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30 juin 2016 4 30 /06 /juin /2016 18:34
Ecole béninoise : l’interminable année 2015-2016

29 juillet. Voilà la date officiellement retenue par le gouvernement du Nouveau départ pour la clôture de l’année scolaire en cours et le démarrage des grandes vacances qui, du reste n’auront plus de grandes que le nom. Ils sont de ce fait nombreux, les acteurs de l’école, ecoliers, élèves, instituteurs, directeurs, parents d’élèves, à s’interroger sur les motivations de l’allongement extraordinaire de cette année. Ils sont surtout nombreux à s’y plier de bien plus mal gré que de bon cœur. Et pour cause.

Commencer l’école sous le régime de la Refondation yayiste déclinant et devoir l’achever sous les auspices de la Rupture talonienne toute d’impétuosité, « quel calvaire ! », dirait-on. Rarement on aura vu au Bénin année scolaire s’allonger à ce point. Rarement on aura vu les écoliers du Cours initial (CI) au Cours moyen première année (CMI), poursuivre leur instruction au-delà de l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) organisé cette année depuis le 6 juin, soit près de deux mois avant la date officielle de clôture de l’année scolaire. Même chose pour les collégiens, toujours à l’école malgré le Brevet d’études du premier cycle organisé le 13 juin et qui traditionnellement, clôt l’année scolaire des collégiens du premier cycle. Sans parler du Baccalauréat.

Mais sans doute y a-t-il des arguments qui militent en faveur de la prorogation exceptionnelle de l’année scolaire 2015-2016. Le premier serait, comme chaque fois que ce genre de prorogation survient, la nécessité de compenser le temps perdu dans les mouvements sociaux qui ont perturbé une partie de l’année scolaire. Les syndicalistes de l’enseignement n’ayant voulu faire aucune concession au régime de Boni Yayi sur la fin de son mandat, des mouvements de grève ont en effet perturbé les activités académiques et fait perdre bien du temps aux acteurs de l’école. A ces débrayages officiels, il faut ajouter, et le gouvernement en a probablement tenu compte, les effets collatéraux de la précampagne et de la campagne électorale dernière. Combien d’enseignants et d’instituteurs n’ont-ils pas purement et simplement abandonné les élèves pour se lancer à corps perdu dans la bataille pour l’avènement ou l’échec de la rupture ? Ce temps perdu là aussi, doit être rattrapé.

Mais ceci dit, la prorogation de l’année scolaire jusqu’au 29 juillet est-elle vraiment pertinente ? La question en effet se pose. Quel enthousiasme, quel entrain pour ces écoliers, ces instituteurs, ces élèves et ces enseignants dans cette période où ils sont traditionnellement au repos ? Pour ma part, je n’en percois que très peu sur le visage de ces bonnes gens quand je les croise allant à l’école ou quand je les vois en situation de travail. Autre interrogation, le gouvernement a-t-il tenu compte des cours de vacances qui se déroulent généralement au mois d’aout ? Faudra-t-il les reporter à septembre, les raccourcir ou les supprimer pour le compte de cette année ? Enfin, pourquoi la mesure aurait-elle été étendue aux établissements privés d’enseignement qui sont pourtant généralement à l’abri des mouvements sociaux ?

Il faut reformer l’école béninoise, c’est évident. Le régime du Nouveau Départ qui préfère nager dans une « mer de compétences » plutôt que de traverser un « désert » en la matière le sait sans doute mieux que quiconque. Mais cela passe aussi par de la méthode, de la prospective et de la motivation pour les acteurs de l’enseignement à tous les niveaux. C’est là le prix à payer pour restaurer le quartier latin de l’Afrique aujourd’hui en pleine déperdition.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 14:30
Commission des réformes : mission accomplie

Ils ont vaincu l’esprit catastrophiste béninois. Ils, ce sont les membres de la Commission des réformes politiques et institutionnelles mise en place par le Président Patrice Talon quelques semaines après son entrée en fonction pour penser les modalités et le contenu d’une future révision de la constitution. Il y a quelques jours encore, une partie de la presse les annonçait divisés, déchirés, brouillés. Incapables de consensus sur des questions banales, si tant est que des questions banales leur ont été confiées. On nous a annoncé la clôture de leurs travaux doublée de leur incapacité manifeste à en élaborer le rapport, faute d’accord minimal sur l’essentiel. On nous a fait subodorer l’impatience, voire la colère du Chef de l’Etat qui les aurait alors convoqués pour les admonester. C’est tout juste si on ne nous a pas annoncé que la commission avait échoué dans sa mission. Et pourtant…

Il y a un proverbe français qui dit qu’« il n’y a pas de fumée sans feu ». Cela est sans doute vrai. Mais au Bénin, nous avons coutume de faire passer un effluve de cigarette pour une éruption volcanique. Surtout quand des catastrophistes tapis dans l’ombre et tirant des ficelles, ont décidé de faire croire que rien ne va et que rien ne peut aller. Envers et contre tout cela, la Commission Djogbénou a rendu son rapport, au plus fort du scepticisme distillé par les mauvaises langues et leur en a bouché un coin. Voilà une bonne chose de faite, mais il n’est pas pour autant dit que le contenu soit satisfaisant pour tous, cela est de l’ordre de l’impossible.

Cocktail de consensus et d’unanimités entre ses membres sur chacune des questions qui leur ont été soumises, le rapport rendu par la Commission technique nationale des réformes politiques et institutionnelles, c’est là sa vraie dénomination, semble n’avoir fait litière d’aucun des sujets brulants du moment. Du moins à en croire la synthèse des travaux présentée au Chef de l’Etat. Etaient concernés notamment le rétablissement de l’équilibre « constructif » des pouvoirs, le renforcement de l’indépendance de la justice, la réforme du système partisan et la stabilisation du code électoral.

On remarquera que si la commission, sur chacun de ces sujets a mené des réflexions approfondies, elle a eu l’intelligence de ne pas proposer de solution miracle. L’unanimité ne pouvant de toute façon pas se faire sur tout. La question du mandat unique par exemple est l’une de celles sur lesquelles les différentes options, avec leurs forces et faiblesses restent ouvertes à l’intention du Chef de l’Etat et de son gouvernement qui auront l’initiative du projet de loi portant révision de la constitution et pour lequel un référendum est déjà annoncé pour la fin de l’année 2016.

Globalement, s’il reste encore à l’analyser, le comprendre, l’évaluer, le rapport de la Commission Djogbénou tombe à un bon moment pour le régime Talon. Le Chef de l’Etat est en effet encore dans un état de grâce qui, malgré l’émergence de quelques mouvements sociaux, se maintient. Le projet de révision constitutionnelle qu’il porte a sans doute plus de chances que ceux de ces dernières années d’aboutir. On se croirait revenu aux lendemains de l’accession au pouvoir de Thomas Boni Yayi avec la vague d’espoir qu’il avait suscité en ces années 2006 et 2007. Raison de plus pour rester vigilants et obtenir de la prochaine révision le résultat le plus adapté aux problèmes qui ont engendré la réflexion sur la matière.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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28 juin 2016 2 28 /06 /juin /2016 09:31
Vindicte populaire : l’injustice par le gril

On se croirait revenus aux temps de l’Inquisition. A la différence notable que dans les rues de Cotonou et autres villes du Bénin où se déroule le phénomène, il n’y a pas de tribunaux. Mais les verdicts tombent aussi net, brutaux et raides comme de ces temps moyenâgeux de regrettable mémoire. Et les exécutions sommaires se multiplient, les buchers et les barbecues humains de ceux-là qui ont choisi la voie de la déviance. Certains citoyens pensent ainsi nettoyer la société de ses ordures humaines. Sauf que la vindicte populaire n’est et ne sera jamais la solution à l’insécurité.

Les populations l’utilisent peut-être comme un signal. Une admonestation à l’endroit du gouvernement et de son Ministre de la sécurité que la plupart des observateurs trouvent trop mollasson pour le profil de l’emploi. Sacca Lafia n’a en effet jamais brillé par sa poigne, alors même que la plupart des Béninois en sont à penser que pour être ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, il faut en avoir, de la fermeté. Et en avoir l’air.

Mais le phénomène de l’accroissement des actes de vindicte populaire qui essaime dans plusieurs grandes villes du pays ne procède pas que de cela. Il découle aussi de la recrudescence du banditisme et de la criminalité dans les cités. Braquages, cambriolages, vols de motos, viols, agressions diverses. On eut dit que les divorcés sociaux, terme particulièrement prisé pour les désigner au Bénin, se sont donné le mot pour non pas reprendre, mais accroitre du service. Et comme les forces de sécurité et la Justice paraissent débordées ou inefficaces aux yeux d’une certaine frange de la population qui n’est pas que celle des analphabètes comme on pourrait le croire, la riposte consiste en cette flambée de barbecues humains que leurs auteurs imaginent comme étant la solution au mal ambiant.

Problème, la vindicte populaire n’a jamais nulle part été la solution à l’insécurité, et ce n’est pas le Bénin qui fera exception à cet état de chose. Sans doute peut-elle effaroucher les petits délinquants, maraudeurs et rôdeurs de nuit. Mais ceux qu’on appelle les « divorcés sociaux », les vrais, n’en ont cure. Bien au contraire. La recrudescence de la pratique les radicalise. Ils n’hésitent dès lors plus à faire usage de leurs armes à feu contre quiconque ose se mettre en travers de leur chemin à l’occasion de leurs raids. Combien de fois d’ailleurs une meute de braqueurs en armes, tirant comme ils savent le faire sur tout ce qui bouge, a-t-elle déjà été arraisonnée par les foules ici au Bénin ? Moi en tout cas, je n’en ai pas souvenance. Ce sont toujours les petits fautifs, voleurs de bétail, de motos, de portefeuilles, qui s’y font prendre, et occire. Ni les brigands de haut vol, et encore moins les criminels à cols blancs tapis dans les administrations et les institutions n’ont grand souci à se faire.

De plus, la vindicte populaire fait bien souvent des victimes innocentes. Elle est toujours désordonnée. Perpétuellement hystérique. Quand elle se déclenche, plus personne ne distingue personne. Nul ne sait qui apporte et jette le pneu au cou du présumé voleur. Nul ne sait qui l’asperge d’essence, ni qui craque l’allumette. Et cette chienlit a déjà couté la vie à bien de personnes étrangères au forfait commis, mais présentes au mauvais endroit au mauvais moment.

C’est en foi de tout cela que je ne me résous pas à affirmer que la vindicte populaire, c’est de la justice même expéditive. Ce n’est pas de la justice. Ce n’est ni plus ni moins que du non droit dans un pays qui se réclame « de droit ».

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 08:17
Brexit : ils sont fous ces Britishs !

Un Premier Ministre calculateur politiquement myope, un leader populiste europhobe et xénophobe, des dirigeants et chefs de partis europhiles peu convaincus et peu convaincants, un peuple superbement divisé et des électeurs globalement révoltés. C’est à ce cocktail Molotov détonnant que l’Union européenne doit le coup de massue que vient de lui porter le Royaume-Uni de Grande Bretagne : le oui au Britain exit (Brexit). Aucun argument rationnel ne militait en faveur du grand saut dans l’inconnu qu’ils ont effectué. Pourtant ils l’ont fait. Et c’est maintenant, qu’ils recherchent le parachute.

A moins d’une heure de la fin du vote qui a abouti à leur décision de sortir de l’UE et dans les heures qui ont suivi la publication des premières tendances, les recherches sur Google portant sur les mots clé « Union européenne » et « Brexit » se sont accrues de 250% de la part des internautes Britanniques. Le Top 5 des questions les plus recherchées par les internautes au Royaume-Uni se présentait comme suit :

  1. Quand le Royaume-Uni a-t-il rejoint l'Union européenne?
  2. Pourquoi la Grande-Bretagne quitte-t-elle l'Union européenne?
  3. Que va-t-il se passer si la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne?
  4. Qu'est-ce que le Brexit?
  5. Que signifie la sortie de l'Union européenne pour le Royaume-Uni?

De plus, depuis les résultats, une pétition qui a été lancée le 25 mai et qui suggère que le vote ne soit valide que si le camp vainqueur recueille au moins 60% des voix, et seulement si la participation atteint au moins 75%, a déjà obtenu plus de trois millions de signatures. Ce qui impose qu’elle soit étudiée par la Chambre des Représentants. Chose curieuse, le profil des signataires transcende largement les partisans traditionnels du maintien que sont entre autres les jeunes, les Londoniens, les Ecossais et les Nord-Irlandais. Comme si une partie des Britanniques regrettaient déjà leur vote. Comment peut-il en être autrement d’ailleurs quand c’est après avoir fini de voter que l’on se pose les questions listées plus haut ?

Il y a peu de doute, ils sont fous, ces Britishs ! Et ils sont surtout en pleine tourmente. Avec un Premier Ministre confronté à l’inconséquence de ses choix, qui se permet encore de choisir à quel moment il démissionnera. Avec une opposition aussi clivée que le parti au pouvoir sur le sujet. Et un leader populiste, Nigel Farage, à qui personne ne s’aventurerait à confier le destin de la Grande Bretagne dans un moment aussi crucial, même si ce sont ses arguments contre l’Europe qui ont le plus fait mouche.

Perspectives économiques sombres, menaces réelles sur l’emploi, risques de dislocation, voire de disparition à moyen terme de ce qui est désormais un "Royaume-désuni", il y a de quoi générer l’inquiétude qui se perçoit chez les sujets de sa Majesté et qui engendre chez eux ces réactions plus incohérentes les unes que les autres. D’autant mieux que les autres pays membres de l’Union se montrent fort pressés de voir l’éternel « mouton noir britannique », celui à qui ils avaient accordé des avantages exorbitants et dont le peuple vient d’étaler « l’ingratitude », débarrasser le plancher.

Malgré les pétitions, malgré le péril, malgré les pressions, il est en tout cas peu probable que le choix des électeurs effectué le 23 juin dernier puisse être remis en cause. Grand saut dans l’inconnu, sans parachute disais-je. Voilà l’un des défauts du système démocratique. Cette instabilité. Cette propension du peuple à comprendre de travers et à mélanger les enjeux locaux, régionaux, nationaux, intégrationnistes, etc. La démocratie n’est pas un luxe que pour les Africains analphabètes que les gens caricaturaient et caricaturent encore. Si les British en viennent à abandonner la posture qui était la plus avantageuse pour eux à tous les points de vue, ou presque, c’est qu’ils ne sont pas mieux que ces « analphabètes d’Africains ».

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 20:18
Afrique : cette justice au service perpétuel du plus puissant

Vous avez dit séparation des pouvoirs ? Glosez autant que vous pouvez, il y aura toujours les défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie, des gens comme vous, pour vous écouter. Pendant ce temps, le magistrat et plus globalement la justice se muent plus que jamais en instruments au service des tout-puissants dirigeants, couperet entre les mains des Chefs d’Etats pour décapiter ces opposants trop critiques, cette société civile trop intrépide, ce peuple pour le moins insatiable. Si ici au Bénin, Thomas Boni Yayi n’y a pas réussi, il ne suffit que de quelques exemples parmi les plus récents en Afrique, pour étayer la généralisation de cet état de fait. Ouganda, Congo Brazzaville, Gabon, Congo Kinshasa... Ce qui se passe dans chacun de ces pays à l’heure actuelle tient ni plus ni moins de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

En Ouganda, l’homme a nom Kizza Besigye. Ancien médecin personnel du Président Yoweri Museveni. Passé à l’opposition et à nouveau candidat malheureux lors de la présidentielle de février 2016 après ses tentatives précédentes. Arrêté et inculpé du crime de « haute trahison », l’opposant encourt la peine capitale ou au moins un emprisonnement à perpétuité. Son tort, avoir refusé de reconnaitre la dernière victoire en date du Président ougandais et s’être proclamé président.

Congo. Ici, l’homme a nom Général Jean-Marie Mokoko. L’ancien Chef d’Etat-major de l’armée et ex-conseiller du président Denis Sassou-Nguesso chargé des questions de paix et de sécurité est tombé en disgrâce depuis janvier 2016 quand s’est mis à rêver publiquement de succéder à ce dernier. Candidat malheureux à la présidentielle du 20 mars, il a été inculpé pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », mis en cause dans une vidéo tournée en 2007 le montrant discutant d’un plan visant à chasser le président Sassou-Nguesso du pouvoir avec un homme dont on ne voit pas le visage et qui se présente comme appartenant aux services de renseignement extérieur de la France (la DGSE).

Au Gabon, c’est l’ancien Président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, qui est dans le collimateur de la justice. Candidat annoncé à l'élection présidentielle gabonaise du 27 août prochain, il est poursuivi par l'agent judiciaire de l'État pour « atteinte à la sécurité publique » et par le Président Ali Bongo Ondimba pour diffamation. Il fait en effet partie de ceux qui dénient à ce dernier son origine gabonaise de même qu’il est accusé d’incitation au génocide pour avoir traité certains gabonais de « cafards ».

A Kinshasa, c’est le puissant et sémillant ancien gouverneur du Katanga qui est en passe d’être mis hors-circuit par voie judiciaire. Depuis qu’il a rejoint l’opposition et décidé de se porter candidat à la prochaine présidentielle prévue pour décembre 2016, le Président du club de foot du TP Mazembe est devenu un homme à abattre. Condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière, il devient inéligible pour l’heure alors qu’un autre procès, plus délicat encore l’attend pour « recrutement de mercenaires » et « atteinte à la sureté nationale ».

Tchad, Zimbabwe, Burundi, Guinée équatoriale, Togo, les exemples de ce type se comptent par dizaines en Afrique ces dernières années. Signe évident que la stratégie qui consistait à assassiner purement et simplement les opposants politiques ne fait plus recette. Les magistrats mis à contribution, le résultat est le même. Opposition muselée, place nette. Avec la latitude pour le gouvernement de crier à l’indépendance de la justice. Belle trouvaille. C’est bien malheureux de devoir l’admettre, ce n’est pas demain la veille de la fin de cette sordide pratique.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 08:37
Désert de compétences féminines ou rupture misogyne ?

Patrice Guillaume Athanase Talon n’aime pas les femmes. Ou alors, il ne connait pas le critère genre. Les « chères mamans » de son prédécesseur auxquelles ce dernier aimait proclamer « je vous aime, je vous adore, vous êtes toutes belles ! » et à qui il promettait ciel et terre, n’attendrissent apparemment guère le nouveau Président de la République. Il est vrai que "l’amour" de Boni Yayi pour la gent féminine béninoise était en fait une pitrerie, une de plus de son fantasque règne, destinée plus à alimenter son populisme qu’à reconnaitre les mérites de celles qui constituent plus de la moitié de la population et donc des électeurs béninois. Mais rupture pour rupture, le sort que fait Patrice Talon aux femmes dans sa gouvernance est loin d’être préférable.

6 avril 2016, jour même de la prise officielle du pouvoir par le Nouveau Départ : 21 ministres nommés, trois femmes. Seulement. Même le Ministère de la Santé, traditionnellement dirigé par des dames de Nicéphore Soglo à Boni Yayi en passant par Mathieu Kérékou, échoit à un homme. Molles protestations des réseaux féministes vite noyées dans l’état de grâce du régime nouveau. D’autant plus que d’autres nominations étaient attendues et la patience de ces dames est plus endurante que celle des hommes.

Depuis, beaucoup d’autres ont eu lieu. Dans l’anonymat des Ministères ou du Conseil des Ministres comme l’a érigé en méthode la nouvelle équipe au pouvoir. Hormis quelques noms de femmes entendus sporadiquement ici et là, lus sur internet ou dans les journaux, pas grand-chose pour nos épouses, mères et sœurs. Avec la désignation des chefs-lieux des six nouveaux départements et la nomination des douze préfets appelés à représenter le gouvernement dans le cadre de l’administration territoriale, le Président de la République tenait encore une occasion en or de se rattraper. Eh bien, que nenni ! Encore rien, ou presque pour ces dames. Une seule promue au poste de préfet sur douze. Alors que la précédente équipe en comptait deux sur six et même dans un passé récent trois. Une seule femme nommée préfet sur douze, c’est quand même un humiliant désaveu pour la gente féminine.

Alors question : pourquoi ? Réponse : mystère et boule de gomme. A moins de vouloir s’exercer à des explications hypothétiques. La première est relative à la compétence. Le Président Patrice Talon disait à l’occasion de son investiture vouloir travailler avec des Béninoises et des Béninois de talent. Mais peut-être n’en trouve-t-il pas assez dans les rangs des femmes… Confirmant de ce fait ce qu’il disait à Paris il y a quelques semaines : « mon pays est aujourd’hui comme un désert de compétences ». Une autre hypothèse est que Boni Yayi avec ses politiques de quotas artificiels, a déjà grillé beaucoup de ces valeurs féminines à telle enseigne que, identifiées à son régime et ayant combattu l’avènement du Nouveau Départ, elles ne peuvent plus en être des personnalités de premier plan. Sans omettre cette dernière réalité qui est celle du déséquilibre profond qui existe dans la catégorie des cadres au sein de notre pays en faveur de la gent masculine.

Au-delà de tout, il existe sans doute des possibilités pour le Chef de l’Etat de mieux équilibrer la représentativité des femmes dans sa gouvernance. Autrement, on serait confronté à l’autre revers du mandat unique, celui qui consiste à ne rien attendre de personne au point de pouvoir traiter certaines couches socioprofessionnelles sans le moindre égard.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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22 juin 2016 3 22 /06 /juin /2016 15:49
Budget 2016 : un collectif pour un correctif

1423 milliards et demi de francs CFA contre 1553 milliards environ pour la loi de finances initiale. C’est d’une cure d’amaigrissement de près de 130 milliards que le gouvernement du Nouveau Départ vient de décider pour maitriser les dépenses publiques au Bénin au titre de l’année 2016. Un gigantesque chantier qui ne manque pas de susciter déjà moult débats depuis qu’il est introduit au parlement, notamment sur la gouvernance proprement scabreuse de Thomas Boni Yayi et de son dernier gouvernement.

Quand un collectif budgétaire s’impose, c’est qu’un correctif du budget s’impose. Le collectif budgétaire n’est en effet rien d’autre qu’une loi de finances rectificative par laquelle un gouvernement modifie en cours d’année, la loi de finances initiale notamment en ce qui concerne le plafond des dépenses du budget de l’État et les données générales de l’équilibre budgétaire. Généralement, elle permet au Gouvernement, en cas d’urgence, de dépasser le montant des crédits limitatifs par programme prévu par la loi de finances initiale, sans toutefois dénaturer l’équilibre budgétaire qu’elle a défini. Il est beaucoup plus rare qu’un collectif budgétaire revoie aussi drastiquement le budget à la baisse, sauf dans les cas de changement brusque de la conjoncture suite à une crise économique ou financière nationale ou internationale d’importance.

Il ne fallait pas être un spécialiste des questions économiques pour savoir que le nouveau régime ne pouvait pas faire sans un budget réaménagé. Le mode de gestion à l’emporte-pièce flagrant dont Boni Yayi s’est fait le champion au cours de son dernier mandat et plus particulièrement au crépuscule de celui-ci laissait bien d’observateurs inquiets. Ces dizaines de chantiers ouverts, ces premières pierres interminablement posées et reposées, ces allocations tapageuses de crédits sans aucune orthodoxie financière… sans compter les scènes surréalistes observées durant et après la campagne électorale présidentielle : ces distributions de vivres, ces milliers de personnes qui faisaient la queue à la présidence de la république pour recevoir de l’argent, ces diners d’adieu organisés au profit des diverses couches socioprofessionnelles, l’achat de l’avion présidentiel, etc.

Au-delà de ces incongruités à corriger, il y a lieu aussi pour le Nouveau Départ de traduire en chiffres les économies réalisées pour le compte de l’Etat par la suppression de nombreuses institutions budgétivores et l’abrogation de divers postes de dépenses publiques jugés sans utilité.

C’est donc là le premier gros dossier introduit de son chef à l’Assemblée nationale par le gouvernement Talon. Et son traitement par les députés, selon qu’il sera diligent et favorable ou non donnera le signal au gouvernement du sort qui sera réservé globalement à ses dossiers durant les trois années restantes pour la mandature parlementaire en cours. De ce point de vue tout de même, les signes précédents ne présagent pas d’une relation tumultueuse, même si l’absentéisme gouvernemental au Parlement a suscité quelques commentaires acerbes ces derniers jours.

Pour en revenir à l’essentiel, il faut corriger le budget, c’est une évidence. Mais cela ne suffira pas. Non contents d’avoir saccagé les ressources de l’Etat, les sbires de Boni Yayi, à sa demande peut-être, par presse interposée, sont à l’offensive. Profitant du vide communicationnel du nouveau régime, ils accusent et critiquent. Comme si en deux mois, ils avaient pu mieux faire. Mais c’est trop d’empressement pour rien. S’ils veulent justifier leur gestion, il sera toujours temps bientôt, d’en répondre. C’est Boni Yayi en personne qui l’a fait introduire dans la loi, les crimes économiques sont imprescriptibles.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 10:28
Parlement béninois : l’absentéisme gouvernemental en question

L’Etat n’est pas une continuité. En tout cas, pas une continuité mécanique qui consiste pour les gouvernants nouveaux à s’imprégner du jour au lendemain de tous les dossiers de la République et à pouvoir les traiter, les orienter et en répondre sans coup-férir en toutes circonstances. C’est en tout cas l’impression que donne le gouvernement Talon au regard de la désertion du Parlement quand il s’agit notamment pour lui de venir plancher sur les « questions orales » et « questions d’actualité » que les députés ont la latitude de lui adresser dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale qui fait partie de leurs prérogatives essentielles.

Près de trois mois après son installation, le « Nouveau départ » peine en effet à combler les attentes des députés sur les orientations qui sont les siennes au sujet de certaines questions cruciales laissées en jachère par le gouvernement précédent et sur lesquelles Patrice Talon et son équipe ont fait des promesses de rupture d’avec les méthodes antérieures de gestion. Boucle ferroviaire, affaire ICC Services, gratuité de la césarienne, affaire NOCIBE, organisation du Hadj 2016, dissolution de l’Inspection générale de l’Etat… Les députés piaffent d’en savoir plus ; et le gouvernement freine des quatre fers. Par dérobade, le plus souvent. Ce lundi encore, alors que c’est l’examen d’un projet de loi sur l’instauration des Chambres d’agriculture qui était à l’ordre du jour, pas l’ombre d’un ministre au sein de l’hémicycle. Agaçant forcément certains parlementaires plus pressés que d’autres d’en découdre avec le gouvernement Talon.

Une des questions qui se posent est alors de savoir combien de temps il faut à un gouvernement pour être en mesure de répondre de tous les dossiers de la république ou tout au moins de l’approche qui en est la sienne. Une autre étant de déterminer à quel point les députés pourront tolérer les absences des membres du gouvernement sur des sujets aussi importants. Certains laissant déjà suinter leur mécontentement face au risque que leur ferait courir le gouvernement de rendre leur mandature « improductive », j’ai cité.

Peut-être faudrait-il à ce niveau-là également songer à une réforme institutionnelle ou organisationnelle : pas de convocation des nouveaux régimes pour questions orales avant un délai de trois mois. Les questions d’actualité quant à elles, ainsi que l’examen des projets de loi pourraient se poursuivre. Sinon, l’image disgracieuse du gouvernement absentéiste fuyant ses responsabilités et ses obligations n’éclabousserait pas seulement ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui et qui ont le tort de se comporter comme tel, mais ceux aussi qui nourrissent déjà le dessein de les remplacer dans cinq ans.

En tout état de cause, Patrice Guillaume Athanase Talon et ses ministres ne peuvent espérer échapper indéfiniment au devoir de répondre de l’exercice des responsabilités auxquelles ils ont aspiré et que le peuple a accepté de leur confier. Et c’est maintenant qu’il leur faut prouver qu’ils respectent les autres institutions.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 08:37
Désignation des nouveaux chefs-lieux de départements : ne pas céder aux chantages politico-affectifs

Voici venue l’occasion d’expression d’une des vertus du mandat unique : l’opiniâtreté. Accroché à son rêve de se succéder à lui-même durant son premier et même son second mandat présidentiel, Thomas Boni Yayi comme ses prédécesseurs, aura passé tout son temps au pouvoir sans se montrer capable de prendre la décision de désigner les chefs-lieux des six nouveaux départements issus du nouveau découpage territorial de l’ère de la décentralisation au Bénin. Libéré quant à lui de cette ambition par son choix annoncé de n’exercer qu’un mandat unique, Patrice Guillaume Athanase Talon semble être sur le point de trancher dans le vif. Mais attention à ne pas céder aux autres artifices des maitres-chanteurs, déjà trompettes en bouche.

25 ans. Sinon plus. J’étais encore en classe de CM2, préparant l’examen du Certificat d’études primaires quand j’ai appris à l’occasion de la leçon de géographie que le Bénin comptait désormais douze départements. Depuis, si avec Nicéphore Soglo, on pouvait comprendre que la désignation des chefs-lieux des six nouveaux ne relevait pas encore des priorités et que Mathieu Kérékou avait décidé de ne rien décider, on aura vu avec Thomas Boni Yayi la manifestation ultime de la pusillanimité, cette peur de déplaire qui engendre au final l’image putride de celui qui peut se faire manipuler sur l’intérêt affectif et le profit politique. Qui a déjà oublié que l’ancien Président de la République, confronté aux protestations de certains cadres et populations de certaines villes non préférées pour faire office de chefs-lieux, avait fini par ordonner la mise en place d’une commission dont le résultat du travail fut de proposer un découpage en 23 départements ? De quoi faire de tous les villages moyennement développés des chefs-lieux de département, avec le corollaire de charges administratives et pécuniaires qui s’ensuit : nomination de Préfet, construction d’infrastructures, mise en place d’une administration territoriale, etc. Fort heureusement, dans une lueur d’intelligence sans doute, Boni Yayi nous aura épargné de la concrétisation du plan en question.

Au pouvoir depuis moins de trois mois, voici donc Patrice Talon qui a décidé de s’emparer du dossier. Et comme du temps de Mathieu Kérékou et surtout de Boni Yayi, les revoilà déjà les protestataires, solidement accrochés à leur envie de résider dans des chefs-lieux de département, versés dans les rues, à crier leur mécontentement que leurs villes ou villages n’aient pas été choisis. Savalou déjà. Bientôt peut-être Ouidah, Abomey-Calavi, Sakété, Bassila, Malanville, et d’autres. Branchages dans les mains, troncs d’arbres sur les routes, chants antipatriotiques plein les poumons… On connait le mode opératoire.

Mais le Chef de l’Etat, cette fois-ci, aurait tort de céder. Parce que ce dossier n’a que trop traîné. Parce que force doit rester à l’autorité. Parce que toutes les villes susceptibles de l’être ne peuvent pas être choisies. Parce qu’il n’est nul besoin d’être chef-lieu pour être une ville attractive et développée. Parce que la protestation des protestataires est plus ethnocentriste que rationnelle. Et parce que Patrice Talon n’a pas un mandat supplémentaire à quémander.

Bien entendu, la démarche explicative est nécessaire, à l’endroit des populations des localités qui pensaient devoir être désignées. Mais on ne construira pas le Bénin de demain en cédant aux caprices de ceux qui ne pensent pas le développement comme un enjeu national, mais comme une ambition nombriliste qui ne doit tenir compte que de leur village natal.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 13:01
Bénin-Suisse : l’autre affaire PPEA II

Le détournement de l’aide internationale destinée aux projets de développement serait-il devenu un sport national au Bénin ? la question se pose et risque de se poser encore dans les jours à venir. Après la scabreuse affaire PPEA II relative aux malversations mises en évidence par le partenaire néerlandais dans la gestion de l’aide destinée à des projets d’adduction d’eau potable, une affaire qui a achevé de ternir la réputation du Bénin au plan international au regard de la façon dont le régime déclinant de Boni Yayi l’avait gérée à l’époque, ce sont les partenaires helvétiques du Bénin qui menacent désormais de fermer le robinet si toute la lumière n’est pas faite sur les manquants relevés dans la gestion des fonds destinés à des projets d’alphabétisation financés par la coopération suisse sur la période 2010-2011.

71.511.445 francs CFA. Comparés aux milliards évaporés avec l’eau du PPEA II, la somme peut paraitre modique. Mais le nouveau gouvernement béninois qui tient là une première occasion de faire bonne figure dans la lutte contre la corruption, s’est saisi de l’affaire à l’occurrence du Conseil des Ministres du 1er juin dernier. Le problème examiné, il a annoncé les mesures prises : relèvement des deux agents comptables concernés de leurs fonctions, saisine de la Brigade économique et financière avec mise en demeure des mis en cause, transmission des pièces et informations nécessaires à l’Agent judiciaire du trésor, sanctions disciplinaires et pénales envisagées, remboursement des fonds pour éviter le gel de nouveaux financements de la part de la Coopération suisse...

Si cette affaire peut rappeler celle bien plus scandaleuse du PPEA II, on peut se demander pourquoi le nom du Ministre de tutelle au moment des faits n’a pas été cité. Ce qui est certain, elle donne une inquiétante indication de la généralisation probable des pratiques de malversations à divers degrés et à divers niveaux dans la gestion des fonds dans l’administration publique. Et elle renforce l’idée de la nécessité d’une série d’audits tous azimuts de la gestion des projets et programmes ces cinq ou dix dernières années, qu’ils aient été financés sur le budget national ou avec l’apport des partenaires techniques et financiers étrangers.

Un autre problème que révèle cette affaire, c’est peut-être l’enracinement sociologique de la corruption au Bénin et plus généralement en Afrique. Déjà, il faut observer avec quelle euphorie les cadres béninois accueillent l’idée de leur promotion à des postes dits « juteux » comme ceux de Ministres, Directeurs de cabinets, Directeurs de sociétés d’Etat, Directeurs des Ressources Financières et du Matériel, Gestionnaires de projets… il faut également preter attention aux critiques que la société dans son ensemble porte à l’encontre de ceux qui une fois nommés, n’auront pas pu en quelques mois ou années, acheter leur parcelle, construire leur maison, fait recruter leurs cousins, neveux, parents… Ceux-là deviennent la risée de la communauté et sont considérés au mieux comme des avares, au pire comme des incapables.

La question est de savoir aujourd’hui si le « Nouveau départ » de Patrice Talon a les moyens de changer la donne. Car il ne suffira pas d’incantations et de promesses pour y arriver. Des audits ont été commandités qui doivent livrer leur verdict et aboutir à des poursuites, au besoin contre des partisans rentrés les rangs pour s’éviter la bourrasque de la « rupture ». La lutte contre la corruption ne doit pas être qu’un leitmotiv verbal et ce début prometteur dans le cas helvétique ne doit pas constituer une fin en soi.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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