre bien du temps aux acteurs de l’école. A ces débrayages officiels, il faut ajouter, et le gouvernement en a probablement tenu compte, les effets collatéraux de la précampagne et de la campagne électorale dernière. Combien d’enseignants et d’instituteurs n’ont-ils pas purement et simplement abandonné les élèves pour se lancer à corps perdu dans la bataille pour l’avènement ou l’échec de la rupture ? Ce temps perdu là aussi, doit être rattrapé.
Mais ceci dit, la prorogation de l’année scolaire jusqu’au 29 juillet est-elle vraiment pertinente ? La question en effet se pose. Quel enthousiasme, quel entrain pour ces écoliers, ces instituteurs, ces élèves et ces enseignants dans cette période où ils sont traditionnellement au repos ? Pour ma part, je n’en percois que très peu sur le visage de ces bonnes gens quand je les croise allant à l’école ou quand je les vois en situation de travail. Autre interrogation, le gouvernement a-t-il tenu compte des cours de vacances qui se déroulent généralement au mois d’aout ? Faudra-t-il les reporter à septembre, les raccourcir ou les supprimer pour le compte de cette année ? Enfin, pourquoi la mesure aurait-elle été étendue aux établissements privés d’enseignement qui sont pourtant généralement à l’abri des mouvements sociaux ?
Il faut reformer l’école béninoise, c’est évident. Le régime du Nouveau Départ qui préfère nager dans une « mer de compétences » plutôt que de traverser un « désert » en la matière le sait sans doute mieux que quiconque. Mais cela passe aussi par de la méthode, de la prospective et de la motivation pour les acteurs de l’enseignement à tous les niveaux. C’est là le prix à payer pour restaurer le quartier latin de l’Afrique aujourd’hui en pleine déperdition.
C’est mon opinion, et je la partage.
James-William GBAGUIDI