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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 10:22
Un marché de dupe pour sauver un match de foot

Tous des roublards ! Fédération internationale de Football Association (FIFA), Confédération africaine de Football (CAF), Fédération béninoise de Football (FBF), Comité de Normalisation (Conor), protagonistes de la crise du foot au Bénin, etc. Voilà, semble-t-il, une belle bande de félons professionnels. La longue série de scandales qui frappe les institutions faitières et certains de leurs membres est bien là pour le prouver. Et les Béninois, friands d’exemplarité négative quand ils veulent, ne manquent pas, depuis de trop longues années, de jouer leur partition. Sans que l’on puisse dire à quel moment tout cela prendra fin. Et pendant ce temps, ce sont les Ecureuils, les pauvres, qui trinquent.

Je ne suis pas un spécialiste de sport, et surtout pas de ce feuilleton vicieux à rebondissements qui se joue au Bénin. Mais quand les acteurs du mélodrame vous offrent sans discontinuer des épisodes qui tirent du plus scabreux au plus cocasse, il n’est pas de raison que l’on s’interdise de s’y intéresser. Derniers épisodes en date, la mise en perspective du retour imminent aux affaires de Moucharaf Anjorin, perçu par certains comme l’homme par qui advint la descente aux enfers du football béninois et seul candidat enregistré, je ne sais trop comment, dans l’optique de l’élection du nouveau comité exécutif de la FBF en mai dernier ; branle-bas de combat, le Conor censé normaliser le domaine au Bénin en devint le "dénormalisateur", permettez le néologisme ; Justice saisie, Assemblée générale interdite, le Bénin est mis en garde puis suspendu par la FIFA. 31 mai-1er juin 2016, à moins d’une semaine du match de football qui devait opposer l’équipe nationale aux équato-guinéens dans le cadre de la 5e journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations 2017, les acteurs de la crise trouvent un modus vivendi et la justice lève donc son interdiction. La FIFA pourrait donc autoriser le déroulement du match.

Coup de génie du jeune ministre Oswald Homéky qui a rencontré les protagonistes pour leur arracher ce consensus ? Ou prise de conscience collective de ce que le pays a déjà trop souvent payé le prix fort de l’amateurisme et des guerres de tranchées autour du sport-roi au Bénin ? Quoi qu’il puisse en être, je vois déjà d’ici les titres dithyrambiques des journaux béninois, si effectivement la FIFA confirme la levée de sa suspension. Chacun voudra tirer le drap de son côté. Oubliant que ce qui vient d’être réalisé procède d’une manœuvre qui parait instrumentaliser la justice et que la FIFA peut faire mine de ne pas éventer, seulement par mansuétude. En plus, le répit obtenu sera de courte durée.

A un moment ou à un autre, il faudra bien renouveler les instances dirigeantes du football béninois. Et en ce moment-là, ceux qui seront battus ou écartés, auront-ils seulement l’intelligence de laisser les autres faire leurs preuves et leur expérience ? Sans trop bien connaitre le milieu, je devine que non. De l’extérieur, trop de batons peuvent être mis dans les roues de ceux qui sont aux affaires. Anjorin, Attolou, Ahouanvoebla et le fameux Conor m’en diront tant.

On a peut-être sauvé le match de dimanche prochain, que les Ecureuils n’auront donc pas intérêt à perdre s’il est confirmé, et ça c’est une autre paire de manches, mais on est encore loin, très loin d’avoir sauvé le football béninois.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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1 juin 2016 3 01 /06 /juin /2016 09:26
L’UN ou l’utopie de la restructuration d’une coquille vidée

Ils ont encore quelque chose à restructurer, ceux-là ? C’est la question sans doute cruelle, à laquelle mon esprit s’est rendu quand ces derniers jours, j’ai entendu parler de la journée de réflexion sur le devenir de « l’Union fait la Nation ». Et la fameuse journée passée, je continue de me demander, plus que jamais, par quel miracle elle passera, cette refondation. Tant les maux qui minent ce qui aurait pu demeurer la deuxième force politique du Bénin, paraissent nombreux, complexes et insolubles.

La naissance de l’Union fait la Nation en prélude à la présidentielle de 2011 au cours de laquelle nous aurions dû avoir l’intelligence de dégommer Boni Yayi, avait suscité un immense espoir vite rangé aux oubliettes. Défaite consommée, éclatement acté, il aura fallu attendre 2015 et le renfort d’alliés extérieurs pour voir l’Union rebondir, incarnant face à un Boni Yayi toujours solidement accroché à son rêve d’éternité, une véritable force de résistance. Mais 2015 n’aura pas été qu’un exceptionnel millésime pour la famille unioniste. Ce fut aussi le recommencement de la descente aux enfers. Aux problèmes de cohésion internes, à la cupidité dont certains caciques ont été accusés, s’est ajoutée cette incapacité extraordinaire à désigner un candidat au premier tour de la présidentielle de 2016. Une impuissance qui a en fait achevé de disloquer l’Union, et que ses membres à l’époque, ont voulu à tort ou à raison, imputer à l’irruption inattendue en politique des hommes d’affaires passés du statut de sponsors, à celui de concurrents.

Si le nouveau contexte politique et les réformes en perspective avec l’accession au pouvoir de Patrice Talon sont en principe favorables à l’alliance, il faut tout de même admettre que le ver est dans le fruit. Et tant qu’il n’aura pas été extrait, la fusion des partis membres en un autre parti plus grand et plus fort, ne sera jamais qu’une utopie dans les faits. Antoine Kolawolé Idji, Lazare Maurice Sèhouéto, Sacca Fikara, Bruno Ange-Marie Amoussou et les autres auront beau faire de jolis discours, appeler à l’union sacrée, au pardon, à la réconciliation et à la refondation, il n’en sera pas question tant que les problèmes qui ont motivé le départ des alliés de 2015 n’auront pas été évoqués et traités, tout comme ceux de même nature qui ont poussé des barons parmi les plus insoupçonnés, à soutenir en 2016 le candidat présenté par l’ennemi de l’époque, Thomas Boni Yayi.

Les diverses allocutions entendues au cours de la journée de réflexion sur le devenir de l’Union ont fait litière des problèmes internes. Il n’était même pas question d’évoquer les dissidences, les suspensions et exclusions, et on a pu se rendre compte que tous ceux qui étaient attendus n’étaient pas là. On a surtout entendu la confirmation, malgré ses choix récents à l’Assemblée nationale, de ce que l’Un était et resterait dans la mouvance présidentielle pour les cinq années du mandat de Patrice Talon. Je me suis d’ailleurs toujours demandé comment des acteurs politiques peuvent affirmer, sans avoir aucune idée du mode et de la qualité de la gouvernance d’un Chef de l’Etat dans le futur, qu’ils seraient à ses côtés jusqu’à la fin de son mandat. C’est peut-être rassurant pour le Président de la République mais ce n’est pas cela qui fera grandir et se consolider l’Union fait la Nation.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 11:40
"Nouveau départ" : l’Assemblée nationale entre soumission et sédition

Deux mois d’observation, quelques actes d’allégeance et déjà des signes de résistance. Le Parlement béninois est bien là, face au « Nouveau départ » et à son cortège de réformes et de changements. Il ne sera pas dit que Me Adrien Houngbédji et les siens auront servi de caisse de résonnance à un quelconque des régimes face auxquels l’actuel Président de l’Assemblée nationale a dirigé la deuxième plus haute institution de l’Etat. Si Patrice Guillaume Athanase Talon avait espéré le contraire, il peut toujours en référer à Nicéphore Dieudonné Soglo toujours bien vivant et aux collaborateurs du Général Mathieu Chabi Chaad Kérékou, de regrettée mémoire.

Il n’est pas de réforme si intelligente et si indiscutable que face à elle, il n’y ait point de voix discordante. Il n’est pas de régime si populaire et si apprécié que face à lui, il n’y ait pas de gens dubitatifs. Avec ses 65% de suffrages obtenus au second tour de la présidentielle de mars 2016, avec la quasi-totalité de la classe politique qui s’est ralliée à sa cause dans l’ultime bataille contre Thomas Boni Yayi et son dauphin, avec le nombre de députés qui ont annoncé leur allégeance au régime qu’il a instauré, le nouveau Président de la République du Bénin pouvait espérer conduire ses réformes en toute tranquillité. Les députés n’ont d’ailleurs pas manqué de lui en donner l’illusion à travers les premiers votes, avis et postures qu’ils ont émis depuis l’avènement de la rupture. Dernier acte en date, l’élection de l’Honorable Dakpè Sossou, partisan de première heure et de premier plan du Président Talon, en qualité de Deuxième Secrétaire Parlementaire de l’Assemblée nationale. A ce moment-là, j’étais de ceux qui s’étaient exclamé : « l’allégeance ! »

Mais il n’aura pas fallu bien longtemps pour que les 83 trouvent le moyen de démontrer au Chef de l’Etat leur degré d’insoumission. Fort heureusement. On est en démocratie. Je ne suis même pas capable de déterminer d’où, ni comment est venue la première salve. On retiendra tout simplement que le contenu des réformes institutionnelles envisagées est bien loin de faire l’unanimité, de même que les décisions prises de restreindre le droit des députés aux privilèges d’usage du gyrophare et de choix de leurs gardes du corps dans le corps d’armée de leur convenance.

Et voilà Me Adrien Houngbédji, soutenu par une majorité de parlementaires qui rappelle au Président de la République l’autonomie de l’Assemblée nationale et l’inadéquation des restrictions décidées avec la séparation des pouvoirs entre législatif et exécutif. Certes, il ne s’agit pas encore d’un bras de fer, et le gouvernement ne devrait pas en faire un drame. Le moment serait trop mal choisi. Tout de même, le signal est là. Les députés ne se laisseront pas marcher sur les plates-bandes qui sont les leurs. Si Patrice Talon veut conduire ses réformes en toute quiétude et avec le soutien indispensable des parlementaires, il devra les ménager. En face, c’est tout de même le concentré de politicards le plus dense de la république. Et s’il s’y frotte sans précaution, le Chef de l’Etat risque de s’y piquer douloureusement.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 11:36
Du « désert » à la « mer » de compétences : la rançon de l'hyperbole

Patrice Guillaume Athanase Talon a changé d’avis. De Paris à Cotonou, d’un mois à l’autre, le Chef de l’Etat est en train de redécouvrir ses compatriotes. Du « désert de compétences » dont il a qualifié son peuple et son pays devant le Président français François Hollande, c’est désormais en une « mer de compétences » que ceux-ci se sont mués depuis le week-end dernier au détour de la représentation théâtrale de la pièce Kondo, le requin à laquelle le Président de la République et une belle brochette de personnalités ont assisté. Déjà intervenu sur le sujet pour expliquer le fond de sa pensée à son retour de Paris, Patrice Talon n’a donc de cesse de vouloir faire oublier ce que l’on peut réellement désormais appeler « la gaffe ».

S’il n’avait été dans sa période de grâce au moment de cette allocution impromptue à Paris, Patrice Guillaume Athanase Talon aurait éprouvé à quel point ses compatriotes peuvent être sévères quand ils estiment leur honneur bafoué. D’autres l’ont relevé avant moi, si ces propos avaient été tenus par Thomas Boni Yayi ou pire, par son dauphin Lionel Zinsou, du temps où ils étaient encore aux affaires, ils en auraient entendu des vertes et des pas mures en terme de protestation de la part des Béninois et leur défaite à la présidentielle de mars dernier n’en aurait été que plus retentissante. Le Chef de l’Etat a sans doute senti le souffle de la révolte, la volée de bois vert passer de près, et c’est probablement ce qui explique qu’il ait cru bon devoir revenir sur le sujet à la première occasion pour se dédire.

Mais Patrice Talon ne surjoue-t-il pas déjà dans le registre communication sur cette question ? A mon sens, oui. Depuis la gaffe de Paris, toutes les opinions ont déjà été confrontées, des explications données et nous croyions le sujet clos. En y revenant ce week-end, le Président de la République a sans doute l’intention de rassurer, mais il confirme aussi qu’à Paris, il avait vraiment commis une bourde. Ce qui remet en cause quelque peu les explications données à posteriori par ses communicants et par lui-même.

En tout état de cause, il est heureux que le Chef de l’Etat tienne à rassurer ses compatriotes sur la confiance qu’il a en leurs capacités à accompagner son régime, à travailler à ses côtés et contribuer au succès de son quinquennat après avoir laissé entendre que son pays était comme un désert de compétences. Tout de même, il y aura toujours à mon avis un problème de mesure si Patrice Talon choisit de demeurer dans le registre de l’hyperbole pour s’exprimer. Rien, absolument rien n’est absolu. Pas plus qu’il n’est un désert de compétences, le Bénin n’en est pas non plus un océan. Dans aucun domaine. Sauf peut-être dans un : celui de la rebuffade. Protester, s’indigner, le faire savoir, c’est au Bénin un trait caractéristique d’un peuple jamais satisfait. Tirer à boulets rouges de manière conjuguée sur celui dont les actes et les propos lui paraissent désobligeants, c’est un sport national. Tout nouveau Président de la République qu’il est, Patrice Talon vient d’en avoir la preuve et l’expérience. Et ce n’est ecertainement pas ainsi qu’il se fera « porter en triomphe » à la fin de son mandat dans cinq ans.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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26 mai 2016 4 26 /05 /mai /2016 17:37
Marie-Elise GBEDO : enfin l’opposante aux réformes de Talon ?

C’est Martin Rodriguez qui avait annoncé vouloir s’y frotter ; prêt à s’y piquer au besoin. L’opérateur économique aux dix années d’exil dont il attribue la responsabilité à Patrice Talon, avait il y a deux mois, annoncé son intention de créer le premier parti d’opposition au nouveau Président de la République du Bénin. Depuis, plus rien, ou si peu. Pas l’ombre d’un parti politique d’opposition pas plus que celle d’une prise de position en défaveur des réformes que le nouveau Chef de l’Etat a commencé à mettre en exécution. Mais la voix discordante, la première à ce que je sache, est enfin là. Elle provient de l’Association des Femmes juristes du Bénin dirigée par l’ancienne garde des Sceaux, Marie-Elise Gbèdo. Et elle s’oppose à la plus emblématique sans doute des réformes de l’ère Talon, le mandat unique. Et ce n’est pas peu de le dire et de l’assumer.

L’ancienne Ministre de la justice de Thomas Boni Yayi doute de la pertinence de l’instauration au Bénin d’un mandat unique proposée par Patrice Guillaume Athanase Talon comme solution à l’échec des premiers mandats, dû à la recherche frénétique du second par les gouvernants. L’argument de la présidente des Femmes Juristes du Bénin, c’est qu’il faut laisser le libre arbitre à chaque Président élu de décider de l’opportunité de se présenter ou non pour un second mandat. Pour elle, les dérapages du passé ne peuvent justifier l’institutionnalisation du mandat unique tel que l’envisage le projet de révision constitutionnelle en cours de discussion devant la Commission des Réformes dirigée par l’actuel Garde des Sceaux, le Ministre Joseph Djogbénou.

Sans vouloir débattre de l’argumentaire que je trouve quand même chétif à bien des égards, il y a lieu de constater que c’est sans doute l’une des premières fois qu’une personnalité publique de renom se prononce ouvertement contre l’un des aspects les plus importants du projet de réformes du Président Talon. C’est courageux. Mais cela fait-il vraiment de Me Marie-Elise Gbèdo l’opposante N°1 au Président Talon ? Assurément NON. Il ne faut ni aller trop vite en besogne, ni confondre les époques. Et pour cause :

Premièrement, Me MEG a contribué pour sa petite part à l’accession au pouvoir du Président Talon en appelant à voter pour lui au second tour de la présidentielle de mars 2016. Deuxièmement, la réforme à laquelle elle s’oppose n’est pas une question de gouvernance immédiate. Elle ne saurait justifier à mon sens, même en cas d’adoption contre l’avis des Femmes Juristes, un bras de fer, une opposition frontale avec le gouvernement. Enfin, il me semble que l’époque paranoïaque récente au cours de laquelle la moindre prise de position contre une option du gouvernement était interprétée comme une adhésion à l’opposition politique est révolue depuis le 6 avril 2016.

Marie-Elise Gbèdo et ses pairs de l’AFJB ont fait un choix : celui de ne pas être d’accord avec le Président de la République et de le faire savoir. Elles pourront encore essayer de convaincre si le cœur leur en dit et si des arguments plus pertinents leur viennent plus tard à l’esprit. J’espère bien qu’elles ne seront pas les seules dans cette posture, car c’est bien de la discussion, des contradictions sur des sujets aussi importants, que procèdera un meilleur projet de réforme constitutionnelle après 25 années d’une démocratie dont le dernier régime a rudement éprouvé et démontré les torts et les tares.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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24 mai 2016 2 24 /05 /mai /2016 12:07
Le phrasé de Talon : trop assuré ou trop prétentieux ?

Il veut réussir là où tous les autres ont échoué. Nicéphore Dieudonné Soglo, Mathieu Chabi Chaad Kérékou, Thomas Boni Yayi. Patrice Guillaume Athanase Talon veut leur damer le pion. Réussir ce qu’en 25 années de démocratie, aucun de ses prédécesseurs cités à l’instant n’a réussi à faire : se faire porter en triomphe par ses compatriotes à l’issue de son mandat qu’il continue de vouloir unique. Enorme challenge pour l’homme qui se revendique « compétiteur né » et qui a la charge depuis de 6 avril 2016 de conduire les destinées non pas de n’importe quel pays, mais du Bénin. Si ce n’est trop de prétention, c’est au moins un excès d’optimisme. Qui risque dans cinq ans de le laisser Grosjean comme devant.

« Il est certes petit, le Bénin, mais son poids est immense », disait du haut de sa trentaine d’années de gouvernance le Président Mathieu Kérékou. Et pour cause… il ne suffit que de revisiter un brin de la tumultueuse histoire politique du pays, ne serait-ce que de la période du renouveau démocratique, pour s’en convaincre. C’est le même peuple qui un jour plébiscite un dirigeant qui cinq ou dix ans plus tard, l’efface des tablettes de l’histoire comme un malpropre, le rejette lui et ou son système, après lui avoir rendu bien pénible la gouvernance tout au long du mandat. Nicéphore Soglo l’a rudement éprouvé et en a perdu le pouvoir au bout de cinq ans. Si Mathieu Kérékou II et Boni Yayi ont pu se faire réélire, c’est au prix de lourds sacrifices et de parfois de gros subterfuges. Et il faut voir à quel point et de quelle manière tout le système qu’ils incarnaient a été rejeté dans les urnes quand arriva la fin.

Hériter du pouvoir de la part d’un peuple aussi exigeant et aussi instable, avec les défis colossaux qui se dressent sur son parcours et espérer sortir en apothéose, c’est au mieux des incantations charlatanesques, au pire l’annonce d’une gouvernance qui ne tardera pas à prendre des allures populistes, ce qui n’en garantit pas forcément la popularité. Exemple, Boni Yayi.

Patrice Talon est dans l’excès. A en juger par les propos tenus à l’occasion de l’interview donnée à nos confrères. Excès d’assurance. Excès de prétention. Peut-être même commence-t-il déjà à être déconnecté de la réalité. Quand on a des défis de l’envergure de ceux qui l’attendent dans le Bénin d’aujourd’hui à relever, on ne peut pas espérer en sortir populaire. Les réformes, quelle que puisse en être l’utilité, ont coutume de facher. Et les réformes dont a besoin le Bénin d’aujourd’hui, ne font pas et ne feront pas exception à cette règle. Dejà, les journalistes ne sont pas contents du coup de pied donné dans leur fourmilière. Et on sait à quel point ils peuvent être nuisibles s’ils le décident et rendre un chef d’Etat impopulaire. Quand il s’agira des autres réformes, dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, de la santé, de la contrebande de carburant, de l’importation de marchandises prohibées, etc., Talon ne fera pas que des heureux. Pas tout de suite.

Si le Président béninois espère être porté en triomphe par ses compatriotes, ce ne sera pas dans cinq ans. Non. Peut-être dans 25 ans. Quand la société aura intégré ses réformes et que le peuple les aura éprouvées comme lui ayant été utiles sur le long terme. C’est à cela qu’il devrait penser comme il dit lui-même « constamment ».

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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23 mai 2016 1 23 /05 /mai /2016 08:18
Marchés publics : la préférence nationale selon Talon

Voilà qui est rassurant, Patrice Guillaume Athanase Talon, à l’opposé de son iconoclaste prédécesseur, connait la « préférence nationale ». Au détour d’une interview qu’il a accordée au journal français le Monde, et dont nous reparlerons, rassurez-vous, il n’a pas hésité à le laisser entendre en évoquant notamment la question du corridor ferroviaire Bénin-Niger qui oppose son compatriote Samuel Dossou-Aworet à l’opérateur économique français Vincent Bolloré. L’exemple n’était que trop bien trouvé, un prédateur étranger revendiqué, requin connu et redouté du monde des affaires, était aux prises avec un de ses compatriotes, et Boni Yayi alors Président de la République du Bénin, avait pris fait et cause pour le projet étranger qui en plus d’être illégal, et illégitime, était porteur de risques pour l’économie nationale. Il faut croire que Patrice Talon quant à lui, voit les choses autrement.

La préférence nationale est une notion politico-économique qui se traduit par la volonté politique de réserver certains avantages généralement financiers aux détenteurs de la nationalité de l’Etat qui la pratique. Récupéré depuis le milieu des années 1980 en France par le Front national qui en a fait une des bases de sa ligne politique xénophobe, le concept en vient à inquiéter. Et pourtant, en vogue dans la plupart des Etats du monde, c’est lui qui sous-tend l’exclusion des étrangers des concours d’entrée à la fonction publique et dans l’armée, la priorité donnée aux entreprises nationales dans l’acquisition de certaines marchandises ou technologies, la promotion de la culture nationale, etc.

Il n’y a guère que Boni Yayi qui n’avait pas eu l’intelligence de prendre la mesure de l’importance de lui donner la valeur qu’il sied. En choisissant de prendre son contre-pied, Patrice Talon l’a dit en filigrane, il ne sera néanmoins pas question de discriminer les étrangers. Il ne s’agira par exemple pas de bouter dehors sans ménagement Vincent Bolloré et sa société (c’est pourtant bien ce que ce dernier aurait mérité), mais bien de recourir à l’expertise étrangère quand celle de l’intérieure n’est pas suffisante ; d’attribuer les marchés publics aux étrangers uniquement s’ils sont les mieux-disant dans tous les domaines, de préférer en cas d’offres équivalentes, l’opérateur économique national…

La préférence nationale selon Patrice Talon, c’est la préférence nationale normale. Celle qui devrait réconcilier les hommes d’affaires nationaux avec l’Etat. Celle qui devrait réduire les dessous de tables venus de l’extérieur. Celle qui devrait faire baisser la corruption à l’occasion des dossiers d’appels d’offres internationaux (facile à dire).

Dans le cas spécifique du corridor ferroviaire Bénin-Niger, partie intégrante de la Boucle ferroviaire ouest-africaine, le Président béninois souhaite une coopération entre les protagonistes, Samuel Dossou-Aworet et Vincent Bolloré. Ce qui démontre bien que sa vision de la préférence nationale n’est pas de celles qui excluent les expatriés, quand bien même, ces derniers comme a tenté de le faire l’homme d’affaires français, se conduisent en putschistes des affaires, avec la bénédiction de dirigeants au mieux pusillanimes, au pire corrompus.

Par ses déclarations, Patrice Talon donne en tout cas espoir aux opérateurs économiques nationaux. L’espoir que son accession à la tête de l’Etat fera changer bien des choses. Pas seulement en faveur de ceux qui sont ses amis.

C’est pour l’instant ma perception, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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26 avril 2016 2 26 /04 /avril /2016 08:22
Il faut priver Boni Yayi de micro

Je me serais bien passé de parler encore de Thomas Boni Yayi. Si seulement Patrice Talon et son « nouveau départ » offraient des sujets intéressants et croustillants à se mettre sous la dent comme savait le faire l’ancien Président de la République du Bénin. Il ne se passait pas une semaine, que dis-je, une journée sans que le Chef de l’Etat et certains de ses partisans posent un acte ou tiennent des propos qui appellent les gros titres des journaux du lendemain ou les commentaires tous azimuts des analystes. De ce point de vue-là au moins, le régime défunt manque déjà aux journalistes friands de scoops que nous sommes. Hormis la récente nomination annoncée mais non confirmée de Séraphin Agbangbata au poste d’intendant à la Présidence de la République, alors même qu’il n’y a pas eu de conseil des ministres récent et le séjour anormalement long du tout récent Président de la République en France, rien à commenter pour un éditorialiste. C’est donc encore le prédécesseur de Patrice Talon qui donne à la presse béninoise, l’occasion de gloser. Mais une fois de plus, pas à son honneur.

Ma conviction est faite sur Boni Yayi, il n’a et n’a jamais eu qu’un seul problème : la méthode. La méthode dans la parole. L’absence de maitrise des flots qui peuvent sortir de sa bouche. Dernier acte en date, Malabo. Quelques jours seulement après la réconciliation tambours battants qu’il est allé solliciter et obtenir à Abidjan, le voilà en qualité de Chef de la mission d’observation électorale de l’Union Africaine en Guinée équatoriale. Invité sur une chaine de télévision et interrogé sur le sujet, il décide de faire croire qu’entre son successeur et lui, je cite « il n’y a jamais eu de problème politique ». Au-delà du caractère mensonger de l’affirmation, c’est l’explication qu’il a cru devoir en donner qui vient de planter un couteau dans la fameuse et fumeuse réconciliation. Boni Yayi affirme en effet qu’il ne pouvait se permettre de laisser un seul compatriote (Patrice Talon) s’enrichir au détriment de tous les autres. Point de départ selon lui de la crise avec celui qui était encore un de ses plus grands soutiens politiques et financiers et un ami personnel. Même s’il ajoute qu’il lui souhaite du succès à la tête du Bénin, la déclaration incontrôlée de l’ancien Président de la République, ne risque pas de plaire à son successeur.

Est-il encore nécessaire que Boni Yayi se verse en accusations de prédation financière sur la personne de Patrice Talon après les derniers événements en date ? Il faut croire que décidément, comme on pouvait s’y attendre, Abidjan pour lui n’était qu’une vaste comédie. Et que de nouveau planté devant un micro comme il aime à l’être, il ne peut se priver de débiter le fond de sa pensée, de verser en discours inopportuns dont il a abreuvé le Bénin et les Béninois ces dernières années.

Après son échec à faire assurer sa succession par son dauphin Lionel Zinsou, on attendait de Boni Yayi l’élégance du silence et du retrait du guerrier vaincu. Peine perdue. Après Abidjan, on espérait que Boni Yayi se garderait de mettre à mal cette réconciliation qui n’arrange en vérité que lui. Là aussi, peine perdue. A telle enseigne que j’en arriverais à croire que l’ancien Président n’arrive pas à contenir ses flots verbaux et ne peut se rendre compte de leurs effets pervers que plus tard.

Une seule solution, il faut priver Yayi de micro. C’est pour son bien.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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25 avril 2016 1 25 /04 /avril /2016 17:11
Paris avant Abuja : la première erreur de Patrice Talon

La machine diplomatique du « nouveau départ » semble être en panne. Panne d’inspiration, panne de communication et surtout panne de vision. La meilleure illustration en est l’absence de perspicacité qui entoure les séjours de plus en plus nombreux et de plus en plus longs du Chef de l’Etat béninois hors des frontières nationales. Lomé, Paris, Abidjan… Des sorties inopinées, toujours ou presque sous le sceau des visites privées, et dont aucune n’a encore été consacrée au très géant voisin de l’Est du Bénin, le Nigeria, première puissance économique d’Afrique. Et ça commence à être long.

Le nouveau Président béninois aurait-il besoin de rassurer Paris après les propos tenus par lui et certains de ses compatriotes sur le candidat Lionel Zinsou qu’il a affronté au second tour de l’élection présidentielle de mars 2016 ? Le « syndrome du colon dans un pays de sauvages », « le candidat de la France », « l’homme qui ne connait pas le Bénin »… Si Patrice Talon n’est pas l’auteur direct de la plupart de ces propos, il n’a pas manqué de bénéficier du rejet que ceux-ci auront suscité contre le candidat qui, qu’on le veuille ou non, aurait été le plus rassurant pour la France s’il avait pu se faire élire président du Bénin. Patrice Talon, l’ancien exilé à Paris, brièvement mis en examen par la justice française dans une affaire dont les Français maitrisaient assez mal les contours, a peut-être à ce sujet-là aussi besoin de rassurer. Les rumeurs sur les casseroles que traineraient le nouveau Chef de l’Etat du Bénin, et les récentes élucubrations de Boni Yayi sur celui à qui il n’aurait jamais voulu confier les destinées du Bénin afin de « sauver » ce dernier ont dû parvenir aux grandes oreilles de l’Elysée. Et puis, la « mère-patrie » France, même affaiblie par ses crises et ses déchirements internes reste puissante dans l’univers francophone et même dans la distribution internationale des cartes de la realpolitik et il faut savoir lui faire allégeance, sans trop y paraitre.

Mais, vouloir rassurer la France et conserver de bonnes relations avec elle au point d’en négliger le Nigeria est une erreur sérieuse. Je préfère ne pas gloser sur l’importance économique et stratégique du géant voisin de l’Est pour le Bénin. Ses deux cents millions de consommateurs potentiels, ses près de huit cents kilomètres de frontières communes globalement poreuses et mal délimitées, ses hydrocarbures vendues en contrebande au Bénin, ses puissants opérateurs économiques et leurs immenses capacités d’investissement, ses potentialités et ses difficultés énergétiques par ces temps de délestage accru, ses groupes terroristes qui menacent l’ensemble de la sous-région, sa culture et sa musique qui ont conquis l’Afrique et le monde, et ses 80% d’échanges commerciaux avec le Bénin…

Patrice Talon n’ignore pas que l’on ne peut avoir pour voisin le Nigeria sans encourir risques et bénéfices. Et pour tirer le meilleur parti de ce voisin jaloux lui aussi de l’hégémonie qu’il a et entend conserver en Afrique de l’ouest, il faut le traiter à la hauteur du rang qui est le sien. J’ignore de quel œil Muhammadu Buhari regarde les visites de Patrice Talon dans la sous-région et surtout en France après le seul rendez-vous manqué chez lui. Peut-être n’en est-il pas encore agacé, mais sans doute n’y est-il pas très favorable.

Il faut savoir ménager la chèvre et le chou. La France et le Nigeria. Etre Président de la République (du Bénin), c’est danser sur une corde raide.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 16:17
Remerciements interdits, la parade de Sacca Lafia

Vous avez dit « rupture » ? Il y en a qui vous répondront « dans la continuité ! ». Bien qu’ayant largué les amarres avec Thomas Boni Yayi et s’étant convertis à l’idéologie du « nouveau départ » depuis bien longtemps, il y a de ces personnalités qui, sans doute pour avoir trop consommé de la sauce de l’émergence et de la refondation, ne parviennent pas à perdre les habitudes acquises. Sacca Lafia, nouveau ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique est peut-être de ceux-là. Face à l’interdiction des meetings de remerciements, ces grand-messes propagandistes à la gloire et à l’honneur du Chef de l’Etat dont Patrice Talon n’a pas voulu, l’ex-député de la huitième circonscription électorale a trouvé, semble-t-il une idée bien ingénieuse : si les remerciements ne vont pas au peuple, le peuple ira aux remerciements.

Cela fait maintenant près d’une semaine que défilent dans la salle d’audience du Ministère de l’intérieur, diverses délégations venues de toutes les couches sociocommunautaires du Bénin. Entre les émissaires des organisations de la société civile, les diplomates venus prendre langue avec le nouveau locataire des lieux, on a vu d’autres groupes le féliciter d’avoir bénéficié de la confiance du Chef de l’Etat lui-même remercié au passage, prier pour lui et lui présenter leurs doléances et attentes vis-à-vis du nouveau régime. Un jeu auquel se prête de bon cœur Sacca Lafia, sans que l’on ne puisse déterminer si c’est lui ou ses visiteurs qui en ont eu l’initiative.

Les hommes politiques, les vrais, aiment le contact avec la population. Ils apprécient de se savoir entourés, écoutés, estimés. Si la systématisation des meetings de remerciements organisés par les Ministres, les Directeurs généraux, les Directeurs de cabinets, les Conseillers spéciaux, les conseillers techniques, les chargés de mission et même certains Chargés de communication a saturé sous le régime défunt, il faut admettre que ces rencontres furent pour un temps, de grands moments de consolidation de la popularité de Thomas Boni Yayi, alors présenté comme « père de la nation », « homme de vision », « homme de développement », « grand acteur de l’équilibre régional », etc.

En interdisant à ses Ministres de se verser en remerciements tapageurs à travers le pays, Patrice Talon a sans doute pris une mesure salutaire pour les caisses de l’Etat, puisqu’il semble bien que les ressources destinées à ces rassemblements en provenaient ou en étaient retirées par différentes voies compensatoires. Mais le Président de la République n’a peut-être pas assez mesuré l’impact de cette forme « d’ingratitude forcée » sur l’électorat de certains députés passés au gouvernement.

Sacca Lafia fait partie de ceux-là. Ils ont une présence continue au parlement depuis tant d’années parce qu’ils ont toujours su entretenir leurs mandants, leur parler, les remercier. Si on ne peut plus les autoriser à le faire aux frais de la princesse, on ne doit pas leur interdire de le faire aux leurs propres. Le Ministre de l’intérieur n’est que la face émergée d’un iceberg. Dans la culture béninoise, la gratitude est une tradition qu’aucune décision, soit-elle présidentielle, ne peut supprimer. D’autres ministres reçoivent et adressent des remerciements à leurs compatriotes au quotidien, sans que cela ne soit médiatisé. C’est l’indécence, la généralisation et le voyeurisme de la pratique sous Boni Yayi qui a fini par retourner l’opinion publique contre.

Les interdictions de Patrice Talon en la matière peuvent être contournées. Sans que cela ne porte atteinte à la « rupture ». C’est la conviction de Sacca Lafia.

C’est aussi mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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